Daoud Mouliom (DM) : Monsieur le PDG, le gouvernement camerounais, à travers le ministère de la Jeunesse et de l’éducation civique (Minjec), vous a mandaté d’organiser cette mission que le Minjec conduit à Bruxelles, en collaboration avec l’ambassade du Cameroun au royaume de Belgique. Une mission riche dans son programme et en prélude à la clôture du tout premier mois de la jeunesse tel qu’instauré en cette année 2025 au Cameroun. Comment voyez-vous cette marque de confiance placée en vous par les pouvoirs publics camerounais ?
Jehu Ndoumi (JN) : Merci pour cette question Monsieur Daoud Mouliom. Je situe cette confiance dans un contexte qui a commencé avec les activités du ministère de la Jeunesse (Minjec) en Allemagne l’année dernière avec le Pari-Jedi (Programme d’Aide au Retour et à l’Insertion des Jeunes de la Diaspora).
Des activités durant lesquelles le ministre de la Jeunesse et de l’éducation civique nous a invité à nous impliquer, en raison de nos capacités à mobiliser la Diaspora dans le cadre de ses projets et investissements au Cameroun. Nous avons donc participé à Heilbronn en octobre 2024 au Comité de sélection des projets des membres de la Diaspora qui étaient éligibles au financement et à l’accompagnement du Minjec. Ça c’est d’une part. D’autre part, cette confiance s’inscrit aussi dans la continuité des actions que nous menons au Cameroun. Notre expertise en matière d’inclusion financière et notre accompagnement dans l’entreprenariat des jeunes sont une réalité. Nous avons initié beaucoup de programmes au Cameroun qui permettent d’inclure les populations défavorisées, notamment les femmes, à travers notre fondation Yunus, la jeune fille et aussi les jeunes entrepreneurs. Ces activités, j’aimerais le souligner ici, ne sont pas à pertes de vue. Le ministre de la Jeunesse et de l’éducation civique, Son Excellence Monouna Foutsou, et tout son staff, a bien compris l’importance d’avoir un partenariat avec Yunus pour qu’ensemble nous puissions mettre en œuvre cette politique du chef de l’Etat. La troisième chose c’est que la vision et la mission de Yunus s’inscrivent dans ce que le gouvernement a tracé, à travers deux plans majeurs. A savoir, le Plan de développement de la jeunesse et la Stratégie des finances inclusives développée par le ministère des Finances (Minfi). Donc, la vision de Yunus s’inscrit dans ces deux (02) plans et apportent des solutions concrètes, comme l’a d’ailleurs récemment précisé Mme la ministre des Postes et des télécommunications (Minpostel), Son Excellence Minette Liboum Li Likeng, lors du lancement des activités de Yunus au Cameroun le 23 avril 2023. Evènement pendant lequel elle a indiqué que « Yunus est le marqueur pragmatique de la Stratégie d’inclusion sociale du chef de l’Etat ».

DM : Nul besoin de le rappeler. Vous avez été remarqué ces dernières années par votre dynamisme aux côtés du ministère de la Jeunesse et de l’éducation civique, en vue d’accompagner la jeunesse camerounaise sur le plan financier et bien au-delà. Quelles sont les solutions financières que vous proposez pour que cette jeunesse puisse mieux asseoir ses projets d’investissement dans le pays ?
JN : Il est important de noter que les solutions globales qui sont des solutions de financement et notamment d’accompagnement à l’entreprenariat jeune sont inspirées de la Vision de Yunus Muhammad, le Prix Nobel de la paix 2006, qui en 1976 au Bangladesh a créé le micro-crédit. Surnommé le « banquier des pauvres », il est aujourd’hui le père du micro-crédit. Cet illustre homme nous a inspiré dans ce que nous faisons aujourd’hui et où nous utilisons les technologies modernes pour mettre en œuvre l’esprit d’accompagnement des populations défavorisées pour que celles-ci accèdent à une certaine dignité.
