EcoFinances) – Monsieur le directeur général, qu’est-ce qui justifie l’organisation d’un forum sur le métier de courtier en assurance par Prudential Beneficial Insurance Cameroun ce vendredi 17 mars 2023 à Douala ?
Brain Nkwenti : Merci pour la question. Comme je l’ai tantôt dit en salle, l’assurance est un secteur d’activité très important pour le développement d’un pays. Conscient de cela, nous pensons qu’il est très important de sensibiliser les populations sur les enjeux de l’assurance. Pour l’événement de ce soir (vendredi 17 mars 2023, Ndlr), on a pensé qu’il faut renforcer les relations que nous avons avec les courtiers. Car, ce sont des acteurs majeurs sur le marché de l’assurance au Cameroun. La tenue du forum de ce jour avait pour objectif de leur permettre de mieux travailler comme courtiers, mais aussi de nous aider à passer ce message au public qui est très important dans notre secteur d’activité.
EFN : Selon vous, quels sont les défis auxquels sont confrontés les courtiers et qui devraient être relevés afin de permettre aux compagnies d’assurance que vous êtes de mieux performer ?
BN : Déjà, il faut savoir que les courtiers sont des intermédiaires. Ce sont eux qui assurent généralement le premier contact avec les clients. Nous attendons que la bonne information soit communiquée au client. Il faut que le client sache exactement s’il doit souscrire à une police d’assurance et le pourquoi. Donc, c’est de la responsabilité de celui qui est en face du client. Il revient donc au courtier de faire savoir au client le type de police d’assurance à laquelle il souhaite souscrire et lui faire comprendre les engagements qui sont derrière. Parce que voyez-vous, il arrive qu’au niveau des compagnies d’assurance l’on enregistre des cas de litiges avec certains clients parce qu’ils n’ont pas eu la bonne information au départ. Or, il s’agit-là d’un élément qui est très important. Donc, ceux qui sont les intermédiaires, en l’occurrence les courtiers, doivent s’assurer que la bonne information est donnée au client. Ça c’est très important.
EFN : Comment améliorer le taux de pénétration de l’assurance qui est actuellement de seulement 1% au Cameroun ?
BN : Notre taux de pénétration de l’assurance est actuellement très faible. C’est une évidence. Ce qu’il faut savoir c’est que les compagnies d’assurance, seules, ne peuvent pas changer les choses. Les courtiers, seuls, ne peuvent pas non plus. Ce qu’il faut, c’est un travail collectif qui implique tout le monde, et notamment tous les acteurs qui interviennent dans le secteur de l’assurance dans le pays. L’Etat doit absolument intervenir pour faciliter l’éducation financière de la population. Pourquoi ne pas commencer par les écoles, pour éduquer ceux qui sont plus jeunes sur l’importance de l’assurance dans la vie quotidienne. Comme je le disais pendant ma courte intervention, l’absence de l’assurance créé un environnement de pauvreté. J’étais à Singapour dernièrement et j’ai pu remarquer que le taux de pénétration là-bas est de plus de 300%. Ce qui signifie que chaque citoyen de ce pays a au moins trois polices d’assurance.
EFN : Même les petits commerçants ?
BN : Bien sûr, même les petits commerçants ! Tout le monde là-bas a une police d’assurance. Même notre guide nous a largement parlé de cela pendant mon séjour. J’étais d’ailleurs très étonné. Il vous parle de l’assurance et vous explique comment il y fait recours au quotidien. Ce qui saute à l’œil là-bas, c’est que vous voyez que ceux qui prennent leur retraite n’ont aucun souci à se faire, car l’assurance prend immédiatement le relais dès le départ à la retraite. Sur le plan sanitaire, ils sont bien pris en charge parce qu’ils ont vite compris l’importance de la couverture maladie. Et autre chose, l’on voit comment le pays se développe de manière exponentielle. Le Singapour, sur le plan géographique, c’est un petit pays, mais qui est très développé. Contrairement à nous, avec tout ce qu’on a comme ressources, on ne s’en sort pas encore. Mais quand vous allez là-bas, vous voyez que tout avance très vite. Et c’est parce que les instruments qui sont stratégiques dans le développement d’un pays sont mis en place. Eux, ils l’ont intégré et leur population aussi.
EFN : L’on voit par exemple les marchés prendre feu chaque année à Douala. Ce qui devrait en principe donner des idées aux compagnies d’assurance que vous êtes. Est-ce que le taux de pénétration de l’assurance n’est pas faible parce que vous refusez de prendre certains risques ?
BN : Non ! Je ne pense pas que c’est parce que vous refusons de prendre certains risques. Car, l’assurance va avec le risque. Quand on assure quelqu’un ou une structure, il y a un risque que l’on prend en charge. Et en contrepartie de ce risque il y a une prime que le client paie. La prime du client va avec le risque qui est couvert. Peut-être vous allez me dire que le client dira que la prime est élevée, mais il n’est pas question ici de dire qu’on ne prend pas de risques. Nous sommes ouverts et disponibles à prendre des risques. Nous avons derrière nous des réassureurs qui ne sont pas seulement ici au Cameroun. Ce sont des réassureurs qui sont présents partout dans le monde. Donc, je ne vois pas des risques que nous ne pouvons pas prendre. Mais comme je le dis souvent, le niveau de risques va avec le niveau de primes à percevoir.
Je prends le cas des marchés qui brûlent souvent. Si je vais au marché Mboppi pour un produit d’assurance et que je fais une visite de risques. Qu’est-ce que je vois ? Je vois des câbles déployés en désordre. J’observe qu’il n’y a pas d’extincteurs ou de bouches d’incendie, etc… Je vais donc conclure que le risque est très élevé. Ce qui signifie que la prime sera aussi élevée. Et vous comprenez sans doute pourquoi. Ce n’est pas que le risque sera entièrement couvert, mais il y aura une prime qui va avec le risque. Or, si nous avions eu à la base une éducation en matière d’assurance, nous-mêmes nous pouvons prendre soin de ce risque. N’oubliez pas que même votre assurance vie va être plus chère si vous ne prenez pas soin de votre santé. Celui qui prend soin de sa santé paiera certainement moins que celui qui néglige la sienne.
EFN : Pour revenir au forum sur le métier de courtier en assurance, quelles sont, en tant que compagnie d’assurance, les mesures mises en œuvre pour accompagner les courtiers dans leurs missions ?
BN : Il y a une réglementation en place qui sert de canevas pour le fonctionnement du métier de courtier en assurance. Donc, il y a le régulateur qui les encadre pour qu’ils puissent mieux exercer leurs activités. Maintenant, en tant que compagnie d’assurance, nous portons le risque. On leur reverse des commissions. Et on doit le faire à temps. Quand nous avons le moyen de leur apporter des appuis, comme le forum organisé ce jour, nous le faisons. Parce qu’indirectement, c’est comme si on se formait nous-mêmes. Parce que leur travail a un impact sur nous. Cela a un impact sur nos clients. Parce qu’au finish, le courtier qui nous apporte un client, ce client devient le nôtre. La façon ou le comment ils gèrent ce client est très important pour nous. Donc, nous avons l’obligation de les accompagner pour leur permettre de mieux gérer ces clients pour qu’ensemble on puisse, comme je l’ai dit tantôt, pousser vers le haut le taux de pénétration de l’assurance au Cameroun.
Propos recueillis par EcoFinances.Net
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