vendredi, 22 novembre 2024
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Vernissage et exposition : Philippe Van Damme touche du doigt les différentes étapes de l’indépendance du Cameroun au Musée des civilisations à Dschang

L’ambassadeur et chef de la délégation de l’Union européenne (UE) au Cameroun a pris part, ce samedi 17 juin 2023, au vernissage et à l’exposition de la conférence « Indépendance du Cameroun, Libérons la mémoire », au Musée des civilisations de la Commune de Dschang, dans la région de l’Ouest.

(EcoFinances) – L’ambassadeur et chef de la délégation de l’Union européenne au Cameroun et en Guinée équatoriale, Philippe Van Damme, qu’accompagnaient, ce samedi 17 juin 2023, le préfet du département de la Menoua, Itoe Peter Mbongo,  le maire de la Commune de Dschang, Jacquis Gabriel Kemleu Tchabgou, le consul général de France à Douala, Stéphane Catta,  ainsi que plusieurs autres personnalités, a activement pris part au vernissage et à l’exposition de la conférence : « Indépendance du Cameroun, Libérons la mémoire » au Musée des civilisations du Cameroun et à l’Université de  Dschang.  Une exposition itinérante organisée par la Route des Chefferies (RDC) en collaboration avec l’Association pays de la Loire Cameroun (APLC), et qui se déroulera également dans plusieurs villes du pays (Douala, Edéa, Yaoundé et Maroua,) dans les prochaines semaines. Elle est prévue pour durer 07 mois.

Acteurs clés de l’indépendance du Cameroun

L’Union européenne (UE), qui accorde une place de choix au devoir de mémoire, a apporté un soutien actif à l’organisation de cette exposition. « J’aime beaucoup le thème de l’exposition : ‘’ Libérez la mémoire’’. Et je dirai même ‘’libérez les mémoires ‘’, puisque nous n’avons pas les mêmes mémoires. Il faut donc libérer les mémoires, les partager, les confronter (…) pour arriver ensemble à décoloniser la pensée. Je parle ici de la pensée au sens large du terme. C’est-à-dire s’émanciper de l’histoire officielle des peuples colonisateurs, émanciper les pensées de ceux qui ont été colonisés et qui doivent se trouver leur propre narratif pour construire leur propre identité », a déclaré l’ambassadeur de l’UE au Cameroun, Philippe Van Damme, précisant qu’on ne peut pas se forger une identité propre sans connaître son histoire.

La visite guidée de l’exposition au Musée des civilisations de Dschang, ce 17 juin 2023, sous la conduite de Sylvain Djache Nzefa, coordonnateur général de la RDC et commissaire général de cette exposition, a permis aux uns et aux autres de toucher du doigt (via des documents audiovisuels) l’histoire récente du Cameroun. Le rôle de personnages clés de l’indépendance du Cameroun comme celui de Ruben Um Nyobe (secrétaire général de l’UPC), John Ngu Foncha (1er vice-président de la République fédérale du Cameroun), et Ahmadou Ahidjo (1er président de la République fédérale du Cameroun) a été largement expliqué aux visiteurs. Trois bustes leur sont d’ailleurs consacrés dans le cadre de l’exposition dont il est question ici.

Ici, autorités et invités ont beaucoup appris de l’histoire récente du Cameroun, grâce aux explications du Commissaire général de l’exposition.

Témoigner pour guérir des blessures du passé

« L’objectif global du projet est de contribuer à mener des réflexions sur l’histoire et les conséquences des indépendances au Cameroun sous le prisme des industries culturelles et créatives. Le but de ce projet c’est aussi et surtout d’encourager la cohésion sociale et de renforcer le dialogue interculturel », souligne Sylvain Djache Nzefa. Qui ajoute : « Témoigner est une thérapie pour opérer une catharsis et pour guérir des blessures du passé. Ainsi, la mémoire devient ici le symptôme d’une crise de conscience portée par une subversion contre les avatars de l’histoire tumultueuse des sociétés anciennement colonisés ».

A l’effet d’atteindre l’objectif visé, les organisateurs de cette exposition, qui fera le tour du pays dans les prochains (et pourra même se tenir à Nantes en France), ont mobilisé une vingtaine de chercheurs de renom au rang desquels des historiens camerounais tels qu’Idrissou Alioum, recteur de l’Université de Maroua, ou encore les professeurs Victor Julius Ngoh de l’Université de Buéa et Philippe Blaise Essomba de l’Université de Yaoundé.

