(EcoFinances) – Le ministre de la Santé publique (Minsanté), Manaouada Malachie, serait-il parmi ceux qui, tapis dans l’ombre, souhaitent voir disparaître le leader incontesté du marché du poisson au Cameroun et qui n’est autre que la société Congelcam (Congelé du Cameroun) ? C’est en tout cas ce que pense son président directeur général (PDG), Sylvestre Ngouchinghe.
Dans une correspondance datant du 30 août dernier dans laquelle il répond à une lettre du ministre de la Santé publique (Minsanté) portant la date du 24 août 2023, mais qui ne lui est parvenue que le 29 août du même mois, après avoir fait des tours (pendant des jours) sur les réseaux sociaux, l’opérateur économique et député à l’Assemblée nationale ne cache pas son mécontentement. Il indique clairement, dans ce document, que l’actuel Minsanté, Manaouda Malachie, par cette façon de procéder, fait partie de ceux qui veulent fragiliser son activité.
« Monsieur le Ministre, nous avons découvert avec stupéfaction en circulation sur les réseaux sociaux depuis deux (2) jours, votre correspondance datée du 24 août 2023 à nous destinée et dont nous venons d’en recevoir notification le 29 août 2023. Quel était le but de faire circuler une correspondance qui nous est destinée pendant deux jours sur les réseaux sociaux avant de nous la transmettre ? », s’interroge Sylvestre Ngouchinghe.
Un questionnement du député à l’Assemblée nationale qui est d’autant plus plausible que Manaouda Malachie vient, au motif d’un rappel à l’ordre, de tenter d’empiéter sur le domaine exclusivement réservé au ministère de l’Elevage, des pêches et des industries animales (Minepia). Ce que n’accepte évidemment pas l’opérateur économique, pour la simple raison que les textes en vigueur au Cameroun ne l’y autorise pas.
Tentative de fragilisation de Congelcam
En plus de cet argument, Sylvestre Ngouchinghe explique’alors qu’une Commission mise sur pied (07 juin 2023, Ndlr) par le ministre du Commerce (Mincommerce) a constaté dans son rapport une quantité d’environ 334 conteneurs jugés impropres à la consommation (confirmant ainsi les soupçons de l’entreprise), lesquels sont actuellement en cours de destruction commencée depuis le 24 juillet dernier, il a été très surpris de recevoir en date du 13 juin 2023 une correspondance de la part du Minsanté à travers laquelle il mettait en mission une autre commission (parralèle) à l’effet de faire le même travail sur ces conteneurs litigieux dans le site de stockage du Port Autonome de Douala (PAD).
Même sans entendre les responsables de Congelcam, cette commission a, apprend-on, pondu un rapport dans lequel elle déclare que les produits de l’entreprise sont de qualité douteuse, et que ses responsables ont refusé de mettre à sa disposition les documents administratifs (attestations de conformités, certificats sanitaires…). Après quoi, cette fameuse commission est, apprend-on, venue solliciter les frais de mission auprès de la société.
Menace à peine voilées
D’où la conclusion du PDG de Congelcam qui semble désormais conforté dans l’idée que le ministre de la Santé souhaite la mort de son entreprise. « Monsieur le ministre, nous saisissons cette occasion pour dénoncer une telle démarche de votre part aux desseins inavoués, dont l’une des conséquences récentes a été la fermeture de nos agences de Mbalmayo pendant trois (3) mois durant, par les autorités locales, sans raison palpable et valable, lesquelles ont récemment été rouvertes par les mêmes autorités sur leurs simples volontés ! », dénonce le géant de la commercialisation du poisson dans le pays.
Avant d’ajouter : Votre correspondance du 24 Août 2023, qui porte des menaces à peine voilées, a cru devoir ordonner une nouvelle mission, à l’effet d’évaluer les capacités de conservation de nos chambres froides sous huitaine, prétendument face à un certain refus catégorique qui vous aurait été opposé par le passé. Vous avez cru devoir fonder cette mission sur les dispositions des articles 8 et 20 de la Loi 2018/020 du 11 Décembre 2018 portant Loi – cadre sur la sécurité sanitaire des aliments ».
Pour rappel, le Minsanté a adressé récemment une correspondance au patron de Congelcam lui intimant l’ordre de se soumettre sous huitaine à l’inspection et au contrôle sanitaire de ses installations et produits alimentaires mis à la consommation humaine « sous peine de sanctions administratives et/ou pénales ». Ceci, au motif que « le rapport de la mission d’inspection et de contrôle, effectuée par les équipes techniques de mon département ministériel à la Régie de terminal à conteneurs (RTC), fait état des températures de conservation non satisfaisantes des produits halieutiques importés par votre société ». Et qu’il lui a été rapporté un refus catégorique à cette inspection. Ce qui, comme il fallait s’y attendre, a fait sortir le PDG de Congelcam, Sylvestre Ngouchinghe, de ses gonds.