(EcoFinances.Net) – La Fotrac s’est déroulée une fois de plus en 2024, mais plutôt dans la ville d’Ebolowa, et non à Kye-Ossi, la zone des trois frontières. Quel bilan faites-vous de cette autre édition et en quoi est-ce qu’elle s’est démarquée des précédentes éditions ?
La 15ème édition s’est tenue du 07 au 21 juillet 2024 et a connu des soucis qui nous ont amené à délocaliser le site de la foire transfrontalière vers Ebolowa. Nous avons eu des soucis avec les voies d’accès à la frontière qui se sont détériorées complètement, avec à la clé des risques d’accidents. Voyez-vous, nous avons aussi le devoir de prévenir des risques comme ceux-là. Quand on voit une voie ou une route accidentogène, on prend les mesures qui s’imposent afin que les centaines de personnes qui partent des différents pays ne puissent pas être surpris, alors que par le passé elles sont venues par cette voie qui était encore praticable. On a donc délocalisé pour la ville d’Ebolowa.
Malgré cela, nous avons pu accueillir 15 pays d’Afrique centrale et de l’Ouest, qui ont pu travailler ensemble. Ceci, sous l’encadrement du gouvernement du Cameroun, à travers le ministère du Commerce, d’autres institutions publiques et parapubliques comme le Minrex (ministère des Relations extérieures) le Mintoul (ministère du Tourisme et des loisirs), la Douane, le Minfof (ministère des Forêts et de la faune), le Minproff (ministère de la Promotion de la femme et de la famille), etc…
L’édition 2024 a malgré tout connu un réel succès, avec une forte participation des délégations du Cameroun, du Tchad, du Gabon, de la Guinée équatoriale, de la RDC, de la RCA, en plus de ceux venant d’autres pays comme le Nigeria, le Bénin, le Ghana, la Côte d’ivoire, le Burkina Faso. Soit en tout 15 pays qui ont suscité la curiosité des visiteurs.
A côté de ces pays, des grandes institutions comme notre partenaire Unoca (Bureau des Nations Unies pour l’Afrique centrale), la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) et le Pref-Cemac (Programme des réformes économiques et financières de la Cemac), ont édifié les participants sur tout ce qui a trait à la libre circulation des personnes et des biens, la sécurité aux frontières et le long des corridors (entre les pays), la coopération transfrontalière, le développement local avec le Feicom (Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale) et les communes frontalières, la gastronomie…Mais aussi, des artistes dont certains sont venus des pays de la Cemac et beaucoup de rencontres B2B (Business to Business), de partenariats, le concours du partenaire français APPA (Aide aux Paysans et Planteurs d’Afrique) sur les médailles attribués aux produits. Ces médailles rehaussant la visibilité des produits, selon qu’ils aient reçu des médailles en argent, or ou bronze.
Les participants sont venus de ces différents pays dont une forte présence de ceux de l’Afrique centrale. L’édition 2024 a également enregistré la présence de plusieurs hautes personnalités venant des ministères et gouvernorats du Cameroun et du Gabon, et autres. Des directeurs, délégués, associations, GIC, ONG et autres chefs traditionnels ont fait le déplacement d’Ebolowa. Bref, beaucoup de visiteurs ont pris part à la Fotrac 2024, malgré le fait qu’on a changé de ville ou d’emplacement en l’espace d’un mois. Nous pouvons dire que nous avons atteint les objectifs, car Ebolowa était pour la circonstance mieux adaptée.
Cette édition 2024 s’est démarquée des précédentes éditions par le nombre grossissant de participants venus des pays lointains et de ceux qui participent pour la première fois à la Fotrac qui, l’an dernier, a été marquée par l’encadrement de bout en bout des participants par les institutions Cemac et l’Unoca. D’autre part, l’événement a bénéficié de la présence d’autres organisations comme l’Unesco (Organisation des Nations Unies, pour l’éducation, la science et la culture), la FAO (Programme alimentaire mondial) et autres, qui ont animé directement des cessions de formation, édifiant les femmes et les jeunes sur l’inclusion financière et la gestion des entreprises.
Nous sommes en 2025 et une autre édition de la Fotrac est prévue cette année. Quelles sont les perspectives et que prévoyez-vous apporter comme innovations afin de satisfaire davantage les partenaires qui vous accompagnent depuis des années ?
Meilleurs vœux 2025 à tous et merci à Dieu de nous avoir accompagné jusqu’ici. La 16ème édition de la Fotrac se prépare activement et sereinement. Depuis la fin de la dernière édition en juillet dernier, il était question de faire un rapport, d’évaluer et de remercier les différents partenaires et participants, de projeter aussi l’édition 2025 en tenant compte des recommandations de l’édition 2024. Les perspectives prévoient un retour à la base, c’est-à-dire au tripoint frontalier Cameroun-Gabon et Guinée équatoriale, avec la ville principale Kye-Ossi, un déploiement dans les deux villes frontalières avec l’accord des pays hôtes ou sollicités, à savoir les autorités gabonaises et équato-guinéennes (presqu’acquises), le Cameroun étant acquis à la cause.
