(EcoFinances.Net) – La stagnation du dialogue public-privé a limité en 2024 les opportunités de collaboration et de réforme, selon le président de l’AC2P (Association camerounaise des professionnels de la plasturgie), Emmanuel Wafo, par ailleurs PDG de Mit Chimie. Dans un message publié sur son compte Linkedin le 02 janvier dernier, le capitaine d’industrie partage sa lecture de l’exercice 2024, tout en exprimant les vives inquiétudes du secteur privé pour l’année 2025 à travers cette publication.
« L’année 2024 a été particulièrement éprouvante. Les entreprises ont dû composer avec une pression inflationniste persistante, des incertitudes liées aux marchés internationaux, une crise énergétique récurrente, des catastrophes naturelles et des tensions sécuritaires. À cela s’ajoute la stagnation du dialogue public-privé, qui a limité les opportunités de collaboration et de réforme », explique président de l’AC2P.
En dépit de ces difficultés, le capitaine d’industrie souligne que les entreprises camerounaises ont tenu bon. Comment ? « Grâce à la détermination et aux sacrifices des chefs d’entreprises et de leurs collaborateurs, elles ont continué à remplir leur rôle économique et social. Elles ont créé de la valeur, soutenu l’emploi et contribué à la cohésion sociale. Cette résilience n’est pas étrangère aux résultats de notre économie, qui devrait enregistrer une légère amélioration de la croissance en 2024, avec une prévision de 3,9 % contre 3,2 % en 2023 », indique-t-il.
Inquiétudes persistantes
Même si elles ont tenu bon en 2024, Emmanuel Wafo souligne que ce bilan reste en demi-teinte. Il en veut pour preuve le fait que le secteur pétrolier, pilier de l’économie nationale, a continué de sous-performer. Tout comme, ajoute-t-il, l’adoption d’une nouvelle loi sur la fiscalité locale, sans consultation approfondie des acteurs économiques, suscite de vives inquiétudes. « Bien que son objectif-accroître les ressources des collectivités locales-soit louable, cette mesure risque d’alourdir la pression fiscale sur les entreprises et les ménages, affectant ainsi le climat des affaires et le pouvoir d’achat », affirme le patron de Mit Chimie.
A en croire le président de l’AC2P, les complexités à la déclaration annuelle des revenus des personnes physiques et à l’attestation de conformité fiscale ont aussi ajouté une charge administrative et supplémentaire pour les entreprises et les citoyens. « Sans un accompagnement renforcé, ces mesures risques de devenir des obstacles au développement économique », relève-t-il, précisant qu’un autre défi auquel les entreprises ont été confrontées en 2024 est celui de l’accélération de l’évasion des talents.
Phénomène qui, apprend-on, traduit l’insatisfaction croissante des jeunes face aux opportunités limitées et aux conditions économiques difficiles. « Pour les entreprises, cela se traduit par une perte de compétences essentielles, souvent acquises au prix d’investissements importants », déclare Emmanuel Wafo, qui estime qu’il est urgent de mettre en place des politiques attractives pour retenir ces talents. Notamment, en améliorant les conditions de travail et en offrant des perspectives de carrière prometteuses.
Défis persistants en 2025
Pour 2025, le patron de Mit Chimie estime que les défis à relever sont de plusieurs ordres. Il pense d’ailleurs qu’ils nombreux et complexes. D’abord, les turbulences mondiales, alimentées par des tensions géopolitiques et économiques, qui persistent et créent un climat d’incertitude. Ensuite, au plan sous régional, il y a la Cemac qui est confrontée à une nouvelle crise économique et monétaire, avec une menace de dévaluation qui plane sur les économies des six pays (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, RCA & Tchad), si les ajustements internes prescrits ne sont pas appliqués.
Puis, il y a aussi ces réformes nécessaires pour améliorer l’environnement national des affaires qui tardent à se concrétiser. « Le dialogue public-privé, essentiel pour définir et mettre en œuvre des politiques efficaces, reste bloqué. Le Cameroon Business Forum (CBF), principale plateforme de ce dialogue, est dans une léthargie profonde et inexplicable. Ce silence institutionnel prive le secteur privé de sa capacité à contribuer pleinement au développement économique », conclut-il.
JRD