(EcoFinances) – Après la fusion-dissolution (très contestée) du Gicam (Groupement inter-patronal du Cameroun) grâce à l’implication de l’organisation patronale Ecam (Entreprises du Cameroun) le 14 juillet dernier, suivie du dévoilement du logo et du nom de la nouvelle entité dénommée Gecam (Groupement des entreprises du Cameroun) au cours de l’assemblée générale constitutive du 14 décembre 2023, Protais Ayangma (l’ex-président d’Ecam) et Célestin Tawamba (ex-président du Gicam) craignent désormais de se voir ravir le poste de Président du Gecam par le camp des contestataires.
C’est en tout cas ce qu’il faut retenir des sorties respectives d’Henri Fosso, ancien vice-président du Gicam, et de Protais Ayangma, de ces derniers jours dans les médias, et qui appellent le patron de Cadyst Invest Group à se faire élire à ce poste très convoité.
Résister à l’abandon du bébé après accouchement
Le premier à s’inquiéter de la perte de ce prestigieux poste, à la suite du « travail abattu » par le camp Tawamba afin d’imposer à une bonne partie (26,3%) des membres du Gicam une nouvelle centrale patronale dite « unifiée et plus forte », n’est autre qu’Henri Fosso, PDG de Fimex International. Dans sa lettre à l’ancien président du Gicam, Célestin Tawamba, intitulée « Refondation du patronat camerounais, une réalité depuis le 14 décembre 2023 », il appelle ce dernier à ne pas abandonner « le bébé qu’il a créé ».
« Monsieur le président, le processus aura été parsemé d’embûches, d’obstacles aussi bien internes qu’en externe, d’ingérences diverses ; mais vous savez su maintenir le cap. Quatre ans après l’entame du projet d’unification du patronat, et son accélération via la fusion Ecam/Gicam, vous avez tout donné pour offrir à notre pays une centrale patronale unie, forte et rassemblée autour de toutes nos énergies. Positive. Avec conviction, élégance et méthode, vous l’avez fait », écrit-il, en décembre dernier, à Célestin Tawamba.
Avant d’ajouter : « (…) Après ce beau travail d’accouchement, le bébé aura besoin de vous, au moins pour ses premiers pas. C’est une obligation morale pour vous de mettre ce syndicat patronal sur les rails. Nous serons modestement à vos côtés en terme de conseils et d’accompagnement d’anciens ».
Barrer la voix aux « imposteurs »
Un mois après cette sortie médiatique de l’homme d’affaires Henri Fosso, c’est au tour de l’assureur, Protais Ayangma, de monter au créneau, ce mercredi 24 janvier 2024, aux fins d’inviter Célestin Tawamba à ne pas abandonner le poste de Président du Gecam au profit des contestataires qu’il qualifie, dans sa tribune, « d’imposteurs » qui après avoir torpillé ce projet porteur d’espoirs pour les intérêts de l’Entreprise, prétendent aujourd’hui le gérer.
« Certes, un travail appréciable a été effectué dans l’implémentation de la refondation, mais l’œuvre est loin d’être accomplie (…). Il s’agit maintenant de ne pas baisser la garde, de façon à ne pas nous laisser surprendre par des imposteurs qui, après avoir torpillé ce projet porteur d’espoirs pour les intérêts de l’Entreprise, prétendent le gérer. Certains d’entre eux n’ont d’ailleurs pas hésité à tenter de se réapproprier le chantier de la refondation du patronat », indique-t-il, dans sa tribune de ce 24 janvier.
Tout comme l’ancien président de la Fanaf (Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines) ajoute qu’à ce stade, il faut tout faire « pour parachever le travail déjà engagé, en désignant l’homme chargé de conduire les destinées de notre mouvement dans les jours à venir ». Et cet homme n’est, pour lui, que Célestin Tawamba, apprend-on.
Eviter le syndrome du 3ème mandat, afin de servir d’exemple
Sauf qu’une bonne partie des membres de la nouvelle entité (Gecam) ne partagent absolument pas la même vision des choses que les présidents Henri Fosso et Protais Ayangma qui, depuis le début de cette aventure contestée (en raison de la violation des statuts du Gicam), ont été parmi ses plus grands soutiens. D’ailleurs, les arguments ne manquent pas. « Le président Célestin Tawamba ne doit absolument pas se présenter au poste de président du Gecam, car ayant déjà fait deux mandats à la tête du Gicam. Le faire serait donner raison au camp des contestataires conduit par Emmanuel Wafo, qui lui a reproché, depuis le début de cette affaire de fusion-dissolution du Gicam, d’être victime du syndrome du 3ème mandat », explique un membre de la nouvelle entité ayant voté en faveur de ce projet. Et qui souligne par ailleurs que l’ex-président actuel du Gicam doit prouver sa bonne foi à se tenant à carreau. Un poste de membre du comité des sages lui irait, apprend-on, comme une paire de gants.
Pour rappel, les appels du président Tawamba à se faire élire (pour un 3ème mandat) à la tête du Patronat camerounais interviennent au moment où l’on annonce non seulement la tenue, dans les prochaines semaines (09 avril 2024), de l’assemblée générale élective du Gecam qui permettra la mise en place de son 1er bureau. Mais aussi, à l’heure où des noms à l’instar de celui d’Antoine Ndzengue, PDG du groupe Neptune Oil Company, circulent depuis quelque temps dans l’opinion comme faisant partie des potentiels candidats à la présidence de ce nouveau Groupement.
Le Gicam vivra, les soubresauts actuels seront dépassés…
Tout comme ces sorties médiatiques des patrons proches du PDG de Cadyst Invest Group interviennent également dans un contexte où le camp des contestataires conduit par Emmanuel Wafo, chef d’entreprise et président de la commission Economie et développement de l’entreprise du Gicam, n’a pas dit son dernier mot quant à la fusion-dissolution du Gicam. La raison étant que plusieurs procédures visant à interrompre ce processus sont toujours en cours devant les tribunaux de Douala.
« Nous voulons préciser ici que les démarches judiciaires en cours ont été engagées avec pour seul et unique objectif de faire manifester la vérité. Nous n’y avons ni renoncé, ni désisté. Nous faisons confiance à la justice de notre pays, pour mettre fin à toutes ces violations des textes du Gicam. En prenant appui sur l’avis du Comité des sages, nous appelons les uns et les autres à conformer leur conduite et leurs actes à notre loi commune », confiait, Emmanuel Wafo, à Investir au Cameroun le 07 décembre dernier.
Tout comme il a dit ne pas être inquiet quant à ce qui pourrait être considéré (par certains) comme une intervention tardive des décisions de justice liées à cette affaire. « La justice a son temps, les décisions de justice n’arrivent jamais trop tard. Une nouvelle organisation qui bafoue les lois et les règlements ressemble à un immeuble qui se construit sur du sable mouvant. La Justice tranchera », a-t-il ajouté, précisant que le Gicam vivra et que les soubresauts actuels seront dépassés.
JRD