(EcoFinances.Net) – Monsieur le secrétaire général de l’Asroc, quelle lecture faites-vous de la visite cette semaine des industries de transformation d’huile de palme brute à Douala par le ministre du Commerce ?
Voyez-vous, le ministre du Commerce est un homme de terrain et il a l’habitude d’organiser des visites de routine. Une chose est de rassurer le gouvernement, à travers le ministre du Commerce, sur la disponibilité des produits de première nécessité, notamment les huiles végétales et le savon. Une autre est de se rassurer que ce qui a été dit est. Et le ministre du Commerce excelle dans cette façon de faire les choses.
Lors de notre récent entretien, il m’a fait savoir qu’il devait faire une descente sur Douala et que c’était l’occasion pour lui de comprendre ce qui se fait, de savoir ce qui fait problème et surtout de se rassurer que la période de rentrée scolaire qui sera là bientôt devant nous, et qui fait suite à la période des vacances, se passera bien.
Et que, le consommateur va continuer à avoir ses huiles végétales et son savon de ménage en quantité, en qualité, mais surtout à bon prix. Il a donc touché du doigt, relativement aux deux unités qu’il a visitées ce jour ( mercredi 11 juin 2025, Ndlr) à savoir HAAC et SCR Maya & Cie, le fait que c’est à raison que les transformateurs ( industriels de la 2ème transformation) avaient sollicité qu’on ne vende plus des huiles non traçables.
Il a constaté lui-même que dans ces deux (02) unités, les huiles sont bien embouteillées en conditionnement d’un litre , de demi litre , de dix litres, de cinq litres et de vingt litres. Des huiles bien étiquetées. Et ça l’a rassuré.
Pourquoi cela l’a-t-il rassuré, selon vous ?
Parce que la question sanitaire a été posée lors de nos dernières rencontres. Il a été mis en exergue le fait que des gens commercialisaient des huiles récupérées dans les grandes restaurations, les remettaient dans des bouteilles qui n’étaient pas traçables et ça faisait effectivement problème.
Aujourd’hui, il est rassuré. Il a vu et a compris qu’il avait bien fait de dire qu’il ne veut plus voir ces huiles non traçables qu’on voit dans des bidons de 200 litres et qu’on met dans des bouteilles qui n’ont aucune étiquette. Et il a dit : ‹‹Je me réjouis que vous ayiez tenu à vos promesses ››.Il également dit : ‹‹ Je constate que les usines fonctionnent. Je sais que vous avez des soucis sur la disponibilité de l’huile de palme brute produite localement. Mais je sais aussi que j’ai tout fait pour que le déficit puisse être importé ››.
Parce que, voyez-vous, face aux difficultés structurelles, il faut des mesures conjoncturelles. Donc l’importation n’est que conjoncturelle et on est tous tombés d’accord qu’on ne doit jamais importer au moment où la matière première locale est disponible. Ça aussi, il l’a réitéré.Mais nous avons également souhaité que l’intensification du contrôle des huiles non conformes se poursuive.
Lorsque vous avez des gens qui ne raffinent presque pas de l’huile et qui mette de l’huile sur le marché, cassant les prix et créant la concurrence déloyale, ça met en difficulté les entreprises citoyennes. Sur ce plan, il a promis d’intensifier les contrôles.
Avez-vous également abordé la question de la TVA qui semble faire du tort aux industries de 2ème transformation ?
Bien sûr que oui ! Nous avons aussi posé un problème sérieux qui est celui de la TVA lors de l’importation. Parce que lorsqu’on vous met la TVA sur ce que vous importez, ça plombe votre trésorerie. La TVA étant neutre , on voulait qu’il soutienne l’action qu’on va mener auprès du ministre des Finances, pour que cette TVA là sorte. Et puis, d’ailleurs, nous avons souhaité que la Zlecaf ( Zone de libre-échange continentale africaine) soit prise en compte par le ministère des Finances.
Le Cameroun est signataire des accords y afférents. Donc , aujourd’hui, on ne peut pas nous cantonner dans la Cemac. Il faudrait qu’on comprenne que le marché camerounais est désormais un marché de la Zone de libre-échange continentale africaine. Et je pense que c’était un point capital que nous avons pu aborder avec lui.
Pourquoi la question de la Zlecaf vous préoccupe tant ?
Parce que si rien n’est fait à ce niveau et qu’on est obligé de payer les droits de douane quand on sort de la zone Cemac, évidemment on va faire face à un relèvement des prix. La politique de la lutte contre la vie chère ne commande pas qu’on y arrive. Nous avons pris des engagements vis-à-vis du gouvernement. Ce qui fait donc que chaque fois qu’il y a un souci, qui puisse venir entacher ou mettre en difficulté une politique qu’on a si bien implémentée depuis très longtemps, nous devons aviser pour que le gouvernement prenne des dispositions afin que les produits restent à la portée des poches moyennes.
Voilà, globalement, ce pourquoi le ministre du Commerce était là aujourd’hui. Il voulait toucher du doigt, s’enquérir, se rassurer et assurer aussi ceux qui transforment que nous sommes vraiment ensemble. Nous avons la même mission, c’est celle de contribuer au bien-être de nos populations en leur donnant ce dont elles ont besoin, et surtout des produits finis de qualité ( huiles végétales raffinées, savon de ménage, savon de toilette).
Une dernière question pour clore cette interview. Quel est aujourd’hui le poids de l’Asroc en termes d’investissements réalisés, de contribution aux recettes fiscales et d’emplois générés ?
L’Asroc pèse en termes d’inondation du marché avec ses produits près de 95%. Vous avez entendu les explications du DG de SCR Maya & Cie tout à l’heure. Il y a des nouvelles capacités qui ne font qu’arriver. Nous sommes ici chez Maya, on a vu une nouvelle unité de 750 tonnes/jour. Il y a SCS qui n’est pas loin d’ici et qui a 500 tonnes/jour. Vous comprenez donc que les capacités de L’Asroc ne font de s’accroître.
Mais l’Asroc n’est pas une entité qui ne tient pas compte des autres. Quand elle discute avec les autres entités, c’est dans la perspective de relever l’offre. Donc, nous à l’Asroc, nous relevons l’offre et nous créons des emplois. Nous créons des revenus tout le temps. Parce que nos usines qui font 500 tonnes/jour emploient 600 à 700 personnes sur toute la chaîne de valeur au niveau de l’unité : depuis l’acquisition de l’huile de palme à brute à la transformation de celle-ci à l’usine.
Vous savez qu’à l’Asroc aujourd’hui, on a des membres qui font des plantations. Ce qui fait qu’on a des employés au niveau des champs, au niveau des usines d’extraction, au niveau des usines de transformation, au niveau du transport et du marketing. On a des employés même au niveau de la grande com que nous faisons pour que les produits soient toujours disponibles.
Propos recueillis par JRD