(EcoFinances) – La filière avicole camerounaise, qui fournit actuellement 42% de protéines animales consommées dans le pays et qui représente aujourd’hui près de 04% du PIB (Produit intérieur brut) pour un chiffre d’affaires d’environ 1105 milliards de FCFA, peut mieux performer si elle reçoit davantage de moyens, selon le président de l’Interprofession avicole du Cameroun (Ipavic), François Djonou, qui , à l’ouverture de la 5ème édition du Salon avicole international de Yaoundé (SAVI 2024), au Palais des Congrès ce 23 avril 2024, a proposé une série de 07 réformes au gouvernement visant l’accélération de la migration de ce secteur d’activité vers la transformation des produits aviaires. Et par conséquent, l’inscription durable de la contribution de cette filière dans la marche vers l’émergence du Cameroun telle qu’elle est planifiée pour 2035 suivant la volonté du président de la République, Paul Biya.
Ainsi, d’après le président de l’Ipavic, les sept (07) réformes à mettre rapidement en œuvre sont, entre autres, la promulgation du décret d’application de la loi n°2021/023 du 16 décembre 2021 régissant les Organisations interprofessionnelles au Cameroun (présidence de la République) ; la finalisation du projet de loi portant Code de l’élevage en République du Cameroun (Minepia/Assemblée nationale) ; la précision sur certaines dispositions litigieuses du Code douanier de 2022 qui contredisent les avantages tarifaires acquis dans l’ancien code de 2017 qui a largement fait écho à la politique d’import-substitution et a contribué à l’émergence de la production nationale (DGD-Minfi/SGS-Mincommerce).
Tout comme il suggère également l’établissement à l’intention des aviculteurs d’une fiche type de l’impôt sur les activités d’élevage (DGI-Minfi) ; la facilitation et l’encouragement des banques agropastorales à défaut de créer une Banque agricole centrale (Minfi/Minepat) ; la création du cadre juridique nécessaire à la mise en place d’une assurance avicole pour les aviculteurs camerounais (Minfi) ; et enfin, la mise en place d’une plateforme digitale nationale d’informations et d’échange des produits animaux (Minepia).
Légendaire combativité du peuple camerounais
Des doléances du président de l’Ipavic qui interviennent dans un contexte où la filière avicole nationale se remet progressivement des différents chocs auxquels elle a été exposée ces dernières années. « Malgré les multiples crises céréalières (maïs et soja), sanitaires (résurgence des épizooties de grippe aviaire) et inflationnistes (conséquence de la covid-19) à l’échelle mondiale, crises toutes enregistrées sur les 08 dernières années ; la production avicole nationale, alors qu’elle aurait pu s’effondrer, s’est maintenue au prix de la légendaire combativité du peuple camerounais », explique François Djonou.
Qui précise : « Après le pic de 2019 où nous avons produit 71 millions de poulets de chair, nous sommes retombés au niveau alarmant de 23 millions en 2021 (plus bas que l’année 2016) où nous étions à 54 millions. Cette situation a heureusement interpellé les pouvoirs publics restés attentifs. Les incitations fiscales et douanières qui s’en sont suivies, couplées à l’abnégation des aviculteurs partout dans le pays ont permis d’amorcer un net redressement qui, à ce jour , situe le niveau du cheptel de poules pondeuses dans les différentes fermes à 4,8 millions de têtes comparable au volume de production de l’année 2016 ».
Cherté des produits aviaires sur le marché
En dépit de la forte résilience du secteur avicole, les produits aviaires demeurent, apprend-on, chers sur le marché compte tenu du pouvoir d’achat des consommateurs dans le pays. « Cela s’explique par nos coûts de production qui restent élevés. Le kilogramme de poulet est produit au Cameroun à 1245 FCFA/Kg en comparaison de pays comme les Philippines 1000 FCFA/Kg, l’Indonésie 875 FCFA/Kg, la Malaisie 750FCFA/Kg, le Vietnam 735 FCFA/Kg, la Thaïlande 710 FCFA/Kg et le Brésil champion avec un coût de production de 505FCFA/Kg selon une étude menée de février à mars 2024, reprise dans l’édition n°05 du journal Ipavic Infos d’avril 2024 en page 38 », fait savoir le président de l’Ipavic.
En dehors des coûts de produits qui aggravent les prix du poulet de chair et des œufs de table sur le marché, il y a aussi la spéculation entretenue par les intermédiaires commerçants se situant entre le producteur et le consommateur. « Les solutions visant à l’amélioration des prix et donc l’accès à la consommation des produits aviaires passent par une meilleure maîtrise des coûts de production et certainement par la transformation industrielle et digitale des produits vers laquelle nous avons l’obligation de nous orienter », souligne François Djonou
Avant de conclure : « Néanmoins, compte tenu des dynamiques observées actuellement dans les fermes avicoles, il y a lieu d’espérer que nous retrouvions un niveau global de production de poulets de chair cette fin d’année 2024, comparable à celui établi en 2016 autour de 55 millions de poulets, à moins de subir entre temps le contrecoup d’une nouvelle crise ».