(EcoFinanves.Net) – Les populations de la Kadey dans la région de l’Est du pays sont très en colère contre le ministre par intérim des Mines, de l’industrie et du développement technologique ( Minmidt). Ils l’ont clairement exprimé la semaine dernière à travers un mouvement d’humeur durant lequel ils ont ouvertement dénoncé la fermeture depuis septembre 2024 par le Pr Fuh Calistus Gentry du site aurifère de Kambélè, vital pour environ 4000 familles.
Enragés, les manifestants ont bloqué tous les accès à la ville, exigeant la réouverture immédiate de cet important chantier minier, fermé depuis de longs mois par le Minmidt au motif que ce site troublerait l’ordre public. Les manifestants sont d’autant plus remontés contre le membre du gouvernement que ce site minier aurait été discrètement attribué à un opérateur local, déjà propriétaire de plusieurs licences minières à travers le territoire national. Certains manifestants indiquent à ce sujet que la reprise du site de Kambélè par un tiers se serait faite dans la plus grande opacité.
Magouilles
Sur les pancartes brandies en milieu de semaine dernière, l’essentiel des messages véhiculés par les populations de la localité avaient trait à la dénonciation de la spoliation de leurs terres. Le Pr Fuh Calistus Gentry, qui assure l’intérim d’un fils du terroir de regrettée mémoire, Gabriel Dodo Ndoké, étant une fois de plus accusé par les manifestants de n’avoir pas défendu les intérêts des populations. « On ne veut plus de ces magouilles. Le site de Kambélè nous fait vivre depuis des années. Pourquoi le fermer pour le donner à quelqu’un d’autre ? », s’est indigné un meneur du mouvement, soutenu par des manifestants qui refusent tout dialogue sans la reprise des activités minières sur le site aurifère et exigent la présence du gouverneur Grégoire Mvongo pour une réponse concrète à leurs doléances.
Officiellement, le ministre par intérim des Mines, de l’industrie et du développement technologique, n’a pas encore réagi à ce soulèvement des populations à Batouri dans le département de la Kadey. Mais ce mouvement d’humeur met en lumière les tensions récurrentes autour de l’exploitation minière au Cameroun où l’opacité persiste dans l’attribution des permis d’exploitation et où les conflits d’intérêts font régulièrement polémique.
Pratiques peu orthodoxes
Riche en ressources à l’instar du fer, de l’or, le diamant, la bauxite ou encore le cobalt, le secteur minier national continue d’être freiné dans sa transformation en raison de plusieurs facteurs dont le manque de transparence dans l’attribution des permis miniers. Dans le secteur minier, et plus précisément dans la région de l’Est, des opérateurs économiques qui y opèrent depuis quelques années déplorent l’existence des pratiques peu orthodoxes au niveau du ministère des Mines.
« Vous devez payer la somme d’un million à certains responsables pour obtenir la signature du ministre. Pour les permis de recherche, il faut compter entre 100 et 200 millions de FCFA, tandis qu’il est exigé de débourser entre 30 et 50 millions de FCFA pour le permis semi-mécanisé. Dans le cadre des marchés du BIP par exemple, il est exigé depuis 2024 aux adjudicataires des marchés jusqu’à 10% TTC afin de procéder à la signature. Si vous ne payez pas, la décision d’attribution n’est pas signée », déplore un acteur du secteur minier.
Des pratiques peu orthodoxes qui, au cas où elles se révèlent être vraies, méritent d’être rapidement stoppées par le patron de ce département ministériel en personne, afin que le secteur minier qui, dans la Stratégie nationale de développement 2020-2030 occupe une place centrale , joue véritablement son rôle.
JRD