jeudi, 21 novembre 2024
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Loi de finances rectificative : Pourquoi l’Etat va emprunter 747 milliards de FCFA sur les marchés financiers extérieurs et intérieurs cette année

La saturation du marché financier au niveau de la zone Cemac qui se caractérise ces derniers temps par l’extrême compétitivité des taux appliqués, couplée à la clôture de l’exercice 2023 avec des restes à payer, en raison de la difficulté pour l’Etat de mobiliser les ressources souhaitées lors de ses différentes sorties sur le marché, l’ont amené à regarder vers les marchés financiers extérieurs.

(EcoFinances) – Le 20 juin dernier, le président de la République, Paul Biya, a signé l’ordonnance modifiant et complétant certaines dispositions de la loi du 19 décembre 2023 portant loi de finances pour l’exercice 2024. De la lecture de ce document, soumis pour validation aux députés il y a quelques jours, il ressort que le budget de l’Etat pour l’exercice 2024 ne va plus s’équilibrer en ressources et en emplois à la somme de 6740,1 milliards de FCFA, mais plutôt à 7278,1 milliards de FCFA. Soit une augmentation de 538 milliards de FCFA en valeur absolue et d’environ 8% en valeur relative.

Pour financer cette hausse de son budget, l’Etat entend emprunter en tout 747 milliards de FCFA sur les marchés financiers intérieurs et extérieurs, dont 467 milliards de FCFA sur les marché financiers extérieurs et 280 milliards de FCFA sur le marché financier intérieur. Il faut ici rappeler que dans la loi de finances initiale, l’Etat avait opté d’emprunter uniquement sur le marché financier intérieur et à hauteur de 375 milliards de FCFA. Ce montant dans la loi de finances révisée subit donc une coupe de 95 milliards de FCFA (-25,3%), au profit de l’endettement extérieur.

Pourquoi emprunter davantage sur les marchés financiers extérieurs

En sollicitant les marchés financiers extérieurs, la rubrique relative aux emprunts sur les marchés financiers et bancaires connaît donc une augmentation de 372 milliards de FCFA en valeur absolue et de 99,2% en valeur relative. Mais globalement, qu’est-ce qui peut expliquer la hausse de l’enveloppe consacrée aux emprunts tel que l’on le voit dans la nouvelle loi ? Selon le directeur général du Budget, Cyrill Edou Alo’o, plusieurs facteurs permettent de comprendre les raisons de ce choix opéré par l’Etat.

« On passe de 375 milliards à 747 milliards de FCFA pour plusieurs raisons. Le marché financier au niveau de la zone Cemac est saturé. Et les taux appliqués sont extrêmement compétitifs. C’est la raison pour laquelle il est devenu difficile de lever des fonds dans cet espace. En plus de la politique monétaire qui veille à la lutte contre l’inflation. Sans oublier le fait que qu’on est en concurrence avec les autres pays de la sous-région. C’est la raison pour laquelle le gouvernement a décidé d’éviter des surprises et a pris l’option de diminuer les montants à lever sur le marché financier sous-régional », explique-t-il dans un entretien, publié par le quotidien gouvernemental le 21 juin dernier.

Tout comme il ajoute : «D’autre part, nous avons clôturé l’année dernière avec des restes à payer, en raison de ce que nous n’avons pas mobiliser les ressources souhaitées lors de nos différentes sorties sur le marché. C’est pour cette raison que nous avons pensé qu’il était mieux d’aller sur le marché extérieur de manière à pouvoir apurer ces restes à payer. Il ne faut pas oublier que le cœur de l’ordonnance c’est de pouvoir apurer les restes à payer pour soulager la trésorerie de l’Etat, et permettre que les hommes d’affaires et autres prestataires qui ont des impayés au Trésor puissent être payés ».

Même si cet endettement auprès des marchés financiers extérieurs et intérieurs permettra de financer les projets de développement et de régler les restes à payer au profit des prestataires locaux et internationaux de l’Etat, il en n’en demeure pas moins vrai que cela contribuera toutefois à aggraver un peu la dette de l’Etat qui,  au 31 mars 2024,  se chiffrait à 12 714 milliards de FCFA (42,9% du PIB), d’après les données de la CAA (Caisse autonome d’amortissement).

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