(EcoFinance) – Les brasseurs membres de la Cameroon Alcohol Producers’ Association ( CAPA) proposent au gouvernement une augmentation de 50 FCFA par bouteille de bière et de boissons gazeuses dès le 1er janvier 2024, selon une correspondance adressée au Premier ministre, chef du gouvernement, le 20 décembre dernier, et rendue publique ces dernières heures. Les innovations contenues dans la loi de Finances 2024 sont à l’origine de cette demande des industriels présents dans le secteur de la production de la bière et des boissons gazeuses au Cameroun.
L’impact de la seule mesure le DA est d’environ 12 milliards de FCFA
En effet, d’après les membres de la CAPA (Boissons du Cameroun, Union Camerounaise de Brasseries, Guinness Cameroun, SofaVinc et Fermencam), la loi de Finances pour l’exercice 2024 adoptée récemment par le Parlement est venue fragiliser davantage l’un des secteurs clés de l’économie nationale, en supprimant l’abattement sur les DA ( droits d’accises) pour les bières et en réduisant de plus de la moitié (60%) celui des boissons gazeuses. Et ceci, c’est sans compter, apprend-on, les autres mesures de cette loi qui sont défavorables à l’industrie brassicole.
« L’impact de la seule mesure sur le droit d’accises est d’environ 12 milliards de FCFA, ce qui vient une fois de plus augmenter drastiquement ses charges et, ce faisant, rendre désormais impossible et inadéquat le maintien des prix actuels de nos boissons », déclare-la CAPA.
Qui ajoute : « En supprimant la totalité des abattements relatifs au DA, la LF2024 aura un impact d’environ +8FCFA par bouteille de bière et +10FCFA pour les boissons gazeuses. De surcroît, elle mentionne l’instauration du suivi électronique de la production des boissons dont les implications financières restent à ce jour inconnues ».
Hausse de 50 FCFA par bouteille de bière et des boissons gazeuses
D’où cette sortie des acteurs de l’industrie brassicole nationale qui sollicitent désormais une augmentation de 50 FCFA par bouteille de bière et de boissons gazeuses dès la mise en application de la LF2024. Une hausse qu’ils estiment d’ailleurs modérée et qui ne pourrait être acceptable pour les industriels qu’à la « seule condition du maintien de la base de calcul de DA identique à celle en vigueur à ce jour ».
« Cette augmentation, conjuguée aux nouvelles dispositions sur les DA de la LF2024, permettra ainsi à l’État de prélever en sus de la TVA additionnelle, et laissera la marge de manœuvre nécessaire afin de faire une répartition entre les autres acteurs (producteurs, distributeurs, et détaillants) apportant par la même occasion une réponse aux revendications des distributeurs et des barmen », expliquent les membres de la CAPA.
Qui rappellent que les éléments clés de contexte suivants ont été pris en compte : la protection des consommateurs et du pouvoir d’achat ; le risque social ; les prix actuels pratiqués sur le marché ; le maintien des volumes de vente; et la répartition de la hausse des prix entre les acteurs de la chaîne de valeur à savoir l’État, les producteurs, les distributeurs et les détaillants.
Facteurs qui, d’années en en années, érodent la profitabilité de l’industrie brassicole
Pour rappel, cette sortie des brasseurs membres de la CAPA intervient plusieurs semaines après leur dernière requête adressée au PM, le 07 novembre dernier, et qui portait sur la lutte conjointe Etat/CAPA pour la protection des consommateurs à travers le maintien des prix actuels des boissons.
Dans ledit document, les brasseurs lui rappelaient alors la succession et conjugaison de facteurs qui, d’années en en années, érodent leur profitabilité, mettant ainsi en péril leurs investissements et leur modèle social. Ils y citaient notamment le renforcement de la fiscalité du secteur brassicole sans discontinuer depuis 2015, la crise du Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne à l’origine d’une crise inflationniste mondiale sans précédent.
Autant de facteurs qui font que la hausse des matières premières (à ce jour) a, depuis 2021, enregistré un coût additionnel de 26 FCFA par bouteille de bière, hors augmentation des coûts de l’énergie et de la main d’œuvre.
Mais en dépit de ces vents contraires, les membres de la CAPA ont, apprend-on, toujours exprimé leur détermination à demeurer des entreprises citoyennes, et l’industrie brassicole un partenaire stratégique du gouvernement dans sa lutte contre la vie chère. «(…) Leur proposition était de combattre ensemble l’inflation pour le bien et la protection des consommateurs, à travers le maintien inchangé des prix des boissons, sous condition d’un statut quo fiscal des impôts et taxes spécifiques », rappelle l’association dans sa lettre du 20 décembre dernier au PM.
Toute chose qui semble désormais impossible en raison de l’adoption récente au Parlement de la nouvelle loi de Finances pour l’exercice 2024. Sauf si…
JRD