(EcoFinances) – Pendant de très longues années (des décennies ), les prix du cacao sur le marché international sont restés bloqués en dessous de la barre des 900 FCFA (1,4 dollars) , selon le cours actuel) entre 1960 et 1990, puis sous la barre des 500 FCFA (0,8 dollars) de 1990 à 2010, pour le plus grand bonheur des pays occidentaux (les plus grands consommateurs de chocolat au monde), au détriment des pays producteurs du Sud et leurs millions de producteurs dont la très grande majorité a terriblement souffert de la chute brutale des cours du cacao pendant les années 1980 et 1990 (moins de 500 FCFA le kg entre 1988 et 2008).
Une baisse des cours du cacao qui intervenait ainsi au même moment que celle de presque toutes les matières premières produites en Afrique à savoir le pétrole, le café, le bois, le coton, etc… Des produits de rente dont ces pays étaient à l’époque hyper dépendants, pour faire fonctionner leurs économies et respecter leurs engagements envers les bailleurs de fonds internationaux.
Dans des pays comme le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Ghana, les trois principaux producteurs de cacao à l’époque (et aujourd’hui), les planteurs, affectés par la chute des prix, avaient, pour la plupart négligé (malgré eux) les plantations ; l’Etat ne pouvant plus les aider comme c’était le cas avant la crise économique.
Beaucoup parmi les producteurs de cacao en Afrique se souviennent encore de cette période noire comme si c’était hier. Heureusement, grâce à la montée en puissance de la consommation du chocolat dans les pays d’Asie du sud-est (Inde et Chine, notamment), l’espoir revient peu en peu dans les pays producteurs ; puisque l’offre, bien que demeurant encore importante, commence à ne plus dominer la demande en fèves (de cacao) qui est de plus en plus forte aujourd’hui.
L’espoir qui vient de l’Inde et de la Chine
Sans doute, c’est ce qui explique l’amélioration constante des prix du cacao sur les deux principaux marchés mondiaux des fèves depuis plus d’un an. Les contrats à terme de cacao de Londres sur le marché ICE (Intercontinental Exchange) ont, par exemple, dépassé la barrière psychologique de 5000 livres (3,83 millions de FCFA) jeudi dernier (22 février 2024, Ndlr), tandis que le cacao de New York a, quant à lui, franchi la barre des 6000 dollars (3,63 millions de FCFA) contre 3640,5 dollars (2,2 millions de FCFA) le 30 août 2023, en raison du resserrement de l’offre qui a évidemment propulsé les deux marchés vers de nouveaux records.
Il y a 14 ans, c’est-à-dire en juillet 2010, la tonne de cacao était encore négociée à New York au prix de 3000 dollars (1,5 million de FCFA, d’après la valeur du dollar de l’époque). Plusieurs années après, les choses ont bien changé sur les marchés de Londres et de New York. Ceci, pour le plus grand bien des pays producteurs et de leurs millions de planteurs.
L’Inde et la Chine (2,9 milliards de d’habitants), devenus de très gros consommateurs de chocolat, sont à l’origine de cette montée des prix depuis quelques années. Les experts expliquent par exemple que l’Asie est devenue le numéro 2 du broyage des fèves, après l’Europe, avec la présence des plus grands investisseurs parmi lesquels Olam, Barry Callebault, Cargill. Sans compter les gros transformateurs asiatiques que sont Guanchong Cocoa (Chine) et JB Cocoa (Singapour).
Les Philippines, l’Indonésie, la Thaïlande aussi…
En dehors de l’Inde et de la Chine, d’autres pays de la région comme les Philippines, la Thaïlande et l’Indonésie sont de plus en gourmands en chocolat. Sans doute, en raison de l’amélioration des revenus et des habitudes alimentaires qui changent.
Les données de la Cocoa Association of Asia (CAA) renseignent que c’est en Asie du sud-est que les broyages de fèves ont le plus augmenté au 3ème trimestre 2022. Soit environ 10% par rapport à la même période en 2021.