(EcoFinances) – Le non-respect des normes dans le secteur du génie électrique pénalise et réduit les chances des PME locales d’accéder aux marchés publics et privés à travers le pays, selon les experts de la BSTP (Bourse de sous-traitance et de partenariat du Cameroun) et de l’ANOR (Agence des normes et de la qualité), qui ont animé, ce mardi 07 mai 2024 dans la capitale économique, la énième édition des cafés de la normalisation sous le thème : « Promotion des normes et de la qualité auprès des acteurs locaux du secteur du génie électrique ».
« Si l’on enregistre des cas d’incendies récurrents dans les marchés ou à certains endroits de nos villes et campagnes, c’est en partie parce qu’on ne respecte pas les normes liées au secteur du génie électrique. Le donneur d’ordre qui vous confie par exemple un marché a besoin d’être rassuré quant à votre capacité à réaliser un travail de qualité. Cela passe non seulement par le respect des normes dans le choix du matériel utilisé, mais aussi par le savoir-faire de la PME bénéficiaire du marché », a indiqué Emmanuel Makasso, responsable du développement des opportunités de sous-traitance à la BSTP.
Compétitivité de notre tissu industriel
Qui ajoute : « La thématique pose le problème de la compétitivité de notre tissu industriel qui met en exergue deux grosses variables à savoir l’accessibilité aux marchés et la capacité à pouvoir satisfaire à ces marchés. Au milieu, il y a l’exigence de pouvoir répondre aux standards mondialement admis en matière de sous-traitance, et notamment dans le cadre du génie électrique. Voyez-vous , le génie électrique est un secteur transversal qui intervient dans tous les autres secteurs :génie mécanique, génie industriel, génie civil, etc…».
A en croire l’expert, c’est conscient des difficultés que rencontrent les PME sur le terrain ainsi que des enjeux relatifs à l’observation des normes dans ce secteur que la BSTP a proposé à l’ANOR d’avoir cette session d’échanges sur les normes rendues d’application obligatoire dans le cadre du génie électrique. Ceci, « afin d’apporter au plus près des acteurs de la sous-traitance locale les clés d’éligibilité pour tous les travaux d’infrastructures qui mettent en exergue les aspects génie électrique pour leur réalisation ».
1000 normes d’application obligatoire
Concernant justement les normes qui sont aujourd’hui d’application obligatoire, les experts de l’ANOR parlent d’un peu plus de 1000 normes. L’économie de celles-ci a d’ailleurs été présentée aux dirigeants de PME au cours de la rencontre de mardi dernier. « Le but de la rencontre de ce jour (mardi 07 mai 2024, Ndlr) était de réunir les acteurs du génie électrique et de pouvoir leur présenter les différentes normes qui existent dans ce secteur-là. Mais bien plus, de leur montrer comment ils peuvent s’intéresser aux travaux de normalisation, prendre part aux activités des comités techniques, faire des expressions de besoins en normes, pour que, tous ensemble, nous puissions doter ce secteur-là de plusieurs normes pertinentes, permettant, comme vous le savez, d’éviter tout problème qui peut être lié à l’électricité », a expliqué Luc Claude Mamba, chef de la division de la Communication, de la promotion, et de l’accompagnement des entreprises à l’ANOR.
Poids du génie électrique dans l’économie
Pour rappel, le génie électrique est une discipline qui englobe l’étude, la conception et l’application des systèmes électriques. Il couvre un large éventail de domaines tels que l’électrotechnique, l’électronique de puissance, les systèmes de contrôle, les télécommunications, et bien d’autres. Et son poids dans l’économie camerounaise est plutôt significatif. Selon les données de la Banque mondiale de 2018, le secteur de l’électricité au Cameroun représentait environ 7,3% de la consommation d’énergie du pays. Ce secteur est dominé par l’énergie hydroélectrique, qui représente environ 74% de la production d’électricité du pays, suivi de l’énergie thermique (pétrole et gaz naturel) qui représente environ 24%.
En outre, le secteur du génie électrique est un important employeur au Cameroun, avec la plus grande entreprise d’électricité du pays, ENEO, employant plus de 3759 personnes. Le secteur contribue également de manière significative au PIB du pays, la production d’électricité représentant environ 2,5% du PIB du pays en 2019. Sur les 430 PME locales présentes dans la base des données de la BSTP, un peu plus de 30% sont du secteur du génie électrique, apprend-on.