vendredi, 26 juillet 2024
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OPINION/Jehu Ndoumi, PDG de NetOil : « Marchés de l’énergie & Digitalisation : Quelles initiatives pour l’inclusion énergétique en Afrique ? »

La transformation digitale modifiera, et peut-être tout particulièrement, le secteur de l’énergie de manière radicale et durable sur le long terme. Cette transformation concerne des domaines spécifiques, mais influence souvent plusieurs domaines transversaux. Une vision globale est donc recommandée pour identifier et thématiser les problématiques. Les projecteurs sont ainsi braqués sur les diverses facettes de la digitalisation.

(OPINION/Jehu Ndoumi, PDG de NetOil) – La vocation, comme vous le savez, à édifier les parties prenantes sur la digitalisation dans le secteur de l’énergie en Afrique justifie notre présente contribution qui décrira les effets possibles de la numérisation sur le monde énergétique Africain : analyser les bouleversements induits par la digitalisation du secteur de l’énergie sur le segment mass market ; anticiper la mutation de la chaîne de valeur du marché de l’énergie.

La transformation digitale modifiera également, et peut-être tout particulièrement, le secteur de l’énergie de manière radicale et durable sur le long terme. Cette transformation concerne des domaines spécifiques, mais influence souvent plusieurs domaines transversaux. Une vision globale est donc recommandée pour identifier et thématiser les problématiques. Les projecteurs sont ainsi braqués sur les diverses facettes de la digitalisation.

L‘Internet des objets (Internet of Things : IoT), interconnexion mécanique basée sur l’automatisation d’appareils, est un amplificateur essentiel de la transformation digitale. En association avec des technologies telles que le stockage en nuage et les plateformes digitales, l’intelligence artificielle pour l’évaluation des mégadonnées (Big Data) recueillies et autres technologies, l’IoT transformera également le secteur traditionnel de l’énergie en Afrique : les mots-clés sont en l’occurrence la décentralisation (de la production, du stockage et de l’action) et l’ubérisation (l’émergence de nouveaux acteurs économiques non traditionnels ou utilisant des plateformes dans le secteur de l’énergie).

La forte diffusion de l’IoT génère une grande quantité de données (Big Data) et d’informations disponibles qui ne cessent de croître. Le secteur de l’énergie profitera de ce « trésor de données », mais cela nécessitera une connaissance spécifique des outils, des approches et, le cas échéant, de nouvelles règles. Le recours à des systèmes de mesure intelligents (IoT) et à un nouveau genre de capteurs répartis sera l’intérêt principal du secteur de l’énergie en Afrique. Les possibilités dans le domaine du Big Data ne sont pas encore pleinement exploitées. Un potentiel d’optimisation est identifié dans l’accessibilité, la disponibilité et la qualité des données. Il faudra notamment disposer de suffisamment de spécialistes pour profiter des opportunités du Big Data.

L’utilisation des données et du contenu digital sur le marché de l’énergie

Une possibilité de déceler des modèles parmi la multitude de données, afin de générer ainsi une valeur ajoutée issue des données et des informations est l’intelligence artificielle ou les technologies en matière d’apprentissage automatique (Machine Learning). Les géants de la TI mettent tout en œuvre pour développer les possibilités technologiques. L’apprentissage automatique promet des automatisations et des gains d’efficacité dans nombre de domaines. Par exemple,  dans la domotique (Smart-Homes), la détection automatisée des potentiels d’économie de la consommation ou l’automate de charge des voitures électriques. L’apprentissage automatique est aussi une technologie clé pour le traitement rapide des données du marché de l’électricité, en particulier compte tenu de la diffusion croissante des systèmes de mesure intelligents.

L’utilisation des données et du contenu digital sur le marché de l’énergie permet de nouvelles prestations. Un exemple concret est en l’occurrence le stockage virtuel. Il s’agit d’un produit devenant surtout intéressant en lien avec l’augmentation des consommateurs producteurs d’électricité (appelés les pro- sommateurs). Les obstacles doivent être éliminés en vue de l’ouverture complète du marché.

Une sandbox réglementaire (Regulatory Sandbox), espace libre restreint à l’intérieur du cadre réglementaire actuel, permet d’offrir de nouvelles possibilités, de créer la marge de manœuvre nécessaire aux innovations, même dans un environnement fortement réglementé, et de fournir des renseignements pour perfectionner les conditions-cadres réglementaires.

Un autre potentiel d’automatisation, en plus de la disponibilité des données digitales, est basé sur une infrastructure adéquate permettant une identité électronique (E-ID). Lors de l’introduction de l’E-ID (dans le cas d’une ouverture complète du marché de l’électricité), les consommateurs pourraient bénéficier d’un changement de fournisseur ou de prestataire automatisé et plus rapide. Les modèles économiques créés sur l’E-ID offrent une multitude d’opportunités et de potentiels d’innovation commerciale. Toutefois, il existe apparemment ici aussi des questions impératives concernant les incitations à l’efficacité, les consignes de procédure, l’accès aux données, la sécurité et la protection des données, questions à traiter en priorité.

