(EcoFinances.Net) – Le Cameroun évalue au 31 mai 2025 les pertes fiscales liées à l’Accord de partenariat économique ( APE) avec l’Union européenne (UE) à 95,7 milliards de FCFA, selon l’édition du quotidien gouvernemental Cameroon tribune ( CT) du 05 juin dernier, qui renseigne que la 9ème réunion statutaire du Comité Accord de partenariat économique s’est déroulée le 04 juin 2025 à Yaoundé, sous la co-presidence du secrétaire général du ministère de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire ( Minepat) , Jean Tchoffo, et de Miranda Gonzales, cheffe de l’Unité des pays ACP à la direction générale du commerce de la Commission européenne.
Des échanges,il est, apprend-on, ressorti que le Cameroun a non seulement perdu presque 100 milliards de recettes fiscales à cause de cet accord depuis 2016, mais qu’en raison de ce dernier il a également effectué des dépenses fiscales d’un montant 250 milliards de FCFA au profit des entreprises locales depuis l’entrée en vigueur de l’APE il y a 09 ans.Une situation qui devrait s’empirer dans les prochaines années , selon certains analystes qui estiment que l’APE signé par le Cameroun est à l’avantage de ce grand partenaire commercial qu’est l’Union européenne.
D’ailleurs, Jean Tchoffo n’a pas manqué d’exprimer les vives préoccupations du gouvernement durant cette rencontre. ‹‹Le Comité APE devrait d’ores et déjà s’interroger sur l’absence d’attractivité de l’APE pour les autres pays d’Afrique centrale. L’absence de différenciation dans la programmation financière de l’UE pourrait-elle expliquer ce manque d’intérêt ? En tous cas, la non concrétisation des engagements souscrits au titre du volet développement de l’Accord demeure une préoccupation majeure››, a-t-il déclaré. Avant d’ajouter : ‹‹ Dans le même registre, comment ne pas mentionner l’évaluation de l’impact fiscal net lié à l’APE qui demeure un chantier non abouti ››.
En réaction, Philippe Lafosse, le chargé d’affaires par intérim à la délégation de l’UE, représentant l’ambassadeur, chef de délégation, a relevé que l’APE avec l’UE comporte tout de même un certain nombre d’avantages. ‹‹ Les revirements géopolitiques récents, et en particulier les hausses de tarifs douaniers annoncés par les États-Unis à l’endroit des pays africains, nous rappellent que l’Accord qui permet d’exporter vers l’Europe , sans droits de douane ni quota , offre une aire de stabilité et de durabilité dans le cadre de nos échanges commerciaux ››, a-t-il souligné.
Démantèlement tarifaire jusqu’en 2029
Pour rappel, l’APE avec l’UE consiste au démantèlement tarifaire des produits du 1er groupe depuis le 04 août 2016 à un rythme de 25% de droits de douane par an. Des marchandises comme le gaz, les semences, l’engrais ainsi que les instruments et appareils médicaux sont concernés.
Ayant démarré le 04 août 2017 au rythme de 15% l’année, le démantèlement des produits du 2ème groupe concerne , quant à lui, des marchandises telles que les camions, camionnettes et tracteurs, ou encore des produits comme le clinker et des intrants pour l’industrie agroalimentaire.
Dans le 3ème groupe où le démantèlement des produits a commencé depuis le 04 août 2020 à un rythme de 10% par an, l’on y retrouve des produits à rendement fiscal élevé, à l’instar des produits comme les véhicules de tourisme et de transport des personnes, les carburants, le ciment ou encore les motocycles. D’après l’accord signé par les deux parties, le démantèlement total des produits du 3 ème groupe est prévu pour s’achever en 2029.
Joseph Roland Djotié