(EcoFinances) – Le budget de l’Etat du Cameroun pour l’exercice 2024 qui était initialement de 6740,1 milliards de FCFA vient d’être revu à la hausse par l’ordonnance présidentielle du 20 juin dernier modifiant et complétant certaines dispositions de la loi de Finances du pays pour l’exercice en cours. Comparativement à la loi de finances initiale promulguée en décembre 2023, le nouveau budget 2024 enregistre une hausse de de 538 milliards de FCFA (+7,9%).
« Le budget de l’Etat pour l’exercice 2024 s’équilibre en ressources et en emploi à 7278,1 milliards de FCFA dont 7212,5 milliards de FCFA au titre du budget général et 65,6 milliards de FCFA pour les comptes d’affectation spéciale », indique l’ordonnance présidentielle.
Le document signé du chef de l’Etat ne donne aucun détail sur les raisons de cette importante augmentation du budget, qui sera soumis à l’approbation du Parlement ce mois de juin. Mais l’on sait toutefois que bien que la dernière mission du Fonds monétaire international (FMI) conduite au Cameroun par Cémile Sancak (et sa délégation) courant avril et mai 2024 s’est récemment achevée sur note positive pour le pays (accord pour le décaissement imminent de 73 millions de dollars), il n’en demeure pas moins vrai que le Fonds a fortement critiqué le gouvernement relativement à certains manquements concernant la gestion des finances publiques.
« (…) La gestion des finances publiques continue de présenter des quelques faiblesses avec un niveau des dépenses extrabudgétaires substantiel en 2023. Cela s’est traduit par des dépassements sur les dépenses courantes, et par l’inobservation, de peu, de l’objectif de déficit primaire hors pétrole fixé dans le cadre du programme. Le dépassement sur les dépenses courantes a également limité les ressources destinées à des investissements prioritaires en faveur de la croissance », a récemment indiqué la mission du FMI.
Avant d’ajouter : « Il convient donc de redoubler d’efforts pour améliorer l’intégrité et l’exécution du budget. Les autorités présenteront un budget rectificatif pour 2024 afin entre autres de limiter certaines dépenses exécutées au moyen d’avances de trésorerie et adopteront un plan d’apurement des arriérés intérieurs. Il y a eu un léger dépassement du plafond d’accumulation de nouveaux arriérés de paiements extérieurs ».
Endettement auprès de fonds nationaux et internationaux
Pour réaliser ce budget revu à la hausse, le gouvernement semble miser sur l’endettement auprès des bailleurs de fonds nationaux et internationaux. Puisque les recettes internes (fiscales et douanières) attendues cette année sont de l’ordre de 5235,1 milliards de FCFA (contre les 5190,1 milliards de FCFA prévus initialement). Il se trouve donc un gap de 2070,1 milliards à combler.
De l’argent que l’Etat ira chercher auprès des bailleurs de fonds. Soit en tout 783,2 milliards de FCFA de prêts projets, 280 milliards d’émission de titres publics, 235 milliards de FCFA d’appuis budgétaires PEF, 194 milliards de FCFA de financement bancaire, 84 milliards de FCFA issus du compte séquestre, 165,5 milliards de FCFA de financements exceptionnels (qui viendront de structures telles que la BAD, la Banque mondiale, le FMI, etc) et 467 milliards de FCFA venant d’autres emprunts extérieurs.
Mais pour réaliser ledit budget, l’Etat ne compte pas uniquement tendre la main aux prêteurs nationaux et internationaux. Il a dû réduire certaines dépenses, même si l’enveloppe globale consacrée aux dépenses augmente de 581 milliards de FCFA. L’Etat a donc opéré une légère coupe sur ses dépenses d’investissements, (-132 milliards de FCFA). Tout comme sur les dépenses de biens de services (-81,5 milliards de FCFA). Afin de parvenir à ce nouveau budget de 7215,5 milliards de FCFA.