(EcoFinances) – La conclusion de la quatrième revue du Programme appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) et le Mécanisme élargi de crédit (MEDC) par le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) pourrait permettre, dans les prochains jours, le décaissement de 48,1 milliards de FCFA (73,8 millions d’euros) au profit du Cameroun, selon Cemile Sancak qui vient de conduire une mission du Fonds (du 13 au 17 mai 2023) à Yaoundé. Objectif : discuter des progrès et priorités politiques des autorités dans le cadre des quatrièmes revues du programme triennal soutenu par les accords au titre de la FEC et du MEDC. L’arrangement, l’on s’en souvient, a été approuvé, le 29 juillet 2021, par le conseil d’administration du FMI pour un montant total d’environ 689,5 millions de dollars US (près de 420 milliards de FCFA, d’après le cours actuel du dollar).
« La mission est parvenue à un accord au niveau des services avec les autorités camerounaises sur les politiques économiques et financières qui pourraient soutenir l’approbation de la quatrième revue du Programme appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) et le Mécanisme élargi de crédit (MEDC). La conclusion de la quatrième revue par le Conseil d’administration du FMI prévue fin juin 2023 permettrait le décaissement de 55,2 millions de DTS (environ 73,8 millions de dollars des EU) », a déclaré la cheffe de mission du FMI.
Nouveaux risques liés à l’environnement extérieur
Pendant cette 4ème revue, l’équipe du FMI a noté que le Cameroun fait face à de nouveaux risques liés à l’environnement extérieur, notamment des conditions financières mondiales difficiles et une volatilité accrue des prix du pétrole, après un début de reprise amorcé à la suite du choc de la Covid-19. Mais que la reprise économique s’est poursuivie et la croissance est estimée à 3,7 % en 2022. « L’inflation globale a atteint 7,3 % en glissement annuel à fin 2022, contre 3,5 % à fin 2021. Alors que les prix intérieurs des produits alimentaires ont été les principaux moteurs, les prix des produits non alimentaires et non énergétiques ont également augmenté », souligne Mme Sancak.
Autre constat du Fonds, le déficit budgétaire global qui s’est réduit à 1,1 % du PIB en 2022, contre 3 % en 2021, tandis que le déficit primaire non pétrolier est passé à 4 % du PIB en 2022, contre 3,9 % en 2021. « La performance des recettes non pétrolières s’est considérablement améliorée en 2022, due aux recettes fiscales et non fiscales. En termes de performance du programme, l’objectif de déficit primaire non pétrolier prévu par le programme a été atteint, même si une partie substantielle des subventions aux produits pétroliers pour 2022, qui n’a été validée qu’en 2023, sera intégrée à la loi de finances rectificative de 2023 », déclare-t-elle, dans un communiqué de presse publié ce 19 mai 2023.
Perspectives à moyen terme favorables
Pour sa part, les dépassements temporaires et mineurs de l’objectif de non-accumulation d’arriérés de paiements extérieurs soulignent la nécessité d’améliorer la gestion des liquidités et de limiter les dépenses exécutées sur procédures exceptionnelles. « La dette publique à fin 2022 a atteint 46,5 % du PIB, en légère baisse par rapport à 46,8 % du PIB à fin 2021 », explique Cémile Sancak.
Qu’en est-il des perspectives du pays à moyen terme ? Elle pense qu’elles restent favorables à condition que les réformes se poursuivent et que l’environnement extérieur soit favorable. « La croissance économique devrait augmenter légèrement à 4 %, tandis que l’inflation devrait se modérer, passant de 7,3 % en glissement annuel à fin 2022 à 5,9 % à fin 2023 », fait-elle savoir. Cemile Sancak s’appuie sur le fait que les autorités préparent actuellement une loi de finances rectificative pour 2023 et l’engagement continu de ces dernières à maintenir la stabilité macroéconomique et à réduire davantage le déficit budgétaire global à 1 % du PIB et le déficit budgétaire primaire non pétrolier à 2,4 % du PIB en 2023.
Fournir plus d’efforts pour atteindre les objectifs de la SND30
L’atteinte des objectifs de la Stratégie nationale de développement pour 2020-30 (SND30) n’a pas manqué parmi les sujets abordés par les deux parties. Pour le Fonds, cela nécessite une expansion substantielle de l’espace budgétaire pour les dépenses prioritaires, en particulier les infrastructures, tout en maintenant la viabilité de la dette. Tout cela nécessite aussi une forte accélération du rythme des réformes pour accompagner une transformation structurelle profonde de l’économie. « Cela implique un effort concerté pour améliorer le climat des affaires pour le secteur privé et pour soutenir une croissance inclusive et résiliente », a conclu la cheffe de mission du FMI, se félicitant des mesures visant à renforcer la gestion des finances publiques.