Catalogue d’exposition de 172 pages

L’historienne française, qui dirige l’équipe de recherche mise en place dans le cadre de la commission mixte franco-camerounaise chargée de faire la lumière sur la guerre d’indépendance au Cameroun, le Dr. Claude Tchouankap, Historien chercheur en service à l’Université de Dschang, ainsi que l’artiste international camerounais Blick Bassy, font également partie du comité scientifique de cette exposition.

Leurs signatures figurent d’ailleurs aux cotés de celles d’autres historiens chercheurs tels qu’Enoh Meyomesse et le Pr Edouard Bokagne Betobo de l’Université de Yaoundé I dans le catalogue d’exposition de 172 pages qui a été présenté au public pendant ce vernissage au Musée des civilisations de Dschang le week-end dernier. A côté de ce travail intellectuel, cette exposition a permis aux visiteurs de plonger dans des décors immersifs, avec plus de 300 illustrations.

De gauche à droite, Um Nyobe, SG de l’UPC, Ahmadou Ahidjo et John Ngu Foncha, respectivement président et vice-présent de la République fédérale du Cameroun.

Témoignages inédits des familles des grandes figures de l’indépendance

Et tel que promis par les organisateurs, l’exposition a aussi donné à voir plus d’une dizaine d’audiovisuels, des archives historiques, des témoignages inédits des familles des grandes figures de l’indépendance, rescapés, personnels militaires, religieux, avec l’intervention de plusieurs artistes contemporains pluridisciplinaires. De quoi susciter un commentaire de satisfaction chez le maire de la Commune de Dschang, Jacquis Kemleu Tchabgou. « Voyez-vous, le site sur lequel nous nous trouvons aujourd’hui et qui abrite le Musée des civilisations est l’expression même de la coopération décentralisée entre Dschang et Nantes. C’est cette coopération qui a permis de faire comprendre que la culture est une industrie ou toute une économie. Nous sommes donc très heureux aujourd’hui, parce que nous allons permettre aux Camerounais de comprendre, et aux étrangers qui viendront visiter cette exposition itinérante, l’histoire de l’indépendance de notre pays. Et de véritablement libérer leur mémoire », va-t-il indiquer.

Débat entre historiens et invités

Pour rappel, le vernissage et l’exposition de la conférence : « Indépendance du Cameroun, Libérons la mémoire », se tient ainsi plusieurs mois après la belle exposition « Sur la Route des Chefferies du Cameroun. Du visible à l’invisible », présentée au Musée du quai Branly-Jacques Chira en 2022 par la RDC et l’APLC avec le soutien de l’UE via le programme ACP-UE Culture/Créer en Afrique centrale. Cette exposition, qui a fait courir de nombreux visiteurs ce samedi 17 juin, a également fait place au débat intellectuel entre historiens et invités au sein de l’Université de Dschang. Pendant deux heures d’horloge, experts et invités ont partagé leurs différents points de vue sur l’histoire récente du Cameroun.

JRD

Philippe Van Damme

« On ne peut pas se forger une identité propre sans connaître son histoire »

Philippe Van Damme, ambassadeur de l’UE au Cameroun.

L’ambassadeur et chef de la délégation de l’Union européenne (UE) au Cameroun et en Guinée équatoriale revient ici sur les raisons du soutien de l’UE à l’exposition sur l’histoire récente du Cameroun qu’abrite, depuis ce samedi 17 juin 2023, le Musée des civilisations de la Commune de Dschang, dans la région de l’Ouest.

(Ecofinances.Net) – Vous sortez d’une visite guidée, quel est intérêt pour  l’UE de financer une telle exposition ?

Philippe Van Damme : Je suis convaincu, à partir du passé de l’Union européenne elle-même et des Etats membres, du fait qu’il est essentiel pour une Nation de travailler sur son identité. Car, on ne peut pas se forger une identité propre sans connaître son histoire, les moments clés de son histoire, les moments parfois controversés, parfois pénibles, etc… Et donc, c’est si important de mieux comprendre le présent, d’avoir une lecture commune, pas nécessairement consensuel mais commune de passé, pour comprendre comment on en est arrivé là. Comment ça peut nous influencer dans notre projection d’avenir. J’ai cité l’exemple de mon pays d’origine (la Belgique), dans un ensemble de pays en Europe qui ensemble se sont vconstruits une nouvelle histoire (une nouvelle aventure) après la seconde guerre mondiale. Mais c’est important de comprendre d’où nous venons, pour ne plus tomber dans les erreurs du passé et construire ensemble un avenir.

