(EcoFinances) – Les rapatriements de recettes d’exportation des industries extractives opérant dans les pays de Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, RCA & Tchad) ont enregistré une baisse de 54,3% entre janvier et juin 2024, selon le rapport de la politique monétaire de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) de septembre dernier, qui renseigne que ceux-ci sont passés de 3688,9 milliards de FCFA entre janvier et juin 2023 à 1684,1 milliards au cours de la même période cette année.
« Les rapatriements enregistrés par les entreprises extractives sont passés de 3688,9 milliards entre janvier et juin 2023 à 1684,1 milliards entre janvier et juin 2024 (-54,3 %) », indique le document parcouru par EcoFinances.Net.
Cette importante chute des rapatriements des entreprises extractives de la Cemac n’a pas manqué d’impacter la constitution des réserves de change. Car, du 31 juillet 2023 au 31 juillet 2024, les réserves de change de la BEAC se sont contractées de 1,6 % pour revenir à 6787,3 milliards, même si la Banque centrale fait observer que ceux-ci ont affiché une évolution stable, avec une moyenne mensuelle autour de 6600 milliards, depuis juillet 2023.
Hausse des transferts entrants du secteur non pétrolier
Toutefois, pour la Banque centrale, cette chute drastique des rapatriements des entreprises extractives n’a que faiblement affecté la constitution des réserves de change de la sous-région, pour la simple raison que l’on a au cours de la même période enregistré une hausse des transferts entrants du secteur non pétrolier. Ce qui a permis de compenser la chute des rapatriements des entreprises d’extraction pétrolière et minière.
Dans une sous-région Afrique centrale où les agents économiques expriment un besoin élevé en devise, le récent rapport de la politique monétaire de la BEAC informe que le taux de couverture extérieure de la monnaie est revenu à 71,9% à fin juillet dernier, contre 74,4% un an plus tôt.
« Par principales composantes, au 31 juillet 2024, les réserves de change de la Cemac sont constituées à 62,9 % des avoirs extérieurs à vue, 29,8 % des autres avoirs extérieurs en devises gérés par la Salle des Marchés, 4,4 % de l’encaisse or et 2,9 % des avoirs auprès du FMI », fait savoir le document.
Facteurs à l’origine du recul des rapatriements
La chute des rapatriements des devises par les entreprises d’extraction pétrolière et minière de la zone Cemac entre janvier et juin 2024, malgré des niveaux élevés au cours de la même période en 2023, peut être attribuée à plusieurs facteurs tels que l’entrée en vigueur depuis 2022 du nouveau règlement de change, les négociations entre les industries extractives et la BEAC qui ont débouché sur des ajustements, les conditions économiques sur le marché, et les stratégies financières des entreprises.
S’agissant par exemple de la nouvelle règlementation des changes en vigueur dans le secteur extractif depuis le 1er janvier 2022, et qui oblige les entreprises extractives à rapatrier une plus grande part de leurs recettes d’exportation, les experts expliquent que celle-ci n’est pas vraiment respectée. Puisqu’une bonne partie de ces entreprises bénéficient encore de certaines dérogations, qui leur permet de ne rapatrier que 35% de leurs avoirs à l’étranger, avec une augmentation progressive prévue.
A cela, il faut ajouter le fait que les entreprises extractives ont mené des négociations avec la BEAC pour obtenir des allègements spécifiques, ce qui a pu retarder ou réduire les montants rapatriés. Par ailleurs, les fluctuations des prix des matières premières et les conditions économiques globales peuvent également avoir influencé les rapatriements de devises, apprend-on. Une baisse des prix du pétrole ou des minerais pourrait réduire les recettes d’exportation et, par conséquent, les montants rapatriés.
Ce facteur n’étant pas le dernier à prendre en compte pour comprendre cette importante baisse des rapatriements, les stratégies financières des entreprises méritent d’être scrutées de près. A bien y regarder, les entreprises peuvent, apprend-on, avoir choisi de conserver une partie de leurs recettes à l’étranger pour diverses raisons stratégiques, telles que la gestion des risques ou l’investissement dans d’autres marchés.
JRD