jeudi, 10 octobre 2024
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Filière cacao : Au Cameroun, la concurrence entre broyeurs et exportateurs fait exploser les prix des fèves au profit des planteurs

De 1700 FCFA au lancement de la campagne cacaoyère 2023-2024 le 07 septembre dernier, le prix du kilogramme de cacao a progressé pour atteindre 2150 FCFA le 18 décembre 2023. Ce qui est une bonne nouvelle pour les planteurs, généralement mal rémunérés comparativement aux acteurs présents dans la transformation des fèves.

(EcoFinances) – Alors que le kilogramme de cacao ne se négociait encore qu’autour de 1700 FCFA lors du lancement de la campagne cacaoyère 2023-2024 le 07 septembre dernier, le prix de cette matière première, tant sollicitée par l’industrie chocolatière nationale et mondiale, n’a pas cessé de progresser depuis lors, selon les données récentes rendues publiques à la fois par l’Office national du cacao et du café (ONCC), et le ministère du Commerce (Mincommerce).

L’or brun, comme il est communément appelé par les planteurs locaux, a vu son prix progressé au fil des mois pour atteindre 2015 FCFA le kg au début du mois de décembre 2023. De 1800 FCFA en octobre dernier, il est monté progressivement pour atteindre 1930 FCFA le 07 novembre. Une embellie qui ne s’est pas arrêtée en si bon chemin, puisque le prix du cacao a maintenu sa courbe ascendante pour parvenir à 2000 FCFA le lendemain, c’est-à-dire le 08 novembre.

Et le 13 novembre 2023, les acheteurs ont négocié et obtenu que leur soit vendu le kg de cacao au prix intéressant de 2100 FCFA, dans les bassins de production. Ce qui a amené le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a déclaré, lors d’une opération de vente groupée de fèves à Batschenga (bassin de production de la région du Centre) le 08 novembre dernier, qu’avec ces nouveaux prix l’on se rapproche de « la généralisation des prix sur le marché local du prix exceptionnel de 2015 FCFA le kg ».

Mais comme on va le voir, l’embellie sur le marché des fèves ne s’est pas arrêtée en si bon chemin. Elle s’est d’ailleurs poursuivie le long du mois de décembre, au point de permettre aux planteurs camerounais de vendre le kg de fèves au prix de 2150 FCFA, d’après les données compilées par le SIF (Système d’information des filières), qui est le dispositif d’alerte sur les prix piloté par l’ONCC. C’était le 18 décembre dernier.

Rude concurrence entre broyeurs et exportateurs de fèves

A l’origine de cette forte embellie sur le marché des fèves de cacao dans les différents bassins de production, la rude concurrence que se livre les broyeurs et exportateurs de fèves présents dans le pays.

Autrefois limité à seul broyeur (Sic Cacaos), le Cameroun compte aujourd’hui en tout quatre (04) entreprises spécialisées dans le broyage des fèves. Il s’agit, pour les citer, de Sic Cacaos (filiale du Suisse Barry Callebaut, elle est implantée à Douala), d’Atlantic Cocoa Corporation (située à Kribi, dans la région du Sud) et de Neo Industry (basée à Kékém, dans la région de l’Ouest), et le dernier arrivant, qui n’est autre que la société Africa Processing. Laquelle vient évidemment doper la concurrence autour de l’achat des fèves de cacao. Ces quatre (04) opérateurs ont, à elles seules, une capacité de transformation de plus de 150 000 tonnes de fèves par an. Enorme !

Mais les près de 240 à 250 000 tonnes de cacao que produit annuellement le pays ne sont pas que transformées localement. Une bonne partie est exportée via des entreprises affilées à de grands négociants internationaux comme Telcar Cocoa et autres. Ce qui rend l’accès aux fèves encore plus difficile qu’hier, car broyeurs et exportateurs doivent désormais se partager une production qui s’avère de plus en plus insuffisance.  Bien que, pour favoriser les fèves produites localement, l’Etat, à travers l’actuelle loi des Finances (2024), a pris le soin de taxer fortement les fèves importées.

Toutefois, en dehors de cette terrible concurrence entre broyeurs et exportateurs, il y a aussi le phénomène de la vente informelle du cacao vers le Nigéria par des producteurs locaux (notamment ceux de la région du Sud-Ouest), en raison des prix encore plus alléchants, que l’on a enregistré ces derniers mois.  Une pratique qui a récemment amené le Mincommerce à interdire la sortie des fèves du pays.

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