EFN : Une telle exposition permet-elle, selon vous, de décoloniser la pensée ?

PVD : J’aime beaucoup le thème de l’exposition : « Libérez la mémoire ». Et je dirai même « libérez les mémoires », puisque nous n’avons pas les mêmes mémoires. Il faut donc libérer les mémoires, les partager, les confronter…pour arriver ensemble à décoloniser la pensée. Je parle ici de la pensée au sens large du terme. C’est-à-dire s’émanciper de l’histoire officielle des peuples colonisateurs, émanciper les pensées de ceux qui ont été colonisés et qui doivent se trouver leur propre narratif pour construire leur propre identité.

Propos recueillis par EFN

Jacquis Gabriel Kemleu Tchabgou

« Nous allons inviter les jeunes étudiants à venir visiter cette exposition »

Jacquis Gabriel Kemleu Tchabgou, maire de la Commune de Dschang.

Pour le maire de la Commune de Dschang, deuxième plus grande ville de la région de l’Ouest (avec ses 500 000 habitants), les Camerounais doivent comprendre le rôle des artisans de l’indépendance du Cameroun qui ne date pas de 1960, afin de ne plus se satisfaire des ragots qui sont faits à ce sujet.

EcoFinances.Net : Monsieur le maire, votre commune abrite depuis ce samedi 17 juin 2023 une belle et riche exposition sur l’histoire récente du Cameroun. Que devrait-on en retenir ?

Jacquis Gabriel Kemleu Tchagbou : Voyez-vous, le site sur lequel nous nous trouvons et qui abrite le Musée des civilisations est l’expression même de la coopération décentralisée entre Dschang et Nantes. C’est cette coopération qui a permis de faire comprendre que la culture est une industrie ou toute une économie. Nous sommes donc très heureux aujourd’hui, parce que nous allons permettre aux Camerounais de comprendre, et aux étrangers qui viendront visiter cette exposition itinérante, l’histoire de l’indépendance de notre pays. Et de véritablement libérer leur mémoire.

Voyez-vous, on a dit beaucoup de choses concernant les grands combattants du Cameroun. Vous avez vu trois (03) bustes : ceux d’Um Nyobe, de John Ngu Foncha et d’Ahmadou Ahidjo. Il s’agit de trois personnes qui comptent. Et les gens doivent comprendre le rôle qu’ils ont joué pour ne plus se satisfaire des ragots qui sont faits sur l’histoire de l’indépendance du Cameroun qui, il faut le souligner, ne date pas de 1960, comme l’avait si bien rappelé le chef de l’Etat, Son Excellence Paul Biya. Mais de bien avant. Et l’illustration est faite à travers cette exposition que nous venons de vivre.

EFN : Quelles sont les actions que la Commune a prévu de déployer pour attirer un grand monde à cette exposition dans les prochains jours ?

JGKT : Nous allons encourager tous ceux qui arrivent à Dschang à la visiter pendant les sept (07) mois qui vont suivre, et leur permettre de comprendre les étapes que notre pays a franchies. Il est important de comprendre comment des Camerounais sont morts pour l’indépendance de notre pays, et pouvoir mieux dialoguer avec ceux qui ont posé des actes qui aujourd’hui sont derrière nous, mais qui nous édifient.

C’est donc une satisfaction. Nous allons inviter surtout les jeunes étudiants, mais aussi les jeunes du primaire et du secondaire, pour qu’ils viennent visiter cette exposition. D’autant plus qu’on n’a pas encore tout ce que vous venez de voir dans nos curricula. Et c’est quand même un problème. C’est une invite au gouvernement de la République d’intégrer ces éléments-là dans la culture, dans les écoles et universités, pour que chacun sache ce que c’est que son pays et comment son pays a souffert pour arriver là où il est aujourd’hui. Et de préserver ce que nous avons aujourd’hui.

Parce que si vous vous projetez dans le passé, il y a certainement des actes que vous ne poserez pas aujourd’hui. Parce que vous allez vous souvenir de comment des Hommes (que je n’ai pas envie de citer ici) ont souffert pour libérer ce pays jusqu’au niveau où il se trouve aujourd’hui. Et si, au lieu de travailler pour consolider notre unité, on travaillait à la détruire, ce serait quelque chose de très mauvais.

Propos recueillis par EFN

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