(EcoFinances.Net) – L’année 2025 qui démarre s’annonce très palpitante sur le plan politique, tant les candidats pour le fauteuil de futur président de la République du Cameroun devront rivaliser d’adresse et de talent pour amener les millions d’électeurs, qui continuent d’ailleurs de s’inscrire sur les listes électorales, à leur confier la destinée de ce grand pays d’Afrique centrale de 30 millions d’habitants.
Alors que le débat continue de faire rage autour de la candidature du président de la République, Paul Biya, âgé de 92 ans cette année (avec ses 42 ans à la tête de l’Etat), ainsi que sur d’autres sujets cruciaux tels que la réforme du code électoral, la réforme de la constitution, ou encore la publication intégrale des listes électorales des mois avant la date du scrutin, un nouveau parti politique dénommé le MP3 (Mouvement patriotique pour la prospérité du Cameroun) propose 12 lés pour libérer le Cameroun dès 2025.
Intitulé « le Kontinent Debout », le document de ce jeune parti créé en 2018 (enregistré auprès des autorités en 2019 et légalisé en 2023) tient sur la moitié d’une feuille de format A4 en douze points et parfaitement lisibles. Il s’agit, d’après Hiram Samuel Iyodi, secrétaire exécutif du MP3, du manifeste de ce parti pour l’élection présidentielle de cette année. L’objectif de sa présentation aux militants et médias, ce samedi 1er février 2025 à Douala, est de susciter l’adhésion du plus grand nombre autour de ce programme, aux fins de faire du Cameroun un véritable modèle de prospérité pour toute l’Afrique.
Forme de l’Etat, gestion de la fortune publique, famille
Les trois premières clés ont trait à la gestion de la fortune publique, la forme de l’Etat et la famille. Pour le MP3, il est urgent de mieux contrôler et de mieux gérer la fortune publique en réduisant par exemple le nombre de membres du gouvernement de 60 à 20 ; et en récupérant les fonds détournés par une nouvelle autorité en charge de la lutte contre la corruption dotée des pleins pouvoirs. Sur la forme de l’Etat, il propose une conférence nationale souveraine en 2026 et l’adoption des résolutions qui en sortiront par le peuple au cours d’un référendum en 2027. Quant à la famille, elle doit, apprend-on, être au cœur de la Nation. Le versement d’une allocation aux parents pour chaque naissance, ainsi que la prise en charge des soins médicaux pour les femmes enceintes et les enfants de 0 à 10 ans, contribueront à replacer la famille au cœur des priorités.
Education, justice, énergie
Le MP3 ne s’arrête pas là, puisqu’il enchaîne avec trois autres propositions touchant des domaines tels que l’éducation, la justice et l’énergie. Pour ce jeune parti politique, l’école telle qu’elle est conçue (depuis la colonisation) subira un changement radical, pour devenir un instrument de formation des jeunes à même de créer des richesses et de faire face aux défis de leur époque. « On n’a plus besoin aujourd’hui d’une école qui forme les chômeurs », déclare Hiram Samuel Iyodi, secrétaire exécutif du MP3.
La justice, quant à elle, devra être équitable pour tous. Pour le MP3, le chef de l’Etat ainsi que le ministre de la Justice, garde des sceaux, seront retirés du conseil supérieur de la magistrature. Ce qui renforcera l’indépendance du système judiciaire. L’accès systématique des justiciables à un avocat ainsi que la transformation des prisons en centres de production économique pour la réinsertion sont également prévus.
En ce qui concerne l’épineuse question du déficit énergique, le MP3 suggère que l’électricité soit produite grâce aux ressources naturelles (hydro, solaire, éolienne, géothermie, etc) dans chaque commune. Tout comme il met avant la réorganisation du réseau national existant autour des grands centres urbains, ainsi que la création de réseaux autonomes de distribution à l’échelle régionale.
Traitement des enseignants et médecins, conflits fonciers, transformation des matières premières
Après ces six premières clés, suivent ensuite trois autres portant sur le traitement des enseignants et médecins, les conflits fonciers et la transformation des matières premières locales. Selon le manifeste présenté à la presse, ce 1er février à Douala, la dignité des enseignants et des médecins sera restaurée à travers la création d’un statut spécial pour ces serviteurs de la Nation. Finis les salaires de misère, grâce la revalorisation de leurs salaires, avantages sociaux, conditions de travail et de leurs retraites.
Le Cameroun étant aux prises avec la question foncière, source potentielle de conflits, le MP3 suggère la suppression du ministère des Affaires foncières, la restitution des terres aux communautés locales pour la gestion (avec garantie de compensations financières aux acquéreurs), et la limitation à deux (02) hectares de la capacité d’acquisition pour une personne morale ou physique.
Les exportations de matières premières faisant partie des principaux facteurs qui tirent vers le bas la captation des devises, le MP3 souhaite y mettre fin à travers les mesures suivantes : l’interdiction de l’exportation des matières premières avant la première transformation, l’augmentation des droits de douane sur les produits importés (afin de soutenir l’industrie locale), le désenclavement des bassins de production, ainsi que la création d’un pôle de croissance agricole dans chaque département.
Fin du néocolonialisme
Le MP3 qui se considère comme un parti politique souverainiste et panafricaniste entend mettre fin au néocolonialisme via la sortie immédiate du Franc CFA, travailler à l’adhésion du pays à une monnaie panafricaine ou régionale ainsi que sur le leadership pour la création du Fonds monétaire africain (FMA) et l’affranchissement du Cameroun du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Cette proposition apparaît clairement dans le 10ème point du manifeste du MP3.
Quant aux deux dernières clés, elles ont trait à l’instauration d’une semaine nationale de commémoration des héros et des étoiles de la Nation (à l’origine de l’esprit HEMLE), la décolonisation des noms des rues et infrastructures publiques pour les renommer en l’honneur des figures nationales, l’adoption de la double nationalité, l’accompagnement des investissements de la diaspora. Et enfin, la suppression du visa d’entrée pour tous les Africains et Afro-descendants.
JRD