vendredi, 20 décembre 2024
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Rachat de Guinness Cameroun par SABC : Le brasseur UCB, qui dénonce le flou autour de cette transaction, annonce qu’il va saisir le juge de la Cemac, garant de la légalité et des institutions communautaires

Dans un communiqué rendu public le 14 avril dernier, les avocats de l’entreprise dénoncent, entre autres, la violation des textes de la Cemac dans le cadre de la transaction qui a permis au puissant brasseur SABC d’acquérir Guinness Cameroun.

(EcoFinances) – Pour l’Union Camerounaise des Brasseries (UCB), l’acquisition de Guinness Cameroun (GCSA) par la SABC (Société anonyme des Boissons du Cameroun), filiale du groupe Castel, ne s’est pas déroulée en toute transparence. C’est ce qu’indique un communiqué de l’entreprise rendu public le 14 avril 2023.

La société brassicole du défunt milliardaire camerounais, Joseph Kadji Deffosso, se plaint notamment du fait qu’aucun communiqué officiel n’a été, à ce jour, publié sur cette opération, ni par la Commission de la Cemac, ni par le CCC, ni même par les autorités camerounaises. Et que « les seuls éléments connus de cette transaction figurent dans le communiqué conjoint SABC-GCSA rendu public courant juillet 2022 et dans diverses publications, dont un communiqué récent de SABC informant le public de ce que l’opération a été approuvée par les autorités de la Cemac le 28 mars 2023 ».

Selon les avocats de UCB, ils avaient pourtant, au nom et pour le compte de UCB, formellement saisi le 14 mars 2022 les instances communautaires. Et ceci, pour deux objectifs : « 1) -Obtenir des informations sur la transaction afin de permettre à notre cliente de faire valoir ses droits et, (2) requérir du CCC que les détails de l’opération soient publiés au bulletin officiel de la Cemac, tel que requis par les textes, de façon à permettre aux opérateurs brassicoles, aux associations de consommateurs et au public en général, de présenter leurs observations éventuelles sur les conséquences de cette opération sur le marché commun ».

Non-respect des textes de la Cemac

Citant les textes de la Cemac, les avocats de UCB rappellent dans ce communiqué que, dans le cadre de l’examen d’une opération sur la concentration, le CCC a l’obligation de publier un résumé au Bulletin officiel de la Cemac en indiquant les délais dans lesquels les personnes et entreprises intéressées peuvent faire valoir leurs observations. Tout comme il se devait, apprend-on, de procéder à l’audition préalable des entreprises concernées, mais également de tous tiers susceptibles d’apporter des éléments qui lui auraient permis de jauger des effets de l’opération sur le marché et sur la libre concurrence.

Dans une correspondance qui leur a été transmise début mars 2023, soit près de deux mois après leur saisine et au moins après huit 08 mois que l’opération ait été notifiée au CCC, en l’absence de toute communication officielle, le président de la Commission invitait les avocats de UCB à présenter les préoccupations de cette dernière dans un délai de 14 jours. En  retour , ils ont, apprend-on, rappelé au président de la Commission que leur cliente ne cherchait pas à bénéficier d’un traitement de faveur « qui lui vaudrait qu’elle soit la seule à pouvoir réagir et que compte tenu de l’impact majeur de cette opération sur le marché commun, il était primordial que l’ensemble des consommateurs, des opérateurs économiques et des citoyens de la zone Cemac puissent être mis en mesure de s’exprimer et que la légalité soit scrupuleusement observée avant que la commission ne se prononce ».

D’après le conseil de la société UCB, le CCC n’a pas du tout respecté les textes de la Cemac dans le cadre de cette transaction. « Alors que nous attendons encore les détails de l’opération au Bulletin officiel, c’est plutôt par un autre communiqué de SABC que nous avons appris que l’opération avait été approuvée le 28 mars 2023, en totale violation des règles de procédure que la Cemac s’est elle-même fixées », fait-il savoir.

Façade principale de la direction générale de la SABC dans la capitale économique.

Suprématie d’un seul opérateur qui a déjà la main mise sur plusieurs des circuits locaux d’approvisionnement en intrants

Un acte suffisamment grave pour faire sortir les avocats de UCB de leurs gonds. « Que les autorités communautaires cristallisent la suprématie d’un seul opérateur qui a déjà la main mise sur plusieurs des circuits locaux d’approvisionnement en intrants tels que le sucre et maïs, mais également sur l’embouteillage est une chose, que pour ce faire, elles en arrivent à violer le droit est une autre ! », déplore les avocats de l’entreprise.

Avant d’ajouter : « C’est l’occasion d’indiquer que lorsqu’elle a eu vent de son intention de céder sa filiale camerounaise, UCB avait manifesté son intérêt pour cette acquisition auprès du groupe Diageo mais n’a jamais eu aucun retour. Voir les règles de concurrence ainsi piétinées par l’institution même qui est censée veiller à leur parfaite application surprend et interroge à la fois ; la principale question étant celle de savoir pour quelle raison les autorités de concurrence ont-elles choisi de contourner leur obligation de publicité et d’approuver une opération d’une envergure en catimini ».

Le communiqué signé par Me Roland Abeng, Me Vanessa Happi et Me Alain Woumbou dénonce l’attitude des autorités de la Cemac dans le cadre de cette affaire. « L’attitude des autorités de la Cemac est d’autant plus surprenante que nous vivons une période où , malgré un contexte particulièrement difficile, les entreprises et entrepreneurs locaux multiplient les efforts pour être plus audacieux et accroître leur compétitivité, en droite ligne avec les objectifs de promotion de l’industrialisation de nos économies et de réduction de la sortie des capitaux que la Cemac brandit d’une main, pour ensuite les étouffer de l’autre , en ne respectant pas ses propres règles », font-ils savoir.

Saisine du juge de la Cemac

Face à ces agissements des institutions de la concurrence de la Cemac qui rament manifestement à contre-courant des fondements et des objectifs même du marché commun, les avocats de UCB informent que « les espoirs se tournent désormais vers le juge de la Cemac, qui saura, sans aucun doute, jouer pleinement son rôle de garant de la légalité et des institutions communautés ». Tout comme ils rappellent qu’en tant qu’entreprise citoyenne, UCB est favorable au jeu de la concurrence « à la condition qu’il soit organisé de façon saine, dans le strict respect des acteurs du marché, et surtout de la légalité ».

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