(EcoFinances) – Le phénomène des importations d’huiles végétales raffinées non conformes en violation de la réglementation en vigueur (NC 77) auquel fait face depuis quelque temps la filière des oléagineux au Cameroun, menace gravement les 60 000 emplois directs de ce secteur d’activité, compromettant par conséquent la possibilité pour l’Etat de continuer de capter une bonne partie de ses ressources fiscales grâce au dynamisme de cette filière, selon le secrétaire général de l’Asroc (Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun), Jacquis Gabriel Kemleu Tchabgou, qui était face à la presse ce mardi 26 novembre 2024 à Yaoundé.
Et comme si la filière n’en avait pas déjà assez de subir les conséquences terribles de cette situation, les entreprises membres de l’Asroc (SCR Maya & Cie, Azur SA, Sodecoton SA, SCS/Rafca , CCO SA, Saagry, HACC, IBI, NRC, SCS Alid) sont également confrontées à la concurrence déloyale entre acteurs économiques en raison de la mise dans les espaces marchands des huiles locales produites et commercialisées en violation de l’écosystème juridique en place. Des huiles qui, en plus de fragiliser la filière, menace gravement la santé des consommateurs.
« La filière souffre ces derniers temps non seulement des contrecoups des importations d’huiles végétales raffinées non conformes en violation de la réglementation en vigueur, importations toujours pas maitrisées, malgré les hautes instructions du Premier ministre chef du gouvernement, relayées par les ministres des Finances et du Commerce à leurs collaborateurs, mais également d’une concurrence déloyale entre acteurs économiques du fait de la mise dans les espaces marchands des huiles localement produites et commercialisées en violation de l’écosystème juridique en place, huiles menaçant gravement la santé des consommateurs », déclare Jacquis Kemleu, précisant que mesures (descente sur le terrain des brigades de la direction générale des Douanes et du Mincommerce , saisie des produits non conformes), continuent d’être prises dans la perspective de juguler ce phénomène récurrent.
Déficit structurel de la matière 1ère essentielle
Les importations non conformes d’huiles végétales raffinées ainsi que la concurrence déloyale entre acteurs économiques refont surface dans un contexte où le pays est confronté à un déficit structurel de la matière essentielle qu’est l’huile de palme brute de plus de 160 000 tonnes. Ce qui justifie des importations annuelles de cette denrée de l’ordre de 100 000 tonnes en moyenne (96 000 T en 2017, 100 000 T en 2018, 80 000 T en 2019, 70 000 T en 2020, 100 000 T en 2021, 143 000 T en 2022, 200 000 T en 2023 et 225 000 T à réaliser en 2024). « (…) Ces importations, qui s’imposent à ce jour, sont une mesure conjoncturelle, appliquée dans l’attente du relèvement de la production nationale d’huile de palme brute, et ne constitue en rien une violation de la politique d’import-substitution comme les spécialistes de la désinformation veulent nous le faire croire. L’importation qui est une mesure conjoncturelle est désormais comprise par tous », fait savoir le SG de l’Asroc.
A croire Jacquis Kemleu , les industries de la 2ème transformation, notamment ceux de l’Asroc, de l’ATHV (Association des transformateurs d’huiles végétales) et de l’ATPO (Association des transformateurs des produits oléagineux) , ont en 2024 sollicité auprès du Comité de régulation de la filière des oléagineux, l’autorisation d’importation de 225 000 tonnes d’huile de palme agréée en date du 04 juillet 2024 par le Minfi, dans des conditions susceptibles d’éviter le relèvement du prix de cession de l’huile végétale raffinée et par voie de conséquence l’entrave à la politique de la lutte contre la vie chère. Des conditions qui n’ont malheureusement pas produit l’effet escompté et interpellent sur la nécessité de davantage planter pour résoudre le déficit structurel de l’huile de palme brute qui s’accroit chaque année », explique-t-il.
Des investissements de 1000 milliards de FCFA
Tout comme il fait savoir qu’avant l’inondation de l’espace commercial local par des huiles végétales mal déclarées et non traçables, la filière des oléagineux a, entre autres, permis d’assurer l’approvisionnement régulier de l’industrie et du marché local en huiles végétales brutes et raffinées (l’offre en huile végétale raffinée est de 18 000 tonnes et la demande se situe autour de 15 000 tonnes) ; de préserver les près de 60 000 emplois directs ayant été créés dans les segments de la production et de la transformation tout comme ceux des services intermédiaires existant et à créer ; et d’assurer la contribution au PIB (Produit intérieur brut) et aux impôts de diverses natures.
Pour rappel, la filière des oléagineux dont les investissements ne cessent de croître en dépit d’une conjoncture économique difficile du fait de la guerre contre Boko Haram, de la guerre du NoSo (Nord-Ouest/Sud-Ouest), de l’insécurité à aux frontières notamment du côté du Nord Cameroun et de la RCA, des suites de la pandémie à coronavirus et tout récemment de la guerre en Ukraine, a déjà investi plus de 1000 milliards de FCFA , tel que le démontrent les nouvelles unités de transformation créées et annoncées.
JRD