(EcoFinances) – De nombreux chefs d’entreprises camerounais vivant en France et ayant des entreprises au Cameroun n’arrivent plus à acheminer aisément leurs marchandises vers l’Europe, et notamment la France, en raison de la corruption rampante dans les services de Douane au Cameroun, selon l’ambassadeur du Cameroun en France, André-Magnus Ekoumou, qui vient de saisir par correspondance (datée du 09 décembre 2024), le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, pour attirer son attention sur cet état de choses.
En effet, l’ambassadeur du Cameroun en France a, apprend-on, été saisi par le Poste de Liaison de la DGSN (délégation générale à la Sûreté nationale) près d’Interpol de Lyon en France, au sujet d’une corruption ambiante dans les services de Douane au Cameroun qui s’opèrent dans le cadre des démarches de dédouanement des marchandises.
« L’officier camerounais de renseignement criminel au sein d’Interpol de lutte contre les crimes financiers et la corruption, et chef de poste de la liaison du Cameroun à Interpol a tenu des séances de travail avec 04 citoyens camerounais vivant en France, tous responsables d’entreprises agissant dans l’import-export. Ses interlocuteurs (qui ont requis l’anonymat), sont légalement établis au Cameroun, et sont à jour pour ce qui est du paiement de leurs différents impôts et obligations fiscales. Ces derniers dénoncent tous des pressions multiples et une corruption sans gêne par les services de Douane au Cameroun », déclare-t-il.
Pots-de-vin
Avant d’ajouter : « Ces opérateurs économiques disent s’être confrontés à plusieurs reprises aux tracasseries et aux désagréments liés à la corruption aux Ports de Douala et de Kribi. Les fonctionnaires des Douanes sont ici pointés du doigt, et les différents postes de services semblent avoir été érigés en comptoir de racketage, de rançonnement et de corruption flagrante. Ceci contribue à fragiliser notre économie, notamment en perte de recettes réelles, mais surtout, joue un rôle majeur pour décourager la diaspora camerounaise à se déployer dans le secteur de l’investissement ».
André-Magnus Ekoumou renseigne également que nombreux des chefs d’entreprises sus évoqués sont détenteurs de contrats les liant à des clients pour la livraison des produits souvent périssables, et que les livraisons tardives entraînent un pourrissement des produits dus aux lenteurs causées par les douaniers racketeurs à l’origine des contentieux et pertes diverses. A l’en croire, « ces hommes d’affaires camerounais soulignent que pour dédouaner les marchandises provenant de l’étranger, il est impératif pour eux de prévoir les frais officiellement, mais aussi, obligatoirement des réserves et enveloppes à distribuer aux différents postes de passage des bureaux douaniers pour leurs pots-de-vin, afin que lesdits douaniers puissent libérer les marchandises ».
Création d’un guichet unique
Pour mettre fin à cette situation préjudiciable à l’économie nationale, dans un contexte où le chef de l’Etat, Paul Biya, invite les jeunes de la Diaspora à s’investir dans le développement du pays, l’ambassadeur du Cameroun termine sa lettre par des suggestions susceptibles d’aider à endiguer le fléau. « L’officier de liaison du Cameroun suggère dans sa note qu’un guichet unique puisse servir pour garantir la célérité des opérations et surtout sécuriser les recettes financières recherchées pour le développement du Cameroun. Aussi, il est encouragé que des mesures de redressement appropriées soient prises, non seulement pour sécuriser les ressources, mais également pour sanctionner les auteurs desdits actes de corruption, afin d’éradiquer cet état de choses qui plombe la réputation de nos ports (dans un environnement portuaire mondial et africain concurrentiel), et qui ternit l’image de notre pays et compromet la destination Cameroun pour de potentiels investisseurs », conclut-il.
JRD