lundi, 17 février 2025
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Zone Cemac : Pourquoi un sommet extraordinaire des chefs d’Etat à Yaoundé le 16 décembre prochain

La fragilisation de la situation macroéconomique de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), provoquée par la tendance baissière des réserves extérieures, est à l’origine de cette rencontre des chefs d’Etat de la Cemac qui se déroulera dans la capitale camerounaise, en présence de la directrice générale du FMI (Fonds monétaire international), Kristalina Georgieva.

(EcoFinances) – La capitale politique camerounaise, Yaoundé, devrait accueillir dans les prochains jours, et le lundi 16 décembre prochain, un autre sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, RCA & Tchad) après ceux de décembre 2016 et d’août 2021, selon plusieurs sources au ministère camerounais des Finances (Minfi) ainsi qu’à la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC). Hormis les six chefs d’Etat de la sous-région, qui prendront part aux travaux, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, est attendue à ce sommet.

En effet, la situation macro-économique de la sous-région ne serait pas des plus reluisantes, malgré le déploiement d’une série de réformes depuis 2017 sous l’œil vigilant du Fonds monétaire international (FMI) qui n’a pas cessé depuis lors d’appeler les Etats à faire plus d’efforts.

Parmi les éventuels facteurs qui pourraient justifier la tenue de cet autre sommet en l’espace de huit ans figurent, entre autres, le niveau d’inflation qui demeure au-dessus des seuils de convergence de la Cemac, le risque élevé de surendettement dans la plupart des Etats, l’érosion des réserves extérieures ou réserves de change en dépit du coût élevé des prix du pétrole, ainsi que la tendance à la hausse des dérapages budgétaires.

Erosion des réserves extérieures (2,1 mois d’importations)

Parlant de la baisse des réserves de change, l’on apprend que celles-ci ne saurait assurer aux six pays de la sous-région que 2,1 mois d’importations (les appuis budgétaires déjà reçus par les Etats n’étant pas pris en compte), alors que le Comité de politique monétaire de la BEAC projetait, durant sa session du 23 septembre dernier, les réserves extérieures à 4,5 mois d’importations à fin juin 2024, contre 4,8 mois d’importations pour l’exercice 2023.

Dans un article publié ce 11 décembre 2024 et qui s’intitule « Situation critique en zone Cemac : l’épée de Damoclès brandie par le FMI », le Programme de formation en politique économique (GPE) de l’Université de Yaoundé dirigé par le Pr Viviane Ondoua Biwole indique que des pays de la Cemac tels que le Cameroun, le Congo et la RCA risquent de ne pas recevoir de soutien budgétaire du FMI sans un engagement régional fort de la part des chefs d’Etats. « Quoi qu’il en soit, cet appui interviendra plus tard que prévu. Cette situation fait suite à l’engagement des pays de la Cemac avec le FMI en 2017 », précise le document.

A en croire le GPE, quatre faits majeurs ont amplifié la situation actuelle. D’abord, le faible rapatriement des recettes d’exportations des entreprises extractives qui serait de 35%, selon la BEAC.Ensuite, le remboursement anticipé de l’Eurobond gabonais (soit 180 milliards, sur une dette globale de 376 milliards de FCFA, remboursés en novembre 2024) via l’épargne domestique.

« Bien que cette initiative puisse soulager la pression sur la dette nationale tout en renforçant la confiance des investisseurs dans les instruments financiers du pays, il n’en demeure pas moins que le timing choisi, relatif à la baisse des réserves extérieures, suscite des préoccupations et contribue à fragiliser la position extérieure de la sous-région », fait savoir le GPE, qui précise que le remboursement anticipé de l’Eurobond du Gabon, alors que les réserves de la sous-région sont en baisse, représente un risque important pour la stabilité économique de la Cemac.

Reprofilage de la dette du Congo

Autre facteur à l’origine de la situation actuelle, le reprofilage de la dette du Congo (soit 2314 milliards de FCFA). Bien qu’elle soit une démarche cruciale pour améliorer la viabilité financière du pays face à des défis économiques persistants, et même s’il offre la possibilité de réduire la charge de la dette et libérer des ressources pour le développement, il comporte des risques importants qui nécessitent une gestion prudente et des négociations efficaces avec les créanciers.

Les risques liés au reprofilage de cette dette du Congo sont, apprend-on,  au nombre de deux,  à savoir, l’accumulation des arriérés avec des coûts supplémentaires (si le reprofilage n’est pas bien géré, le gouvernement pourrait accumuler des arriérés de paiement, ce qui entrainerait des pénalités et des taux d’intérêts plus élevés à l’avenir), et la fragilité du système financier (le processus de reprofilage peut accroître la vulnérabilité du système financier, surtout si les banques et les institutions financières détiennent une part importante de la dette publique).

Et enfin, il y a cette difficulté qu’ont les Etats de la Cemac à ramener depuis plusieurs mois l’inflation (elle est de plus de 4% actuellement) au niveau de la norme communautaire qui est de 3%.

Mesures urgentes

Pour régler ce problème, le GPE estime non seulement que des engagements fermes de la part des chefs d’Etat de la sous-région visant à limiter les risques actuellement encourus au sein de la sous-région sont indispensables, mais qu’il est aussi urgent d’engager une réflexion combinant à la foi préoccupations économiques, politiques, sociales voire écologiques. Selon le Pr Viviane Ondoua Biwole, directrice du GPE, les solutions à court terme, certes importantes, ne sauraient suffire à elles seules pour renverser une tendance qui peine à se redresser depuis 2017, soit déjà sept ans.

« Cette conviction est renforcée par les faits actuels, qui montrent que, malgré les réformes
engagées (timidement pour certaines, hélas !) et une conjoncture relativement favorable sur le marché des matières premières, les résultats montrent une dégradation de la situation en zone Cemac depuis bientôt deux ans. Il convient d’indiquer que les laboratoires de recherche des universités, les travaux des professionnels et la prise en compte des avis divers constituent un levier dans la recherche de solutions viables et durables. La tendance à répondre aux crises structurelles par des solutions conjoncturelles est vouée à l’échec. Malheureusement, c’est ce que l’on observe depuis 2017 »,
indique-t-elle.

JRD

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