mercredi, 20 novembre 2024
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Financement des projets au Cameroun : Les mécanismes de financement que propose le fonds norvégien Norfund

Le Fonds d’investissement norvégien, Norfund, a procédé au lancement de ses activités au Cameroun, ce mercredi 30 octobre 2024 à Douala, en présence de la vice-présidente exécutive de Norfund, Ellen Cathrine Rasmussen, en présence de nombreux chefs d’entreprises au rang desquels le PCA du groupe Activa, Richard Lowe, et Henriette Noutchogouin Kom, qui co-dirige le groupe Jean-Samuel Noutchogouin (JSN).

(EcoFinances) – Les difficultés d’accès des entreprises camerounaises au financement bancaire ont été évoquées ce mercredi 30 octobre 2024 à Douala, à l’occasion du lancement des activités du fonds d’investissement norvégien Norfund au Cameroun, en présence des responsables de cette Institution de financement du développement (IFD) dans les pays en développement et de nombreux chefs d’entreprises. Une occasion pendant laquelle les patrons camerounais ont levé un pan de voile sur les difficultés d’accès au financement qu’ils vivent au quotidien.

Pour des chefs d’entreprises comme Henriette Noutchogouin Kom, qui co-dirige le groupe JSN (Jean-Samuel Noutchogouin), le financement est carrément inexistant dans le secteur agropastoral et particulièrement dans la filière avicole où l’un des fleurons du groupe Noutchogouin est leader.

Difficile accès au financement bancaire

En raison de l’absence ou de l’extrême rareté de financement, l’aviculture est presque devenue aujourd’hui une activité informelle. « Les clients que nous avions il y a 44 ans n’existent plus. C’est un secteur qui est devenu informel. Vous avez des fournisseurs qui promettent de vous livrer du maïs, mais qui reviennent vous dire que c’est impossible parce que la banque ne leur a pas prêté l’argent », indique-t-elle, précisant qu’il y a aussi des cas où le client promet de prendre des poussins d’un jour et ne parvient pas à le faire parce qu’ils n’ont pas obtenu le soutien de la banque.

Une triste réalité que vivent de nombreux acteurs économiques camerounais. Jean-Pierre Ymele, PDG de Biotropical, dit vivre la même situation dans son domaine qui est celui de la transformation des fruits frais en fruits secs pour l’export. « L’accès au financement est un véritable parcours du combattant. Les banques sont hésitantes et demandent parfois trop de garanties. Sans compter que même lorsqu’elles le font, c’est sur le court terme et à des taux d’intérêts prohibitifs. Or, l’agriculture est un secteur qui demande de la patience et nécessite des financements sur le long terme », fait-il savoir.

Des cas comme ceux-ci sont légion dans le pays. Et les opérateurs économiques qui se sont entretenus avec les responsables de Norfund ce 30 octobre se disent curieux quant aux mécanismes de financement que cette IFD est prête à leur proposer.

Les secteurs ciblés par Norfund

Pour la vice-présidente exécutive de Norfund, Ellen Cathrine Rasmussen, l’institution qu’elle représente au Cameroun est prête à aider les entreprises locales à se développer. « Ce qu’on cherche, ce sont de bons projets. Par bons projets, nous entendons des projets dans des secteurs tels que les énergies renouvelables, les institutions financières, le secteur agrobusiness, le secteur de l’industrie, etc.. Mais également, des domaines comme le traitement des déchets ou encore l’eau potable », a-t-elle déclaré.

Avant d’ajouter : « Lorsque nous investissons par exemple dans l’actionnariat d’une entreprise, ce n’est pas pour y rester. A un moment donné, nous sortons pour permettre à l’entreprise de poursuivre ses activités. Nous sommes patients. Nous sommes avec les entreprises pour faire ce qu’il faut, afin qu’elles se développent encore plus ».

Flexibilité dans l’accès aux financements

Contrairement au Private equity (capital investissement) qui offre très peu de flexibilités aux entreprises (elles sortent généralement après 05 ans du capital), une Institution de financement du développement (IFD) comme Norfund travaille patiemment aux côtés du porteur du projet pendant une durée pouvant aller au-delà de dix ans, afin d’aider l’entreprise à grandir.

« Nos financements commencent à partir de 05 millions de dollars en montant. Notre objectif est de contribuer à bâtir des entreprises africaines appartenant aux Africains et dirigées par des Africains. Nous ne sommes pas là pour financer des entreprises globales. Nous sommes pour l’accroissent des capitaux de l’entreprise. Lorsque nous entrons dans un projet ou une entreprise, c’est pour un temps. Car après, nous sortons de l’actionnariat pour permettre à l’entreprise de poursuivre l’atteinte de ses objectifs », explique, pour sa part, Naana Winful Flynn, directrice régionale de Norfund pour l’Afrique de l’Ouest.

Des propos qu’approuve Fabrice Mpollo, directeur sénior des investissements chez Norfund pour qui l’arrivée de de cette IFD dans le pays marque « un engagement clair et pragmatique de sa volonté d’accompagner les entreprises camerounaises à franchir un nouveau cap de croissance ».

3,6 milliards de dollars d’actifs sous gestion

Pour rappel, le lancement des activités de Norfund ce 30 octobre en présence de la représentante du gouvernement norvégien, Solveig Andressen, et d’un grand patron tel que PCA du groupe Activa, Richard Lowe, a permis aux uns et autres d’en savoir un peu plus sur cette IFD.

Créé en 1997 par le gouvernement norvégien, Norfund, qui est présent dans 30 pays dans le monde dont 16 en Afrique, est un fonds d’investissement norvégien pour les pays en développement. Il s’agit d’une institution financière de développement créée par le Parlement avec pour objectif principal de créer des emplois, améliorer les conditions de vie et soutenir la transition vers une économie à faible émission de carbone dans les pays en développement.

Les données récentes renseignent que plus de 633 000 personnes ont travaillé ces dernières années dans des entreprises financées par Norfund. Le fonds revendique avoir contribué à éviter l’émission de plus de 11 millions de tonnes de CO2 et dispose de  3,6 milliards de dollars US d’actifs sous gestion. Tout comme il indique que les entreprises dans lesquelles il a investi ont jusqu’ici réussi à payer près de 2,8 milliards d’euros de taxes.

Joseph Roland Djotié

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