Traitement des données

Des questions similaires en lien avec le traitement des données se posent également pour ce qu’on appelle « Platform Economy ». Aujourd’hui déjà, nous observons une augmentation des plateformes digitales pour les prestations les plus diverses, également sur le marché de l’énergie, compte tenu du changement de paradigme vers « everything as a service », en bref : « XaaS ». Cet article examine les deux aspects des plateformes digitales : la plateforme en tant que solution technique et la plateforme en tant que modèle économique. Le rôle des plateformes en tant que référentiel des contrôles pour un échange intelligent de données, en tant que marché et instrument pour les processus internes, est surtout important pour le secteur de l’énergie, car les potentiels d’efficacité peuvent ainsi être exploités. La situation dans le contexte réglementaire est encore très confuse. Il s’agit aussi d’observer les développements dans d’autres secteurs économiques et, le cas échéant, de les adapter pour le domaine de l’énergie et de poursuivre l’approche des données ouvertes.

Le Data Hub est une plateforme qui jouera un rôle important sur le marché de l’électricité et de l’énergie : une plateforme centralisée pour l’échange de données entre différents acteurs sur un marché de l’électricité totalement ouvert. Les concentrateurs de données remplacent les silos de données dérangeants dans un marché libéralisé concurrentiel, améliorent la qualité des données, accélèrent les processus, augmentent l’automatisation et réduisent les obstacles du marché. Un concentrateur de données pour le marché de l’électricité comprend des données pour le changement de fournisseur et pour la consommation, mais peut aussi être étendu aux données de production. A l’échelle internationale, les concentrateurs de données font déjà partie des standards. Pour le secteur africain de l’énergie, l’introduction réglementée d’une telle plateforme est une grande opportunité. Les besoins possibles de régulation peuvent être identifiés et approfondis.

Le rôle des interfaces API

La décentralisation croissante et l’injection fluctuante difficilement planifiable sont des défis dont les gestionnaires du réseau de transport et du réseau de distribution ainsi que d’autres acteurs du marché doivent se préoccuper. L’utilisation de la flexibilité qui contribuera à la solution augmente toutefois la complexité du système, des processus du marché et de l’exploitation du réseau. Cela requiert un degré élevé d‘automatisation/de digitalisation, par exemple dans le pilotage du réseau et dans l’harmonisation entre les gestionnaires de réseau pour une utilisation sûre et efficace de la flexibilité. Un dialogue approfondi entre tous les acteurs, l’exploitation des synergies et la mise en place d’une plateforme de coordination digitale joueront un rôle décisif.

Les interfaces de programmation ou interfaces API (Application Programming Interfaces) sont une technologie fondamentale pour l’échange de données ou l’accès aux données et aux informations entre les machines ou applications informatiques. Les API sont quasiment omniprésentes dans la vie quotidienne. Dans le secteur de l’énergie, elles sont par exemple utilisées pour les applications permettant de consulter les données d’un nuage via Internet. Une autre application est l’intégration de contenus d’un serveur à différents sites Web. L’utilisation d’API implique la nécessité de réfléchir à la protection des données et aux standardisations. Les API peuvent apporter une contribution importante à la mise en œuvre de l’initiative « Données ouvertes ». Au vu de ce qui précède, les conditions-cadres réglementaires sont problématiques.

Deux concepts distincts mettent en évidence le vaste potentiel d’accroissement de l’efficacité que recèle la digitalisation pour le bâtiment et la mobilité. Le Building Information Modeling (BIM) symbolise la digitalisation dans le secteur du bâtiment. Dans le domaine de la mobilité, le mot-clé est « multimodalité ». Ici, la digitalisation contribue à diminuer la consommation d’énergie et à réduire durablement les émissions de CO2.

Garantie de la cybersécurité

Une technologie digitale à peine plus récente est la « blockchain » (chaîne de blocs). Le développement de nouvelles solutions décentralisées basées sur la blockchain recèle effectivement un fort dynamisme. Au cours des dernières années, divers projets pilotes ont aussi été lancés dans le secteur de l’énergie. La question des domaines d’application lucrative, la mauvaise efficacité électrique et la lente évolution des applications sur le marché de l’énergie font de la blockchain un sujet controversé, mais d’actualité. Cela suscite également des interrogations sur les domaines où le cadre réglementaire ne serait plus adapté.

L’objectif de tous les efforts consentis au niveau national est la garantie de la cybersécurité, c’est-à-dire du fonctionnement prévu de toutes les infrastructures d’information et de communication. Le secteur de l’énergie est une cible possible de cyberattaques. Ce secteur a lancé différentes initiatives afin de renforcer la cybersécurité (par exemple en créant une équipe d’intervention en cas d’urgence informatique ou Computer Emergency Response Team, CERT, pour le secteur de l’énergie). Compte tenu de la complexité accrue, il est conseillé de renforcer la collaboration avec les organes supérieurs. Le cadre réglementaire dans ce secteur est-il suffisant et assez bien défini dans la perspective d’une infrastructure critique tributaire de la digitalisation accrue (IoT, plateformes digitales, etc.).

La dernière digression de cet article concerne le « boom des drones ». Définis en tant que véhicules aériens sans équipage, il s’agit d’un produit du développement constant des technologies digitales. Actuellement, les drones peuvent voler de manière autonome en utilisant une vaste palette de capteurs. Dans le monde de l’énergie, l’utilisation des drones joue déjà un rôle important aujourd’hui (par exemple pour la planification des infrastructures, l’inventorisation, la révision d’installations et la production d’électricité).

Avec la digitalisation , le secteur de l’énergie demeure une belle promesse en Afrique.

Jéhu Ndoumi

Membre de l’association des consultants pétroliers de France

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