(EcoFinances) – L’aide publique au développement dont dépend l’Afrique ne correspond plus aux besoins de financement du continent africain, selon le président de la République du Cameroun, Paul Biya, qui s’est exprimé à ce sujet pendant le sommet Afrique-USA à Washington la semaine dernière. Le chef de l’Etat a surtout insisté sur la difficulté que rencontrent les pays africains à obtenir des financements privés. Lesquels sont très souvent astreints à des conditions prohibitives et contraignantes pour la souveraineté des Etats.
« Comme exemple de contraintes, il y a la mise en gage de certaines ressources naturelles sollicités par certains investisseurs. Les modèles et instruments de financement adoptés contribuent davantage à la réexportation des capitaux, à travers des prêts sans mouvement de fonds vers le continent, mais avec des sorties obligatoires de devises lors des remboursements », a-t-il déclaré, précisant qu’il serait plus pertinent de financer l’exploitation et la transformation des ressources de l’Afrique sur son sol. Et en mettant en place un véritable marché des capitaux, susceptible d’offrir des outils adaptés aux besoins de financement de cette région.
Cette déclaration du président Paul Biya en rapport avec l’aide publique au développement intervient au moment où, sur le continent, beaucoup se posent depuis quelques années la question d’un financement efficient susceptible de déboucher sur le décollage économique de l’Afrique. Une question qui est encore d’actualité, puisqu’elle est revenue au cœur des échanges entre les secteurs public-privé du continent durant la terrible crise de covid-19 (qui s’est déclarée en Afrique au tout début de l’année 2020) ; tandis que du côté des pays développés l’on injectait de fortes sommes dans le circuit afin de relancer l’économie.
Aujourd’hui en Afrique, les acteurs publics et privés réfléchissent depuis quelque temps sur la bonne formule à utiliser aux fins de mieux faciliter le financement des Etats. La Banque africaine de développement (BAD) fait partie de ces institutions panafricaines qui travaillent sur la question et sont favorables à l’idée de la mise sur pied d’un marché africain des capitaux. Idem pour la Banque d’import-export africaine (Afreximbank), spécialisée dans le financement des exportations africaines. L’atteinte de cet objectif va sans doute nécessiter, selon la BAD, une plus grande synergie et rapidité d’exécution de ce noble projet de la part des chefs d’Etat du continent. Puisque plusieurs dossiers d’initiatives communes rencontrent encore des difficultés d’implémentation, apprend-on.
Le diagnostic de la BAD au sujet des marchés financiers africains est plutôt formel. Car ils sont, apprend-on, marqués « par leur caractère restreint, superficiel, illiquide et profondément fragmenté ». Ce qui permet aux banques commerciales ou d’investissement, majoritairement détenues par des investisseurs étrangers, d’avoir un pouvoir énorme. D’où l’appel du président camerounais Paul Biya la semaine dernière à Washington DC au sujet l’inadaptabilité de l’aide publique au développement. Le numéro 01 Camerounais a sans doute voulu saisir cette occasion pour rappeler aux grands bailleurs de fonds internationaux que d’autres options peuvent être explorer.