(EcoFinances) – Les consommateurs et autres amateurs de bières de la capitale économique, Douala, déboursent ces derniers jours un peu plus (entre 50 FCFA et 100 FCFA voire plus, par bouteille de bière) afin de se procurer les produits brassicoles, en dépit de la décision du ministre du Commerce (Mincommerce), Luc Magloire Mbarga Atangana, de maintenir inchangés les prix homologués. Le membre du gouvernement a eu une concertation portant sur la distribution des bières et boissons hygiéniques, le 16 mai dernier à Yaoundé, avec les représentants du Syndicat national des distributeurs de boissons hygiéniques du Cameroun (Synasdibohycam), du Syndicat national des exploitants des débits de boissons du Cameroun (Synedeboc), la présidente du Conseil national de la consommation. Ainsi que ceux des associations de défense des droits des consommateurs et du ministère de l’Administration territoriale.
A l’origine de cette hausse illégale et informelle des prix des bières (cela varie en fonction des marques), la difficulté pour les propriétaires des débits de boisson de s’approvisionner normalement ou encore de mettre la main sur le volume et les marques de bières régulièrement sollicitées par les consommateurs. « Les distributeurs ou propriétaires des dépôts de bières ne viennent plus nous livrer, comme ils le faisaient avant. Nous sommes, depuis le mois d’avril 2024 ,obligés d’aller nous-mêmes chercher le produit dans les dépôts de boissons. Ce déplacement du produit de chez le distributeur jusqu’au bar ou débit de boisson a un coût qu’il faut supporter. Nous sommes donc obligés de faire payer cela aux consommateurs », explique Virginie L, tenancière d’une vente à emporter au quartier Ndogbong à Douala Vème.
Dans les bars de Bonamoussadi (Douala Vème), Déido (Douala Ier) ou encore New-Bell (Douala IIème), l’augmentation illégale et informelle a la même ampleur. Elle est de 50 FCFA pour des marques de bières comme la Mutzig, la Castel ou encore la Kadji Beer. Idem, lorsqu’il s’agit de marques d’alcools-mix tels que la Booster ou Orijin. Les consommateurs sont donc obligés de débourser la somme de 700 FCFA pour ces différents produits, contre 650 FCFA hier. Et à certains endroits, ces mêmes marques de boissons coûtent 750 FCFA.
Mais les données changent lorsqu’il s’agit des marques de bières hautement sollicitées comme l’Isenbeck dont la rareté se fait davantage sentir depuis des semaines. Son prix peut parfois aller jusqu’à 850 voire 900 FCFA contre 750 FCFA habituellement. Soit une augmentation qui varie entre 100 et 150 FCFA.
Des réalités du terrain que vivent tristement les consommateurs face aux vendeurs finaux de produits brassicoles qui se disent impuissants. La rencontre du 16 mai dernier visait justement à trouver une solution efficiente et pérenne face à la question actuelle de la pénurie et hausse artificielle des prix des produits brassicoles dans les débits de boisson. Mais elle a plutôt débouché sur le maintien des prix homologués. Ce qui ne fait apparemment pas l’affaire des distributeurs et exploitants des débits de boissons. A preuve, les prix ont augmenté de manière informelle sur le terrain.
Restructuration urgente du secteur brassicole
Le Mincommerce reconnait pourtant que ce secteur d’activité rencontre des difficultés profondes qui appellent à la restructuration de l’industrie brassicole dans sa globalité. Il s’est d’ailleurs appesanti sur la question récemment, soulignant même qu’il faut la réorganiser rapidement, en prenant en compte les enjeux de la libéralisation prochaine du secteur du commerce dans le contexte de la Zone de libre échange continentale africaine (Zlecaf). Tout comme il a aussi attitré l’attention de tous les participants à la dernière réunion (celle du 16 mai dernier à Yaoundé) sur cette question fondamentale « qui peut induire , si la réorganisation indispensable n’est pas opérée, la disparition des pans entiers du secteur de la production et de la distribution au sein de notre écosystème économique ».
Pour l’heure, les distributeurs continuent d’insister sur les charges supplémentaires auxquelles ils sont confrontés, tandis que les détaillants, eux, font mention des problèmes de disponibilité des produits et d’une fiscalité pesante qui impacte leur activité. Face à ces préoccupations, Luc Magloire Mbarga Atangana insiste sur l’importance de traiter ces préoccupations avec les administrations compétentes lors d’une prochaine réunion élargie prévue dans un mois (le 16 juin 2024, Ndlr). Car, apprend-on, le volet des prix n’est en effet que la résultante de nombreux autres facteurs et ne saurait donc être traité de façon isolée.