EcoFinances.Net (EFN) : Que retenir de ce nouvel ouvrage que vous venez de produire et qui sans doute apportera beaucoup au monde de la science, mais aussi et surtout aux industriels ?
Pr Robert Nzengwa (PRN) : Le livre apporte beaucoup, parce qu’il contient de nombreuses solutions industrielles que ceux qui font dans l’industrie vraie ont dès le départ décelé. C’est pour cela que le livre est un peu rare. Chez nous, les gens trouvent que le prix est élevé (91 euros, Ndlr) , alors qu’ailleurs les gens ont déjà acheté toutes les premières productions.
Le livre apporte beaucoup dans le domaine des constructions nouvelles. On peut par exemple dire qu’on a construit massivement au temps des Romains ; mais quand on veut construire maintenant de grands espaces, on est obligé, pour aller plus loin, d’utiliser les structures minces. Des structures avec courbures, parce que ça permet d’aller très loin.
Par exemple, si vous voulez faire un espace de près de 1000 m2 sans poteaux au milieu, vous êtes obligé de passer les coques. C’est-à-dire, les dômes. Pour construire des stades archi modernes aujourd’hui, on passe par là. Vous verrez tout ça tout à l’heure. Vous verrez ça dans la projection qui est prévue à cet effet.
Il faut également savoir que les gens ont fait des théories depuis 1850 et qui ont connu des essors différents. Parfois, des difficultés. On a amélioré ces théories en créant d’autres. On crée d’autres théories, mais il y a toujours des problèmes qui mènent vers la création d’autres nouvelles théories.
Or, dans le livre nous avons revisité toutes ces théories-là en apportant des solutions là où les théories étaient limitées. C’est pour cela que le livre est très avant-gardiste. Il est très innovant, parce qu’il apporte la solution à plusieurs théories qui ont existé et qui ont posé des problèmes. Le livre les a donc résolues.
C’est pour cela que les industriels ont vite accepté ce livre, parce qu’ils ont vu que ça résout leurs problèmes.
EFN : Ce livre comporte de nombreux calculs mathématiques. Est-ce que nos ingénieurs et étudiants ont la capacité et le bagout conséquent pour s’approprier le contenu de cet ouvrage ?
PRN : S’ils n’arrivent pas à s’approprier le contenu de cet ouvrage, c’est qu’ils ne sont pas des ingénieurs. Un ingénieur est obligé de prendre dans les sciences tout ce qui est d’actualité pour pouvoir résoudre ses problèmes. Vous ne pouvez pas dire à quelqu’un qui veut défricher un champ de ne pas utiliser une scie à moteur, alors qu’il a une machette. Et de n’utiliser que la machette. Ça n’a pas de sens !
Et si la scie à moteur ne suffit pas, il va prendre un bulldozer. Ainsi de suite. Donc, les ingénieurs doivent aller chercher dans la science fondamentale les derniers outils qui peuvent leur permettre de résoudre leurs problèmes. Pourquoi ? Parce qu’un ingénieur est un technologue. C’est quelqu’un qui utilise la technologie. Et cette dernière est basée sur la science, la science elle-même n’ayant pas de limite. Il faut donc aller chercher dans la science tous les éléments qui permettent de mettre les moyens et le savoir-faire pour construire une technologie permettant de résoudre les défis auxquels l’on est confronté.
Ce que j’ai enseigné-là s’enseigne dans les écoles d’ingénieurs. Dans mon école d’ingénieurs il y avait ça. Il est vrai que j’ai fait plus. Parce que j’ai pu résoudre certains problèmes qu’on n’avait pas réussi à résoudre dans mon école d’ingénieurs (Ecole Nationale des Ponts et Chaussées de Paris, Ndlr). Et les ingénieurs qui travaillent à ce niveau et qui sont des ingénieurs scientifiques, ils trouvent tout de suite la solution à leurs problèmes grâce à ce livre.
EFN : Vous venez d’entretenir l’auditoire sur la thématique de ce jour (12 février 2025, Ndlr) portant sur le triptyque « Sciences, ingénieries et développement ». Quels sont les leviers à activer pour que ce triptyque soit concrètement implémenté, afin que , sur le court, moyen et long terme, nos étudiants ingénieurs soient (demain) de vrais acteurs du développement économique du Cameroun et de l’indépendance économique que vous appelez de tous vos vœux ?
PRN : Ils ont suivi ce cours-là. On ne demande pas qu’un étudiant maîtrise, en 60 heures, ce qui se trouve dans un livre de 300 pages. Maintenant c’est à eux de prendre les notions qui y sont contenues pour essayer d’évoluer.
Je vous donne quelques exemples. Les gens continuent de calculer les structures des ponts avec des théories qui étaient faites dans les années 1950. Alors que dans le livre on prend de jeunes enfants (j’en ai pris dans mon cabinet), et au bout de trois mois, ils parviennent à rédiger des logiciels permettant de faire des calculs de façon plus optimale et plus sûre. Ça se trouve dans le livre.
Il y a beaucoup de choses comme ça ! Quand on veut construire de grandes structures qui vont tenir sur de très grands espaces, et parfois de petites structures (mais qui demandent une construction très sophistiquée, comme l’adduction d’eau potable sur le Wouri), vous ne pouvez pas imaginer ce qu’il faut savoir pour faire le calcul-là. C’est dans mon livre.
Il suffit qu’ils prennent ça et qu’ils mettent en pratique. Et ils sauront ce que les Chinois ont fait sur le Wouri. C’est dans le livre. Vous y trouvez cette structure-là. Quand vous allez à Bonaberi (quartier de l’arrondissement de Douala IVème), vous trouvez le Château d’eau. Mais dans le château d’eau, il y a des bricoles à l’intérieur que les gens ignorent parce qu’ils n’ont pas la connaissance scientifique qui permet de faire un vrai calcul.
C’est vrai qu’on peut bricoler pour un château d’eau, mais imaginez que c’est une fusée. Vous ne pouvez pas. On ne peut pas dire que nous ne sommes pas actuellement capables de construire une fusée. C’est pour cela qu’il faut que les gens sortent de ce carcan-là. Celui qui consiste à croire que tout ne peut venir que d’Europe. Ces enfants (étudiants de l’ENSPD) peuvent vous construire des fusées.
Nous avons commencé à parler des drones ici il y a plus de dix ans, alors qu’ils n’étaient pas connus. Nous avons commencé à parler des véhicules modulaires ici. Les gens ne savent même pas encore ce que sont les véhicules modulaires. C’est pour résoudre la problématique du « bendskin ». Nous sommes en train de vouloir construire un véhicule qui peut être comprimé et mis dans la maison. De telle sorte que si vous êtes même au 20ème étage d’un immeuble, il vous suffit de le sortir et de le déployer. Et vous êtes sur la route. C’est un peu comme une moto, mais avec plus de sécurité. Vous faites l’accident, mais vous n’avez pas de choc contrairement aux motos actuellement utilisées par les « bendskinneurs » (exploitants de moto-taxis). C’est de la haute science !
Pour tout cela, on utilise la mécanique, la physique, les mathématiques, pour arriver à ça. On ne reste pas là et on bricole pour obtenir de telles innovations ! C’est pour ça que j’ai dit qu’ils doivent apprendre toutes ces notions fondamentales scientifiques.
Propos recueillis par JRD
