mercredi, 18 décembre 2024
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Financement des PME en Afrique : Emmanuel Wafo partage l’expérience de Mit Chimie avec les participants du Rebranding Africa Forum 2023 à Bruxelles

Pendant son exposé sur la question du financement des PME sur le continent le 20 octobre dernier en Belgique, le PDG de Mit Chimie a plaidé pour des solutions de financements spécifiques susceptibles d’accélérer les investissements sur le continent.

(EcoFinances) – Comment les Petites et moyennes entreprises (PME) se financent-elles en Afrique lorsqu’on sait qu’elles évoluent dans leur grande majorité dans un environnement des affaires très difficile ? C’est à cette question qu’Emmanuel Wafo, PDG de Mit Chimie et membre du Gicam (Groupement inter-patronal du Cameroun), a essayé d’apporter des réponses ce 20 octobre 2023 à Bruxelles (en Belgique) à l’ouverture de la 9ème édition du Rebranding Africa Forum (RAF). L’évènement, qui a réuni cette année un important parterre de personnalités de la finance mondiale ainsi que de nombreux industriels, avait pour thème : « Les systèmes financiers africains en mutation, concilier authenticité et modernité : les chemins de l’inclusion financière ». 

Ainsi, selon le patron de cette entreprise spécialisée dans la distribution et le négoce des produits chimiques et matières plastiques, la société Mit Chimie, qui totalise aujourd’hui près de 300 employés, un chiffre d’affaires (CA) de 12 milliards de FCFA par an et des investissements de plus de 10 milliards de FCFA, a démarré ses activités en 1998 avec deux employés dont son promoteur lui-même. Comme l’on peut se l’imaginer, les débuts n’ont pas du tout été faciles.

« En effet, cette année-là, j’ai créé Ets MIT, une entreprise individuelle localisée dans un bureau de 20 m² à Douala au Cameroun avec 02 employés dont moi-même, dans le but initial de produire artisanalement et de vendre des encres pour les petites unités industrielles », confie le capitaine d’industrie

Avant d’ajouter : « Dans l’incapacité de trouver le petit financement nécessaire, je me suis résolu à essayer différentes activités commerciales (ventes de téléphones, t-shirts publicitaires, meubles de bureaux, pièces détachées, formation en informatique, etc.) avec une seule motivation : trouver les moyens pour survivre ».

Emmanuel Wafo, PDG de Mit Chimie (au milieu) : « Au Cameroun seulement, le ministère en charge de l’Economie a identifié cette année des projets de près de 90 000 milliards de CFA dans le cadre de sa stratégie nationale de développement 2020-2030 ».

Ces modes de financements qui ont permis à Mit Chimie de se développer

Survivre, une préoccupation qui hante le quotidien et les nuits des promoteurs de PME en Afrique. Emmanuel Wafo en sait quelque chose. Lui , qui a dû recourir à plusieurs modes de financements aux fins de démarrer les activités de l’entreprise en 1998.

En 25 ans d’activités, ces modes de financements vont de l’épargne personnelle à familiale, en passant par celle des amis qui a permis de démarrer dans les années 1998. A côté de ces types de financements, il cite également la tontine qui est un mode de financement informel basé sur la confiance mutuelle. « Elle fonctionne très bien chez nous : club d’investisseurs et d’épargnants qui se regroupent tous les mois à la même date pour mettre en commun des fonds. Ses avantages sont, entre autres, la facilité d’accès au financement, l’inexistence d’études de dossiers (garantie=caution des membres) ; tandis que parmi ses inconvénients, il y a le délai de remboursement qui se situe entre 01 et 03 ans maximum, couplé au fait que le Capital mis à disposition est limité », souligne-t-il.

Autres modes de financement auxquels la PME a fait recours ces dernières décennies, l’accompagnement des Etablissements de microfinance (EMF), des banques commerciales classiques avec les instruments classiques (découverts, escompte, CCT, CMT, mais pas de CLT. « Tout comme les Sociétés de crédit-bail existent depuis quelques années et prennent de l’ampleur dans notre économie », explique le chef d’entreprise.

Bref, si l’on s’en tient à l’exposé-témoignage d’Emmanuel Wafo, les 25 dernières années n’ont pas été un long fleuve tranquille pour la PME, qui voit le jour en 1998. Puisque les difficultés d’accès au financement ont été légion, en raison d’un environnement des affaires décapant.

Emmanuel Wafo, PDG de Mit Chimie: « Dans l’incapacité de trouver le petit financement nécessaire, je me suis résolu à essayer différentes activités commerciales (ventes de téléphones, t-shirts publicitaires, meubles de bureaux, pièces détachées, formation en informatique, etc.) avec une seule motivation : trouver les moyens pour survivre ».

40% des PME camerounaises présentent la difficulté d’accès au financement comme principal obstacle

« Les études sur le sujet pointent du doigt les difficultés d’accès au financement. En effet, 40% des PME camerounaises présentent la difficulté d’accès au financement comme principal obstacl à leur développement. Ce qui se traduit par une forte mortalité précoce de celles-ci. Environ 60% d’entre elles mettent la clé sous le paillasson avant l’âge de 5 ans. Les principaux obstacles sont liés aux conditions de crédit », souligne-t-il.

L’homme d’affaires poursuit d’ailleurs en insistant sur le fait que l’essentiel du financement (soit 80% des montants mobilisés) provient de l’épargne personnel des entrepreneurs et du soutien de leurs familles et proches. « Il est également démontré que ce type de financement reste très utilisé dans les phases de démarrage d’activité », ajoute-t-il.

Citant le rapport de la Banque centrale, il explique que ce document montre que la part de crédit à l’économie consacrée aux PME par les banques classiques reste très faible : moins de 16%. Quand bien même les PME bénéficient de crédits bancaires, ceux-ci sont majoritairement à court terme, soit 62% contre 36% à moyen terme et 2% à long terme. Ces chiffres montrent à suffisance que les PME camerounaises ne disposent pas de leviers de développement de leur activité.

Malgré les écueils, l’Afrique est un vaste chantier qui mérite beaucoup plus de financements pour son développement

Au sujet des conditions de ces crédits, les garanties demandées ainsi que les taux pratiqués sont, apprend-on, de véritables barrières pour les petites PME. « En effet, fait-il savoir, le crédit à court terme tourne autour de 12% au cours des 3 dernières années contre 14% pour le crédit à moyen terme et 10% pour le crédit à long terme. Ces taux d’intérêt peuvent s’avérer rédhibitoires pour des PME en phase de lancement. Dans le même sens, les actifs souvent exigés en guise de garantie pour l’accès à ces crédits constituent également un obstacle infranchissable pour de jeunes entrepreneurs qui ont consacré leur épargne personnelle au lancement de leur activité ».

Mais malgré ces écueils, le créateur de richesses indique que l’Afrique est et reste un vaste chantier qui mérite beaucoup plus de financements pour son développement. « Au Cameroun seulement, le ministère en charge de l’Economie a identifié cette année des projets de près de 90 000 milliards de CFA dans le cadre de sa stratégie nationale de développement 2020-2030 », révèle Emmanuel Wafo, précisant que Mit Chimie est venue à Bruxelles rechercher des partenariats, des solutions de financements spécifiques pour accélérer ses investissements avec une ambition continentale. Il y a donc du grain à moudre en termes de financement.

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