Nous prévoyons accueillir beaucoup plus de participants en matière d’exposants venus de différents pays, pas seulement de l’Afrique centrale et de l’Ouest, mais également de la diaspora et du monde. Nous y attendons tous ceux qui sont intéressés par le partage d’expérience, l’écotourisme, l’intégration continentale, les échanges intra-régionaux, les échanges internationaux, etc…
Nous prévoyons aussi d’innover en matière de sites à visiter. Un évènement est prévu à Dibloho en Guinée équatoriale, et qui est l’élection Miss intégration régionale et ambassadrice de paix, de concert avec les autorités équato-guinéennes, la visite des sites touristiques à Bitam (au Gabon) si l’autorité de la transition nous le permet, même si nous abordons la période délicate des élections présidentielles dans ce pays voisin et frère. Nous prévoyons beaucoup d’animations culturelles et aussi des débats sur le changement climatique, l’intégration régionale sous toutes ses composantes, et une élection Miss Mama Central Africa, qui sera la femme la plus entreprenante en matière de savoir-faire. Nous allons apprécier la qualité des produits, la présentation des produits et les techniques de commercialisation. Ce sera un concours et nous allons évaluer pour voir qui des différentes candidates se sera démarquée dans sa manière de faire, son approche pour édifier l’assistance.
Nous allons, par la grâce de Dieu, accueillir les autorités de l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine) à l’édition 2025 qui souhaiteraient rencontrer sur le terrain les autorités de la Cemac. Et aussi, nous prévoyons une rencontre entre les gouverneurs des villes frontalières pour évoquer les questions de paix. Il y a une conférence sur la paix et la sécurité, mais avec les acteurs de haut niveau comme les gouverneurs des régions et des provinces transfrontalières.
Les artistes internationaux et nationaux seront bien évidemment de la partie. La gastronomie africaine occupera une place de choix. Tout comme l’industrie d’’habillement, sous toutes les coutures, sera un point important de cette 16ème édition qui se prépare.
En plus du rôle que vous jouez en tant que promotrice de la Fotrac, vous êtes aussi et surtout la présidente du RÉFAC. Et à ce titre, vous menez un certain nombre d’actions au profit des populations du continent. Peut-on avoir une idée de ces actions ?
Évidemment, hormis le rôle que je joue en tant que promotrice de la Fotrac, je suis la présidente du Réseau des femmes actives d’Afrique centrale (Refac), vice-présidente de la Coalition des OSC d’Afrique centrale pour la paix et la prévention des conflits (Copac). Et à ce titre, nous menons beaucoup d’actions sur des questions de prévention des conflits, de sensibilisation et surtout le plaidoyer.
Très récemment, nous sommes allées au Gabon dans le cadre de coalition Copac où je suis vice-présidente, pour rencontrer, avec West Africa Network for Peacebuilding (WANEC) , les autorités de la Ceeac (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale) afin d’évaluer le rôle de la société civile dans la prévention des conflits et des questions de paix et de sécurité ; rencontrer les responsables de l’Unoca, pour solliciter la poursuite d’une collaboration au niveau sous-régional, régional et continental, pour pallier certaines difficultés rencontrées par nos organisations de la société civile ; mais aussi et surtout pour discuter de la préoccupation des populations sur les conflits dans la sous-région Afrique centrale, notamment la région des Grands Lacs, et les menaces réelles dans le golfe de Guinée ( la crise du NoSo au Cameroun, l’instabilité en RCA , Boko Haram au Tchad , les conflits en RDC, et autres).
Il est aussi question de mobiliser nos sœurs leaders d’autres organisations avec lesquelles nous avons noué des partenariats pour une action plus impactante dans le domaine socioéconomique de manière particulière et générale, les droits humains, la paix et la sécurité.
En décembre 2024, j’ai été invitée à porter la voix de la société civile d’Afrique centrale au Conseil de sécurité des Nations Unies, et de présenter la situation sécuritaire sous le prisme de la société civile ; les problèmes que rencontrent les citoyens de la communauté et à faire le plaidoyer sur les questions qui fâchent. Voyez-vous, les questions ont besoin de trouver des solutions auprès des gouvernants, des institutions régionales, continentales voir internationales.
J’ai aussi pu participer, avec mes consœurs des autres organisations, au 1er forum des premières dames sur l’entrepreneuriat, paix et sécurité, afin de voir comment booster le potentiel de la jeune fille entreprenante et motiver les filles vulnérables afin qu’elles embrassent la formation professionnelle et qu’elles trouvent une place digne dans la société.
Donc, on a parlé d’inclusion de la jeune fille et surtout de la protection de la jeune fille, l’autonomisation de la femme et de la jeune fille, etc… La question de paix est revenue à ce forum, afin de voir comment soutenir les femmes exerçant le commerce frontalier et les femmes qui vendent dans les zones frontalières ; et qui rencontrent beaucoup de difficultés à circuler, dans un environnement où des violences sont perpétrées par certaines personnes ou certains agents indélicats que nous retrouvons aux frontières ou le long des corridors.
Ces missions nous permettent en même temps de faire du lobbying, le plaidoyer pour la participation d’un plus grand nombre de personnes, de leaders et des institutions à la Fotrac. L’objectif visé étant de faire bénéficier aux citoyens participants ou visiteurs à la foire des offres et services de nos institutions régionales et autres, du 07 au 30 juillet prochain à Kye-Ossi , pour ce qui est de la 16ème édition qui se prépare.
La Fotrac, qui se déroule cette année du 17 au 30 juillet 2025, au tripoint frontalier Cameroun-Gabon et Guinée équatoriale, attend la participation de tous les acteurs de développement, les partenaires au développement, les sponsors et les amoureux de l’Afrique.
Il faut surtout noter que la Fotrac est organisée sous le haut patronage du gouvernement du Cameroun, avec le parrainage du ministère camerounais du Commerce, en partenariat avec le gouvernement de Guinée équatoriale (le parrainage du ministère des affaires sociales et l’égalité des genres de Guinée équatoriale). Le Bureau des Nations unies pour l’Afrique centrale (Unoca), la Cemac et d’autres partenaires sont également attendus.
Propos recueillis par JRD