lundi, 07 juillet 2025
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François Djonou, Président de l’IPAVIC : ‹‹ L’importation des intrants et la subvention fiscale sont des solutions inévitables pour sauver la filière avicole ››

Un poulet est vendu actuellement sur le marché à un prix oscillant entre 4000 FCFA ( pour le petit ) et 12 000 FCFA (pour le plus gros, connu sous le nom de reformé dans la filière avicole). Idem pour les œufs de table dont les prix ont enregistré une hausse d’environ 10 à 20% ces dernières années. Pour comprendre cette situation, nous avons tendu notre micro au président de l’Interprofession avicole du Cameroun (Ipavic) , François Djonou, qui, dans cette interview, revient sur les facteurs à l’origine des difficultés graves qui menacent aujourd’hui ce pan important de l’économie nationale, tout comme il lève un pan de voile sur les mesures qui méritent d’être déployées par les pouvoirs public afin de sauver une filière qui se meurt.

(EcoFinances.Net) -Monsieur le président, la filière avicole fait depuis quelques années face à de graves difficultés qui se sont d’ailleurs aggravées ces derniers temps. Quelles stratégies méritent d’être mises en place pour soutenir cette filière qui bat de l’aile actuellement au Cameroun ?

Merci de l’intérêt que vous accordez à la filière avicole nationale. Depuis l’année 2018, qui peut être considérée comme l’âge d’or de l’aviculture dans notre pays, la production n’a pas cessé de dégringoler. Ceci pour la simple raison qu’elle est, depuis cette période, secouée par des crises comme la grippe aviaire, la guerre en Ukraine, le dérèglement climatique, et autres. Ces deux derniers facteurs ont notamment entraîné l’indisponibilité du maïs et du tourteau de soja sur le marché, rendant par conséquent leur prix inaccessible. Résultat: les coûts de production sont élevés et les produits aviaires moins attractifs sur le marché local et à l’étranger. La solution idéale est d’agir sur les coûts des intrants que sont particulièrement les tourteaux de soja et le maïs.

Parlant justement des intrants, pensez-vous que leur importation est une solution efficiente et durable lorsqu’on sait qu’il suffit de les produire localement et de manière abondante afin que cesse la sortie d’une partie des devises qui leur est consacrée ?

Les crises dont je viens de faire mention plus haut , à savoir la guerre russo-ukrainienne et le dérèglement climatique, ont entraîné une augmentation du prix des engrais et la faible production locale du maïs. Et je dois d’ailleurs préciser que c’est depuis environ trois ans que l’offre locale en maïs reste très faible. Je dois par ailleurs ajouter que le kg de maïs vendu au prix de 160 FCFA est le prix idéal susceptible de permettre aux éleveurs de produire de la volaille à un prix intéressant pour les consommateurs.

Malheureusement, son prix a atteint en 2024 la somme de 350 FCFA le kg pour un intrant qui entre à près de 60% dans la production de l’aliment. Cette année, le prix du kg de maïs demeure encore à 250 FCFA. Ce qui est très élevé. L’importation des intrants et la subvention fiscale sont des solutions inévitables pour sauver une filière qui se meurt.

Que pourrait-on déployer comme mesures afin de permettre aux éleveurs victimes de ces différentes crises de se relever du choc et relancer la production?

En l’état actuel des choses, nous pensons que les autorités compétentes doivent soutenir la filière avicole nationale afin de permettre la relance des activités. Car la vérité c’est que beaucoup d’acteurs ne peuvent plus tenir pour longtemps, si l’État n’intervient pas. C’est pour cela que nous sommes actuellement en pourparlers avec le ministère de l’Elevage, des pêches et des industries animales (Minepia),le ministère de l’Economie et les services du Premier ministre pour essayer de trouver des solutions qui permettraient de soulager les aviculteurs.

Au niveau de l’Interprofession avicole du Cameroun (Ipavic), y-a-t-il des actions que vous menez en interne pour éviter à la filière de disparaître ?

Globalement, nous nous attelons à la sensibilisation des aviculteurs pour qu’ils n’abandonnent pas l’activité. Car, ce serait la catastrophe. C’est la voie qui a été suivie par l’essentiel des acteurs présents dans la filière. Aussi , nous conseillons la réduction et le bon suivi du cheptel , afin qu’ils ne cèdent pas au découragement. Et puis , il y a également l’accompagnement de proximité que nous faisons. Ceci, en mettant à leur disposition des conseils afin de renforcer leurs capacités techniques.

Les graves difficultés qui font vaciller la filière avicole interviennent au moment où le gouvernement encourage et promeut l’import-substitution. Et la filière avicole est concernée. Que devrait-on faire pour produire les intrants sur place , afin d’éviter des actions qui vont à l’encontre de cette politique gouvernementale ?

Nous avons absolument besoin de l’aide du ministère de l’Agriculture et du développement rural (Minader) pour la production locale du maïs. Et il faut qu’il soit produit en grande quantité et à un coût accessible. N’oublions pas que tous les grands pays producteurs dans le monde ont déjà résolu ce problème. Si cet effort est déployé, nous pensons que ça permettra de renforcer la production locale de poulets et des œufs.

Et enfin, dernière question. Quel rôle le secteur privé devrait-il jouer relativement à la question de la production des intrants et des produits aviaires?

Nous pensons que le secteur privé a un rôle important à jouer. Mais il faudrait que le gouvernement mette en place un certain nombre d’incitations afin d’encourager les acteurs du secteur privé à produire suffisamment de maïs. Sa disponibilité a un bon prix aura comme résultat immédiat et mesurable , la production massive de volaille et des oeufs de table s à des prix abordables pour la ménagère. C’est dommage qu’une structure comme le Complexe avicole de Mvog-Betsi , conçu pour la production de la volaille, se retrouve aujourd’hui en ville. Plus grave, le site est partiellement occupé par des habitations. Ce qui rend malheureusement l’activité avicole impossible sur ce site .

Propos recueillis par Joseph Roland Djotié

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