mercredi, 18 décembre 2024
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Ellen Cathrine Rasmussen, vice-présidente de Norfund : « Le fonds d’investissement norvégien est au Cameroun pour aider les entreprises locales à se développer »

La vice-présidente exécutive du fonds d’investissement norvégien Norfund, qui a lancé ses activités à Douala ce mercredi 30 octobre 2024, revient dans cet entretien sur les raisons du choix du Cameroun et de l’Afrique centrale, ainsi que sur les mécanismes de financements que cette IFD (Institution de financement du développement) propose aux entreprises camerounaises, dans un contexte de rareté des ressources et au moment où le secteur privé est plus que jamais appelé à faire preuve de créativité pour contribuer activement à la lutte contre les changements climatiques et ses effets néfastes.

EcoFinances.Net (EFN) : Qu’est-ce qui explique votre présence au Cameroun ?

Ellen Cathrine Rasmussen (ECR) : Je représente Norfund, qui est le fonds d’investissement norvégien dans les pays en développement. Nous sommes en Afrique depuis 27 ans, mais on a aussi décidé de nous installer au Cameroun pour investir dans les projets. Nous espérons d’ailleurs que les chefs d’entreprises que nous avons invités ici ce jour à l’occasion du lancement de nos activités au Cameroun seront intéressés par les mécanismes de financement que nous allons leur proposer.

EFN : Pourquoi avoir choisi le Cameroun ?

ECR : Pour le nous Cameroun, c’est la plaque tournante et le gateway (porte d’entrée) pour les autres pays de la sous-région. Aussi, il y a le fait qu’on trouve au Cameroun un environnement des affaires attrayant avec beaucoup d’entreprises qui sont solidement implantées et qui font les affaires depuis des décennies. Troisièmement, il y a également beaucoup de jeunes gens avec beaucoup d’énergie et de compétences, et qui sont d’ailleurs bilingues. Des jeunes prêts à mouiller le maillot et à donner le meilleur d’eux-mêmes. Des qualités qui sont très importantes pour réussir dans le monde des affaires.

EFN : Quelle est l’enveloppe que vous apportez et que vous êtes prêts à injecter dans les projets au Cameroun et en Afrique centrale ?

ECR :On n’a pas de montants particuliers. Ce qu’on cherche, ce sont de bons projets. Par  bons projets dans lesquels nous pouvons investir, nous entendons des projets dans des secteurs tels que les énergies renouvelables, les institutions financières, le secteur agrobusiness, le secteur de l’industrie, etc.. Mais également, des domaines comme le traitement des déchets , et l’eau potable.

EFN : Combien d’emplois comptez-vous créer au Cameroun ?

ECR :Nous n’avons pas de chiffres particuliers, mais notre but est de  créer des emplois durables. Pour ce faire, on a de bonnes ambitions. Mais cela dépendra des types de projets qui nous serons proposés ou que nous nous-mêmes dénicher.

EFN : Vous avez investis des millions de dollars dans des projets au Nigéria et au Ghana, des pays anglophones. Dans quelle fourchette situez-vous les montants que vous êtes prêts à déployer dans des projets au Cameroun ?

ECR : Comme je l’ai dit tantôt, la façon dont nous travaillons à Norfund ce n’est pas de dire qu’on va investir tel ou tel montant dans tel pays ou tel autre. En fait, ce que nous faisons c’est de mettre l’accent sur de bons projets. Si nous trouvons de bons projets ici, on peut aller très loin en termes de montants à injecter. En plus, je souhaite ajouter que nous n’investissons pas seulement dans des pays anglophones. On a aussi des investissements en Côte d’Ivoire. Et on espère aussi financer des projets au Sénégal. On a fait quelques-uns, mais on veut être beaucoup plus présent dans des pays francophones africains.

EFN : Quelle est la durée de remboursement des crédits et à quels taux d’intérêt ?

