(EcoFinances.Net) – Le Fonds monétaire international (FMI) et les autorités camerounaises sont parvenus à un accord au niveau des services sur les 7èmes revues des programmes au titres de la Facilité élargie de crédit (FEC) et du Mécanisme élargi de crédit (MEDC), ainsi que la 2ème revue du programme au titre de la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD), selon un communiqué du Fonds publié le 30 janvier 2025, qui renseigne que l’achèvement de ces revues permettrait de procéder à des décaissements de 73 millions de dollars au titre des accords FEC-MEDC et de 45,6 millions de dollars au titre de l’accord FRD, soit un montant total de 118,6 millions de dollars US (75,9 milliards de FCFA, selon le cours actuel du dollar américain).
« Le FMI et les autorités camerounaises sont parvenus à un accord au niveau des services sur les septièmes revues des accords FEC/MEDC, ainsi que sur la deuxième revue de l’accord FRD. Le dossier est soumis à l’approbation du conseil d’administration du FMI. L’achèvement de ces revues permettrait de procéder à des décaissements de 55,2 millions de DTS (73 millions de dollars) au titre des accords FEC-MEDC et de 34,5 millions de DTS (45,6 millions de dollars) au titre de l’accord FRD », indique Cemile Sancak, la cheffe de mission du FMI pour le Cameroun, qui a conduit une équipe du Fonds dans le pays du 03 au 16 octobre 2024, après des réunions ultérieures avec les autorités à Yaoundé.
Alors que la FEC apporte une aide financière à moyen terme aux pays à faible revenu connaissant des difficultés prolongées de balance des paiements (document qui évalue les échanges commerciaux entre les résidents d’un pays et les non-résidents) ; le MEDC fournit, quant à lui, une aide financière aux pays qui se heurtent à de graves problèmes de financement de la balance des paiements à moyen terme en raison de faiblesses structurelles qui nécessitent une intervention s’inscrivant dans la durée. Concernent la FRD, elle offre un financement abordable et à long terme permettant à des pays engagés dans des réformes de réduire les risques pour la stabilité future de leur balance des paiements, notamment ceux liés au changement climatique et aux pandémies.
Grands défis économiques
L’accord auquel sont parvenues les deux parties intervient dans un contexte où le Cameroun continue de faire face à une série de défis sur le plan économique. Non seulement, il doit se battre pour rééquilibrer sa balance commerciale (déficitaire de plus de 1000 milliards de FCFA par an depuis une décennie) à travers un certain nombre de réformes (la politique d’import-substitution en fait partie) ; mais il est aussi et surtout contraint de régler la question de l’inflation, d’améliorer le climat des affaires, d’investir densément dans le secteur productif, d’améliorer la gouvernance publique et de lutter férocement contre la corruption.
Même si le budget 2025 a été adopté par le Parlement en décembre dernier conformément aux objectifs fixés dans le cadre du programme appuyé par le FMI en faveur du Cameroun et reste en ligne avec la politique budgétaire relative aux élections présidentielles prévues cette année, l’institution de Bretton Woods pense toutefois que « l’un des principaux objectifs reste de dégager l’espace nécessaire à l’investissement productif et social et de faire progresser les réformes sur le plan de la lutte contre la corruption ».
A l’issue des discussions avec les autorités, Mme Sancak estime que la reprise économique se poursuit au Cameroun, même si la croissance économique demeure modérée. Elle en veut pour preuve le fait que cette dernière s’est établie à 3,2% en 2023 et devrait se redresser pour atteindre 3,9% en 2024. Tout comme elle fait savoir que l’inflation a encore diminué. « L’inflation moyenne sur douze mois s’est établie à 4,6% en novembre 2024, contre 7,5% l’année dernière (2023, Ndlr) », souligne-t-elle.
Perspectives budgétaires pour 2024, poursuite des réformes, …
Quant aux perspectives budgétaires pour 2024, l’on apprend qu’elles sont positives ; avec un objectif de déficit primaire non pétrolier de 2% du PIB (Produit intérieur brut), en amélioration par rapport aux 2,5% du PIB de 2023 (et aux 3,9% du PIB en 2022). Les équipes du FMI constatent également que les recettes non pétrolières ont augmenté de 5% au premier semestre 2024, grâce aux bons résultats de l’impôt sur les sociétés et des impôts indirects. Ceci, alors que « les dépenses inférieures aux attentes sont dues à des retards dans les projets d’investissement, une difficulté récurrente qui pèse sur les perspectives de croissance ».
Cependant, le FMI fait savoir que ces perspectives sont globalement positives sous réserve de la poursuite de la mise en œuvre des réformes et du maintien de conditions extérieures favorables. Car, les prévisions de croissance restent inchangées à environ 4 % en 2024 et augmentent progressivement à environ 4,5 % à moyen terme. Tout comme l’inflation devrait tomber à 4,4 % d’ici la fin de 2024 et atteindre progressivement le critère de convergence de 3 % de la Cemac d’ici 2026, apprend-on.
Retards dans la mise en œuvre des réformes
Bien que le Cameroun a enregistré quelques bons points dans la mise en œuvre du programme de réformes structurelles, il n’en demeure pas moins vrai que des retards ont été enregistrés. Le Fonds encourage les autorités à redoubler d’efforts pour achever les mesures importantes prévues dans le programme relatives à la gouvernance dans le secteur des industries extractives, au climat des affaires, à la réforme des entreprises publiques et à la gestion des finances publiques. Tout comme il insiste sur la reprise et l’accélération des travaux en suspens de longue date sur le plan de restructuration de la Sonara et à réviser la loi de 2013 afin de rationaliser les incitations à l’investissement. Surtout que le Cameroun s’est fixé des objectifs ambitieux dans sa Stratégie nationale de développement (SND30).
Résilience et durabilité
Enfin, dans le cadre de l’accord FRD, le Cameroun a, apprend-on, intensité ses efforts pour améliorer le cadre de la politique climatique. A ce sujet, le FMI estime que les réformes avancent bien, notamment pour établir des lignes directrices pour l’évaluation des projets d’investissement en tenant compte des considérations liées au changement climatique et améliorer la préparation aux catastrophes en revisitant la loi sur la protection civile et en actualisant le mandat de l’Observatoire national des risques. « Le FMI et d’autres partenaires au développement fournissent une assistance technique pour un plan national sur le climat, une stratégie nationale pour le financement des risques de catastrophe et le renforcement de la gouvernance et de la durabilité du secteur forestier », relève Cemile Sancak, la cheffe de mission du FMI pour le Cameroun.
Pays sous programme avec le FMI depuis 2021
Pour rappel, les accords aux titres de la FEC et du MEDC ont été approuvés par le conseil d’administration du FMI pour un montant total de 689,5 millions de dollars (441,8 milliards de FCFA, selon le cours actuel du dollar) en 2021. Une prolongation de 12 mois de ces accords a été approuvée en décembre 2023 afin de donner plus de temps aux autorités camerounaises pour mettre en œuvre les mesures et réformes, et l’accès aux ressources a été augmenté de 147,6 millions de dollars (94,5 milliards de FCFA). L’accord de 18 mois au titre de la FRD, pour sa part, a été approuvé par le conseil d’administration en janvier 2024 pour un montant de 183,4 millions de dollars (117,5 milliards de FCFA).
JRD