EcoFinances) – Le Fonds monétaire international (FMI), dont une mission conduite par Cemile Sancak a séjourné au Cameroun du 05 au 18 janvier dernier aux fins de mener des discussions sur les progrès accomplis sur les réformes et les priorités économiques du gouvernement dans le cadre de la 3ème revue du programme appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) et le Mécanisme élargi de crédit (MEDC), annonce, dans un communiqué rendu public le 30 janvier 2023, que la mission a conclu un accord au niveau des services avec les autorités sur les politiques économiques et financières ; qui pourraient soutenir l’approbation de la troisième revue du Programme appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) et le Mécanisme élargi de crédit (MEDC). Prévue en début mars 2023, la conclusion de la troisième revue par le conseil d’administration du FMI permettrait, apprend-on, le décaissement de 74,6 millions de dollars US (45 milliards de FCFA).
Un décaissement de 45 milliards de FCFA d’ici mars 2023
« Les services du FMI et les autorités camerounaises sont parvenus à un accord au niveau des services sur les politiques économiques pour conclure la troisième revue du Programme appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) et le Mécanisme élargi de crédit (MEDC). Le Cameroun aura accès à un financement de 55,2 millions de DTS (environ 74,6 millions de dollars des EU) une fois que la revue sera formellement achevée par le Conseil d’administration du FMI en début mars 2023 », souligne le document parcouru par Ecofinances.net.
D’après Cemile Sancak, le Cameroun a démontré de la résilience face au choc de la pandémie du Covid-19. « Après une augmentation de 3,6 % en 2021, la croissance du PIB réel devrait s’établir à 3,4 % en 2022. L’inflation globale devrait atteindre 6 % à fin 2022, essentiellement tirée par une hausse des prix des produits alimentaires consécutive à l’accroissement des coûts d’importation et des pressions sur l’offre intérieure », explique-t-elle.
Défis importants dans un environnement mondial marqué par l’incertitude
Cependant, le Cameroun continue, apprend-on, de faire face à des défis importants dans un environnement mondial marqué par l’incertitude. « La reprise est exposée à certains risques majeurs avec les effets néfastes du conflit entre la Russie et l’Ukraine, y compris les pressions inflationnistes, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, et un resserrement des conditions financières mondiales. Les pénuries prolongées et les prix élevés des engrais ont entrainé des difficultés en matière de sécurité alimentaire. La mission s’est félicitée des efforts déployés par les autorités en vue d’assurer un approvisionnement suffisant en engrais pour la campagne agricole avec l’appui de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement », ajoute-t-elle.

A l’en croire, le déficit budgétaire global devrait diminuer à 1,7 % du PIB en 2022, soutenu par la poursuite de la reprise, la hausse des cours du pétrole et des recettes fiscales non pétrolières. La bonne tenue des recettes fiscales non pétrolières devrait compenser l’augmentation des dépenses courantes provenant principalement de l’augmentation de la subvention aux produits pétroliers, qui devrait atteindre 800 milliards de FCFA (2,9 % du PIB) en 2022. Le ratio de la dette publique sur le PIB est estimé à 46,3 % à fin 2022.
Perspectives économiques favorables en 2023 et sur le moyen terme
Mais pour 2023, Cemile Sancak demeure convaincu que les perspectives économiques du pays sont plutôt favorables, « bien que soumises à des risques et vulnérabilités considérables, en particulier du fait de l’environnement économique externe ». La croissance économique devrait, apprend-on, s’accélérer à 4,3 % en 2023, tandis que l’inflation devrait rester autour de à 6 % à fin 2023. A moyen terme, le FMI pense que les perspectives restent positives à condition que les réformes se poursuivent. « La réforme de la politique fiscale, visant à améliorer la mobilisation des recettes intérieures non pétrolières et à élargir l’assiette fiscale, demeure une priorité absolue. La mission a noté les progrès, quoique lents, réalisés dans le renforcement de la gestion des finances publiques, et des efforts supplémentaires sont nécessaires pour assurer une exécution budgétaire disciplinée et achever les grands projets d’infrastructure, en particulier dans les secteurs des transports et de l’énergie », relève le Fonds, précisant qu’il est urgent de poursuivre les progrès réalisés dans la gestion financière des entreprises publiques et la réhabilitation de la Sonara.
Engagement constant des autorités
Selon Cemile Sancak, les autorités ont exprimé leur engagement constant à maintenir la stabilité macroéconomique et à réduire davantage le déficit budgétaire primaire hors pétrole à 2,2 % du PIB afin de contenir la dette publique à 43 % du PIB en 2023. « Afin de créer de l’espace pour l’investissement productif et pour les dépenses sociales, les autorités ont convenu de la nécessité de mobiliser davantage les recettes intérieures non pétrolières en menant des actions en faveur de l’élargissement de l’assiette fiscale », indique-t-elle, soulignant qu’elles ont reconnu la nécessité de réduire les coûteuses subventions aux produits pétroliers, qui sont insoutenables au regard des prévisions actuelles des cours internationaux du pétrole, sont mal ciblées en ce qui concerne les couches vulnérables, et ont un effet d’éviction sur les dépenses prioritaires.
Pour rappel, c’est le 26 juin 2017 que le conseil d’administration du FMI a approuvé un accord triennal au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) en faveur du Cameroun d’un montant de 483 millions de DTS (environ 666,2 millions de dollars et 175 % de la quote-part du Cameroun) pour accompagner le programme de réformes économiques et financières du pays. Le programme appuyé par la FEC a pour vocation d’aider le Cameroun à rétablir la viabilité extérieure et budgétaire et à jeter les bases d’une croissance durable tirée par le secteur privé.