(EcoFinances) –En dépit de la baisse des cours du blé sur le marché international depuis le début de l’exercice 2023, les boulangers se disent, pour l’instant, incapables d’effectuer une répercussion sur le prix de la baguette de pain et produits dérivés vendus localement. Ils l’ont fait savoir au ministre du Commerce (Mincommerce), Luc Magloire Mbarga Atangana, au cours d’une réunion qu’il a présidée ce vendredi 05 mai 2023 à l’immeuble rose à Yaoundé. Les boulangers se fondent notamment sur le fait que les charges actuelles relatives à la production du pain et produits dérivés ne leur permettent pas d’effectuer cette répercussion de la baisse des cours du blé.
« M le Ministre, personne ne doute que vous serez notre porte-parole pour procéder au processus de désescalade des prix dans le contexte actuel. L’on observe, certes, une tendance baissière des cours du blé et de la farine de blé localement, mais il y a d’autres charges. Malgré cette baisse, nous sommes obligés de prendre en compte des frais de transport, de l’impact du nouveau SMIG sur la masse salariale, de la hausse du prix du carburant, du sucre, des améliorants, de la margarine, de l’énergie électrique et du problème d’eau », explique un boulanger, membre du Syndicat.
Cette réaction des boulangers face à la demande du gouvernement, via le ministre du Commerce, intervient en effet au moment où les cours du blé n’ont pas cessé de chuter depuis janvier 2023. A la mi-mars de cette année, la tonne de blé était vendue à 270 euros sur le marché international (Euronext), contre 450 euros la tonne à la même période en 2022 en raison de la guerre russo-ukrainienne. A l’origine de cette baisse des cours du blé, la prolongation des accords sur le corridor maritime en mer noire pendant deux mois, la baisse du prix des engrais azotés (dépendant du tarif du gaz naturel), la Russie qui continue d’exporter son blé à un rythme record (ses exportations pourraient atteindre 41 millions de tonnes en fin de campagne 2022/2023, en hausse de 10 millions de tonnes par rapport à 2021/2022), une amélioration des exportations au sein de l’Union européenne (32 millions de t) en dépôt de la baisse des récoles, etc…
Le droit de se nourrir est le premier droit
Conscient de la situation des cours du blé sur le marché mondial, le Mincommerce à briller par un comportement citoyen. Car, le droit de se nourrir est le premier droit. « Il est question pour tous d’envoyer un signal aux consommateurs, de faire quelque chose », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter : « J’observe également la même évolution baissière des cours du blé sur le marché international. Il y a du blé à moudre. Le contexte est honorable. Nous devons nous situer dans une approche tendancielle. Nous avons toujours fait preuve de souplesse pour d’autres produits, continuons de sacraliser le pain. Les tendances jusqu’en fin d’année sont une offre excédentaire. Ce que l’on n’a fait avec d’autres produits, on peut le faire avec du pain ».
Contrairement aux boulangers, les meuniers ont, quant à eux, déjà procédé à l’arrimage du prix du sac de la farine de blé (50kg) sur le marché aux cours actuels du blé sur le marché international. « Le prix du sac de farine de 50 kg avait été porté à 24 000 FCFA l’année dernière à cause de la hausse historique des cours du blé dès le 15 mars 2022 provoquée par la guerre en Ukraine. Avec la diversification des origines du blé, l’on a depuis peu enregistré une atténuation desdits cours. Depuis janvier 2023, l’on a entamé la répercussion de baisse des cours du blé sur le sac sorti d’usine. Aujourd’hui, le sac de la farine de blé est descendu à 22 000 FCFA rendu à Douala contre 24 000 FCFA il y a plusieurs mois », a indiqué Alfred Momo, secrétaire général du Groupement des meuniers du Cameroun (GMC).
Pour rappel, la réunion présidée ce 05 mai 2023 à Yaoundé par le Mincommerce avait pour but de s’assurer de la disponibilité du pain et produits dérivés sur le marché pendant la célébration de la fête du 20 mai 2023 qui aura lieu dans les prochains jours à travers le territoire national.