ECR : Déjà, il faut savoir que nos taux sont vraiment bas et intéressants pour les entreprises. Parlant du remboursement des crédits ou financements octroyés, j’aimerai dire que c’est important pour nous. Norfund est un fonds qui investit dans des projets dans l’espoir d’avoir aussi un retour (sur investissement). Pourquoi ?  Parce que nous pensons que s’il faut avoir des entreprises vraiment durables, il faudrait qu’elles soient solides dans leurs finances. C’est pourquoi nous cherchons de bons projets à financer et nous voulons que les remboursements soient faits. Lorsque nous faisons des investissements comme par exemple la prise des parts dans l’actionnariat d’une entreprise, ce n’est pas pour y rester. A un moment donné, nous sortons pour permettre à l’entreprise de poursuivre ses activités. Nous sommes patients. Nous sommes avec les entreprises pour faire ce qu’il faut, afin qu’elles se développent encore plus.

EFN : Quelles sont les critères de sélection des entreprises ou des projets dans lesquels vous comptez investir ?

ECR :Premièrement nous investissons dans des entreprises présentes dans des secteurs comme les énergies renouvelables, l’agribusiness, le secteur productif,  et autres. Deuxièmement, nous recherchons des entreprises d’une certaine taille. Ça veut dire que notre ticket minimum d’entrée c’est de 05 millions de dollars US (03 milliards de FCFA), mais nous nous arrangeons pour ne pas être l’actionnaire majoritaire au sein des entreprises dans lesquelles nous injectons des ressources financières. Car, l’idée ici c’est d’aider véritablement les entreprises locales à se développer. D’où notre choix de ne pas être l’actionnaire majoritaire au sein des entreprises dans lesquelles nous investissons, parce que nous voulons qu’elles se développent et deviennent de très grandes entreprises.

EFN : Est-ce que les PME pourront faire partie de votre portefeuille ?

ECR : Ça dépendra des tailles. Les très petites entreprises, non. Si on veut on investir dans les plus petites entreprises, on le fait à travers des fonds destinés à cela. On n’a pas mal d’investissements dans les fonds présents en Afrique, et quelques-uns de ces fonds d’investissement investissent dans les plus petites entreprises. Mais nous ne sommes une organisation pour suivre des investissements dans les plus petites entreprises.

EFN : Est-ce que vous financez des projets qui cadrent avec les défis liés aux changements climatiques ? Surtout que vous arrivez au Cameroun au moment nous nous ne sommes pas épargnés par ce phénomène.

ECR : Absolument ! C’est un domaine clé pour nous. Nous accordons beaucoup d’importance aux projets liés aux changements climatiques. Nous le faisons pour essayer d’éviter les émissions de gaz carbonique, qui polluent l’atmosphère. Nous le faisons pour que les entreprises puissent être capables de lutter contre les changements climatiques et ses effets néfastes sur l’environnement. On fait les deux. On a par exemple fait des investissements en Afrique du Sud pour éviter l’impact négatif des pluies sur les plantations. C’est le type d’investissement qui peut aider les planteurs. Mais bien sûr, ce sont des investissements élevés. Ils ne sont pas faits pour les petits planteurs.

EFN :Parlant des énergies renouvelables, avez-vous des priorités?

ECR : Je pense que des secteurs comme l’énergie solaire et la biomasse sont intéressants. Mais nous planchons beaucoup plus pour l’énergie solaire, parce que c’est quelque chose qui est désormais assez développée à l’échelle planétaire. Mais évidemment, il y a la biomasse. Le seul hic avec la biomasse c’est qu’elle n’est pas encore assez développée. Ce qui fait qu’on pourrait avoir du mal à trouver des projets dans lesquels investir et qui sont susceptibles de générer un bon retour sur investissement. Toutefois, on voit de plus en plus des projets de production de la biomasse qui émergent.

Propos recueillis par Joseph Roland Djotié

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