mercredi, 18 décembre 2024
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Déficit énergétique : Au Cameroun, les grandes industries obligées de se retirer du réseau électrique, au profit des ménages 

Le ministre camerounais de l’Eau et de l’énergie (Minee), Gaston Eloundou Essomba, a fait cette révélation, ce jeudi 22 février 2024, au cours d’une concertation avec le secteur privé à Douala qui abrite la majorité des entreprises du secteur productif dans le pays.

(EcoFinances) – Les grandes industries opérant au Cameroun obligées (depuis des mois) de se retirer du réseau électrique à l’effet de réduire l’impact du déficit de production (de l’énergie électrique dans le pays) sur les ménages, selon le ministre camerounais de l’Eau et de l’énergie (Minee), qui a rencontré le secteur privé, ce jeudi 22 février 2024 au siège du Gecam (Groupement des entreprises du Cameroun)à Douala, la capitale économique du pays.

Le patron des questions énergétiques dans le pays était accompagné du DG d’ENEO Cameroun, Amine Homman Ludiye, du DG de la Nachtigal Hydro Power Company (NHPC), Vincent Leroux, ainsi que des directeurs généraux d’EDC (Electricité du Cameroun) , de l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel), de la Société nationale de transport de l’électricité (Sonatrel), de la Dibamba Power Development Company (DPDC),  et de la Kribi Power Development Company (KPDC).

86% des chefs d’entreprises victimes du déficit énergétique

La question du déficit énergétique, qui était donc au cœur des échanges entre les deux parties ce jeudi, est, faut-il le rappeler, un phénomène connu de tous dans le pays, mais qui a tendance à s’amplifier ces derniers temps au détriment des ménages et des entreprises. A preuve, « ces perturbations font subir aux ménages des délestages à certaines heures de la journée et obligent certaines grandes industries à se retirer du réseau pour réduire l’impact de ce déficit de production au niveau des ménages », reconnaît  Gaston Eloundou Essomba, qui fait savoir que le  gouvernement camerounais est conscient des préjudices que causent les coupures d’électricité. Aussi bien au sein des ménages que dans les entreprises du secteur productif au Cameroun.

A en croire le Minee, les industries enregistrent, par exemple,  une baisse considérable de leur productivité, ainsi que des manques à gagner sur leur rendement. « Pour 86% des chefs d’entreprises, l’électricité demeure une grande faiblesse dans le secteur productif au Cameroun », explique, pour sa part, Célestin Tawamba, président du  Gecam.

Baisse de l’hydrologie

A l’origine du déficit de production (de l’énergie électrique), qui ne manque pas de pénaliser les entreprises au quotidien, plusieurs facteurs, d’après le patron de l’Energie au Cameroun. Le phénomène de la baisse de l’hydrologie est notamment pointé du doigt (même s’il faut normalement ajouter la faiblesse des investissements dans le secteur). Les problèmes d’hydrologie dans le bassin du Ntem non régulé, liés au changement climatique, les difficultés d’approvisionnement en combustibles et les opérations de maintenance des centrales, etc, expliquent, par exemple, que le RIS enregistre aujourd’hui un déficit allant à plus de 180 MW, apprend-on.

Le ministre de l’Eau et de l’énergie, Gaston Eloundou Essomba (au milieu) a tenté de rassurer les industriels, ce jeudi 22 février à Douala.

Tout comme, en raison de ce même problème (baisse d’hydrologie), le barrage de Memve’ele a connu une baisse drastique de la production passant de 200 mégawatts  en décembre 2023 à 35 MW à ce jour, soit un déficit de près de 170 MW. Ce qui explique  les délestages et rationnements observés dans le RIS.

« Il n’y a pas d’eau. O ne peut pas produire plus. L’on enregistre un déficit de 170 MW pour un système qui accuse déjà un déficit même en période d’hydrologie normale. Vous comprenez donc que la situation soit devenue critique. C’est ce qui fait que le volume des délestages est beaucoup plus important ces derniers temps », indique le ministre de l’Eau et de l’énergie.

Poids de la dette des entités publiques

A ces difficultés, il faut évidemment  ajouter le poids de la dette des entités publiques. ENEO Cameroun,  qui produit et distribue de l’électricité, a urgemment besoin de 18 milliards de Francs CFA, selon son directeur général. Tout comme il y aussi la vétusté des équipements de transport qui entraîne des pertes techniques se chiffrant à 25%. « Les pertes dues aux comportements non citoyens, elles, sont de l’ordre de 15% », souligne le DG d’ENEO Cameroun.

420 MW attendus de Nachtigal d’ici fin 2024

Que faire ? Quelles mesures doivent rapidement être déployées pour atténuer la souffrance des ménages et des entreprises ?  Parmi les mesures envisagées, le membre du gouvernement cite l’optimisation de la production des ouvrages et des barrages existants. Tout comme il annonce la mise à disponibilité de combustibles pour faire fonctionner 24h/24 les centrales thermiques très avares en combustibles. « Une vingtaine de milliards de F CFA vont être mobilisés pour installer de nouveaux équipements (transformateurs) et stabiliser la fourniture d’électricité dans la très stratégique ville de Douala, pour ne prendre que cet exemple. Il faut rappeler que, de 2010 à 2024, le Cameroun a mobilisé plus 4,9 milliards USD (3000 milliards de FCFA) pour moderniser le service d’électricité », fait-il savoir, précisant que la mise en service complète d’ici la fin de l’année, du barrage de Nachtigal, d’une capacité totale de 420 MW, devrait réduire considérablement le déficit actuel.

Encadré

Cameroun : Une capacité installée totale de 1534 MW

Pour rappel, le parc de production du pays est actuellement constitué de 62% d’hydroélectricité, 14% du thermique au gaz, 22% du thermique au fioul et 2% du solaire. Quant à la  capacité de production installée, elle est estimée à 1534 MW dont 1359 MW dans le RIS, pour une disponibilité d’environ 1200 MW. La production de ce réseau est principalement assurée par les centrales hydroélectriques et les centrales thermiques. Même en prenant en compte le rendement des équipements, l’offre de production qui provient de l’hydroélectricité (associée au gaz) est de l’ordre de 940 MW environ,  pour une demande en journée de 960 MW et 1140 MW en soirée. Soit un déficit de 20 MW en journée et de 200 MW en soirée. La mise à contribution de l’ensemble des centrales thermiques au fioul (172 MW) pour résorber le déficit en soirée demeure insuffisante. Même avec la mise à contribution de l’ensemble des ouvrages de production hydroélectriques et thermiques, le RIS accuse un déficit de 20 MW.

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1 COMMENTAIRE

  1. Je me demande si cette stratégie (demander aux entreprises de se retirer du réseau au profit des ménages) a été mûrement réfléchie car elle aura malheureusement un impact sur la productivité de ces entreprises et donc sur le PIB. Il aurait été a mon avis préférable de rationner. Par exemple prioriser les entreprises en journée au moment où ils fonctionnent et les ménages la nuit. Trouver le moyen d’optimiser ce qu’on a. Rien ne garantit que la pluviométrie sera bonne d’ici a juillet avec les changements climatiques.

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