(EcoFinances) – La société Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam) vient de remporter trois des quatre lots de l’appel d’offres international lancé en procédure d’urgence par la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) au mois de juin 2024 pour la collecte des ordures ménagères dans la capitale politique du pays, selon les résultats de cet appel d’offres publiés ces derniers jours par les services de la super-mairie de Yaoundé. Les trois lots remportés par Hysacam sur les quatre proposés représentent un montant d’un peu plus de 45 milliards de FCFA sur un marché global d’un valeur globale de 61,8 milliards. Les offres faites par d’autres opérateurs pour le 4ème lot n’ont été approuvées par les services compétents de la CUY.
Dans un contexte où la ville de Yaoundé éprouve depuis quelques années des difficultés à gérer efficacement ses déchets, avec ses rues régulièrement encombrées d’ordures, Hysacam s’impose donc face à ses concurrents grâce au niveau élevé de son expertise et la compétitivité de ses services. Surtout qu’en dépit du recrutement, il y a quelques années, d’un nouvel opérateur (Thychlof Sarl), afin de l’appuyer dans l’activité de ramassage des déchets, les choses ne sont pas vraiment améliorées. En raison non seulement de la problématique du paiement tardif des prestations, mais aussi parce que ce nouvel opérateur a fait montre de limite en matière de collecte des ordures.
Pour régler partiellement ce problème, et compte tenu du fait que les contrats des entreprises en charge de la collecte des déchets ont expiré en décembre 2023, la CUY a donc lancé depuis le 05 juin 2024 un appel d’offres international ouvert en procédure d’urgence pour le recrutement de 04 prestataires pour assurer la collecte des ordures ménagères à Yaoundé. Un marché d’un montant global de 61,8 milliards de FCFA pour lequel Hysacam a finalement été la seule à être retenue, en raison de la robustesse de ses offres.
Bien qu’Hysacam s’est vue attribuée cet important marché, il est évident que ça ne résoudra pas durablement la problématique de la collecte des ordures dans la ville de Yaoundé, comme dans le reste du pays. Le principal écueil étant celui de l’épineux problème du financement de la politique de collecte des déchets au Cameroun. A titre d’illustration, le pays a, entre 2020 et 2022 (en 03 ans), collecté 60,6 milliards de FCFA destinés à la gestion des ordures. Mais, cet argent, réparti entre les 360 CTD (Collectivités territoriales décentralisées) que compte le pays, s’est avéré très insuffisant pour gérer la collecte des déchets.
En plus des mesures que les pouvoirs publics envisagent de déployer contre cette problématique comme la taxe de développement local dont le fuit sera reversé aux CTD pour divers services de base (enlèvement des ordures ménagères, éclairage public, eau et électricité, etc) rendus aux populations, des experts expliquent que les maires des communes pourraient, par exemple, mettre un certain nombre d’actions sur pied pour résoudre ce problème. A l’instar de la mise en place d’un réseau d’entreprises agréées pour effectuer la collecte des déchets, la mise sur pied d’une véritable usine de traitement des déchets (la plupart des acteurs présents dans ce secteur n’étant que des startups), la conception d’un mécanisme de récupération des déchets depuis les domiciles des populations pour les acheminer vers les entreprises de traitement et moyennant une rémunération de la part de ces entreprises. Ou encore, l’instauration d’une amende pour abandon de déchets dans la rue.
Danielle Dikoume