DM : Quelles sont justement les solutions de Yunus ?
JN : Yunus offre des solutions financières sur mesure. Voyez-vous, les solutions financières classiques ont connu des limites et ne permettent pas aujourd’hui aux jeunes d’avoir des ressources financières pour lancer leur activité. Il fallait donc bâtir des solutions qui s’accommodent à leur être et à leur aspiration. C’est pour cela que Yunus se positionne donc comme ce fournisseur de solutions financières permettant aux populations défavorisées d’accéder à ces services qui n’étaient pas accessibles dans les finances classiques. Il s’agit du micro-crédit, de la micro-assurance et des services de paiement.

DM : Monsieur le PDG, quelles sont, selon vous, les domaines d’investissement dans lesquels les jeunes (de l’intérieur et de la Diaspora) devraient mieux se déployer pour pouvoir rapidement contribuer au développement du pays ?
JN : Compte tenu du contexte mondial actuel (qui se caractérise par l’incertitude et la volatilité), ainsi que la complexité du monde actuel, nous encourageons les jeunes à s’intéresser énormément aux énergies renouvelables, parce que tout se fait grâce à l’énergie. Ensuite, l’agro-industrie, parce que le Cameroun est un vivier agricole. Nous devons transformer ce que nous produisons. Et enfin, il y a les technologies numériques. Ces trois piliers sont ce sur quoi la jeunesse camerounaise (et même africaine) devrait aujourd’hui s’appuyer pour se déployer afin de se faire une place notable dans le monde de l’entreprenariat. Pour me résumer, ils doivent investir dans des secteurs comme les énergies renouvelables, l’agro-industrie et les technologies numériques. Vous voyez par exemple l’influence que peut avoir aujourd’hui l’IA (Intelligence Artificielle) et qui, de plus en plus, va entrer dans nos habitudes et nos mœurs, et va conduire à la 4ème révolution technologique.
DM : Jusqu’où êtes-vous prêt à l’aller pour pouvoir accompagner ce gouvernement camerounais et à quelle condition ?
JN : Notre entreprise de par sa Vision n’a pas de limite. Elle s’intéresse à des projets viables, générateurs de valeur et surtout créateurs d’emplois. Parce c’est cela la problématique de la jeunesse camerounaise aujourd’hui. Elle besoin d’être occupée. Elle a besoin de se sentir valorisée, c’est-à-dire d’être capable de créer de la valeur au sein de la société et de rester dans la durabilité. C’est pour ça que nous mettons aussi un accent majeur sur la protection de l’environnement en raison de la nécessité d’avoir des emplois durables.

DM : Lorsqu’on parle de Diaspora, il ne faut pas vous exclure. Vous êtes de cette Diaspora qualifiée de positive qui songe à revenir contribuer à l’œuvre nationale. Mais quels vos attentes des pouvoirs publics camerounais pour que ça marche véritablement ?
JN : Nous attendons du gouvernement du Cameroun ce que le ministre de la Jeunesse a déjà initié, c’est-à-dire être à l’écoute de cette jeunesse. Les solutions aux problèmes de la jeunesse ne peuvent pas être réalisées sans la jeunesse elle-même. Et la Diaspora ne s’exclut pas dans cette dynamique. La Diaspora a besoin d’être écoutée. Elle a besoin que ses aspirations soient prises en compte dans l’élaboration des Stratégies et des politiques de développement économique au niveau national. Ça c’est l’un des problèmes majeurs sur lequel nous essayons aujourd’hui de mettre un accent.
Yunus n’est que le traceur pragmatique de cette aspiration qui traduit en réalité les savoir-faire et les investissements que peuvent mobiliser la Diaspora au profit du développement de l’économie locale. Le gouvernement doit donc continuer, parce qu’il a déjà commencé, de favoriser l’éclosion du génie et du savoir-faire camerounais ; mais surtout de permettre aux Camerounais d’être en mesure de travailler ensemble pour qu’ensemble nous construisions cette belle Nation. Et qu’ensemble, elle demeure le futur de l’Afrique.
