(EcoFinances) – En 20 ans d’exploitation, le pipeline Tchad-Cameroun a permis au Trésor public camerounais d’encaisser plus de 500 milliards de FCFA, d’après le directeur de la Stratégie et du développement de la SNH (Société nationale des hydrocarbures), Maurice Matanga, qui est revenu ces derniers jours sur les retombées financières de cette infrastructure inaugurée le 12 juin 2004 à Kribi (région du Sud) par les présidents camerounais, Paul Biya, et tchadien de regrettée mémoire, Idriss Deby Itno, et qui permet au Tchad d’évacuer son pétrole à travers le territoire camerounais.
« En 20 ans d’exploitation, le pipeline Tchad-Cameroun a généré d’importantes ressources financières pour notre pays au titre de droits de transit. Ces ressources sont directement versées par l’opérateur du pipeline au Trésor public (…). En jetant un regard sur les retombées financières du pipeline en 20 ans, ce sont plus de 500 milliards de FCFA. Force est de reconnaître tous ses mérites au président de la République. Grâce à sa clairvoyance, le Cameroun en tire le meilleur parti », déclare-t-il, dans une interview accordée au quotidien gouvernemental Cameroon tribune (CT)
Ce montant est, selon les données officielles, supérieur aux projections de recettes sur 30 ans d’exploitation alors estimées par les experts à 900 millions de dollars US (550 milliards de FCFA) au démarrage du projet. De l’argent dont devait bénéficier le pays en termes de droits de transit, impôts et taxes sur le transport, bénéfices sur le capital de la Cotco (Cameroon Oil and Transportation Company), chargée de la gestion du pipeline côté Cameroun.
Les dernières données disponibles renseignent aussi que le droit de transit du pétrole tchadien sur le sol camerounais a, entre 2020 et 2022, rapporté au Cameroun des recettes globales de l’ordre de 113,6 milliards de FCFA. Ainsi que la somme de 12 milliards de FCFA, entre janvier et avril 2023.
Révision du droit de transit
Fixé au départ à 0,41 dollars US (251 FCFA) par baril de pétrole, le droit de transit a été revalorisé au terme d’âpes négociations entre les parties qui permettent désormais une révision tous les cinq (05 ans). « (…) Au regard du contexte pétrolier international de l’époque, et soucieux de préserver les intérêts de l’Etat du Cameroun, le ministre Moudiki a proposé, dix ans après l’entrée en service du pipeline, de rouvrir les négociations sur le droit de transit. Le Cameroun a obtenu gain de cause. Il fut donc convenu, d’accord parties, que le taux de droit de transit serait révisé selon une formule arrêtée. Le droit de transit est ainsi passé de 0,415 US/baril en 2003 à 1,3 dollars US (796 FCFA ) en 2013, et depuis 2018, il est de 1,31206 dollars US (804 FCFA)», explique Maurice Matanga, qui est également membre du Comité de pilotage et de suivi des pipelines.
En dehors des retombées financières, l’infrastructure, qui a généré plus de 5000 emplois temporaires au profit du Cameroun lors de sa construction, donne (depuis son opérationnalisation) du travail à des centaines de camerounais via la Cotco.
Un oléoduc terrestre long de 890 km sur un total 1070 km
Pour rappel, le pipeline Tchad-Cameroun est un système de transport des hydrocarbures par pipeline, utilisé pour évacuer, à travers le territoire camerounais, le brut extrait des champs de pétrole du sud tchadien, jusqu’au terminal ancré dans l’Océan atlantique, aux larges de Kribi au Cameroun. Il a été construit et est opéré au Cameroun par la Cotco.
En territoire camerounais, ce système comprend, entre autres, un oléoduc terrestre long de 890 km sur un total 1070 km ; deux stations de pompage (Dompta et Bélabo) ; une station de réduction de pression (Kribi) ; et un terminal flottant de stockage et de déchargement (Terminal Komé-Kribi 1). Inauguré le 12 juin 2004, cet oléoduc a donc célébré son vingtième anniversaire le 12 juin dernier.