DM : Monsieur Jehu Ndoumi, vous qui avez été au cœur des actions de cette mission gouvernementale aux côtés de l’ambassade du Cameroun en Belgique, vous prévoyez un grand forum de clôture de ce tout premier mois de la jeunesse consacré récemment pour la célébration de la 59ème édition de la fête de la Jeunesse. A quoi donc s’attendre au cours de cette journée du 28 février 2025 ?
JN : La journée du 28 février, dans la mythique salle du Claridge à Bruxelles, va accueillir de l’inédit. Yunus a réussi à mobiliser la plupart des fonds d’investissement qu’on qualifie d’Africa Oriented. Ces fonds d’investissement ont une visée sur l’Afrique et souhaitent investir dans des projets innovants en Afrique, en accompagnant la Diaspora africaine vers son lieu d’origine. Et ça va commencer par le Cameroun. Ces huit fonds internationaux vont se retrouver ce jour-là, ce qui permettra aux membres de la Diaspora camerounaise et africaine d’avoir en face d’eux les porteurs de capitaux, qui sont cette fois-ci très intéressés à les accompagner dans leurs initiatives dans leur pays d’origine.
On aura donc ce maillage entre investisseurs et porteurs de projets dans le but d’apporter des solutions économiques, financières, fiables et durables pour notre pays. Cette rencontre va donc permettre aux membres de la Diaspora, qui trouvent en la ressource financière un handicap pour le développement et leur déploiement, d’avoir l’occasion d’avoir cette ressource et ensuite réaliser leur rêve au retour.

DM : On ne saurait partir sans évoquer l’ouvrage qui fait la Une et qui est au cœur de l’actualité ces derniers temps. D’ailleurs, ici dans la Diaspora, on parle de cet ouvrage récemment publié par le ministre Mounouna Foutsou de la Jeunesse et de l’éducation physique. L’ouvrage s’intitule : « Paul Biya et la Jeunesse camerounaise : hier, aujourd’hui et demain ». Comment appréciez-vous la pertinence et l’opportunité d’une telle œuvre littéraire dans le contexte camerounais actuel ?
JN : Je peux vous dire que parmi les ouvrages que j’ai lus parlant de la politique du chef de l’Etat, Son Excellence Paul Biya, ces vingt (20) dernières années, cet ouvrage est pour moi un livre de référence. Ceci, pour plusieurs raisons. Déjà, pour la cible. La jeunesse. Les actions du gouvernement camerounais, sous l’impulsion de son illustre chef, le président de la République, Paul Biya, autour des actions précises, rentables et qui mettent en lumière ce que fait le gouvernement. Mais qui est méconnu de nous autres qui regardons les choses de l’extérieur.
D’ailleurs, j’ai accompagné un écrivain célèbre, Calvin Djouari, qui est basé à Paris, lequel a d’ailleurs fait l’une des notes de lecture les plus remarquables que j’ai eu à lire. J’ai compris par cette note de lecture que beaucoup d’actions sont mises en place et correspondent généralement aux attentes de cette jeunesse. Sauf que cette jeunesse est parfois mal informée, pas du tout informée, pas considérée. Mais à la lecture de cet ouvrage, ça a repositionné ma vision et réaligné mes aspirations sur un ensemble d’actions que le gouvernement a mis en place. Je recommande cet ouvrage à la plupart des jeunes, surtout ceux de la Diaspora pour qu’ils comprennent dans quelle mesure le gouvernement de la République du Cameroun n’a jamais cessé de penser à sa jeunesse, tout comme il n’a jamais cessé de mettre sa jeunesse sur la trajectoire du développement. C’est ce que je peux dire de cet ouvrage.
Propos recueillis par Daoud Moulioum (CRTV News) et transcrits par Joseph Roland Djotié (EcoFinances).